Le secrétaire général de la Centrale syndicale se déplacera le samedi prochain à Oran pour célébrer le double anniversaire du 24 février qu'il affirme être consacré cette année «exclusivement à la femme syndicaliste et à la femme travailleuse». Abdelmadjid Sidi Saïd sera accompagné durant son déplacement à Oran des responsables de l'OUSA (Organisation de l'unité des syndicats africains) et de représentants du BIT (Bureau international du travail). « C'est une conférence importante parce qu'elle consacre la femme dans tous ses combats et ses engagements contre toutes les formes de spoliation de ses droits, il est important de le rappeler en ce 24 février qui, comme l'histoire l'a retenu, confirme un acte militant de syndicalistes qui ont répondu présents à l'engagement du mouvement national algérien dans le vif de la révolution pour l'indépendance de l'Algérie», nous a déclaré hier le secrétaire général de l'UGTA. «Pour la première fois que je vais parler à la première personne du singulier, je réitère, je confirme que quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, je suis fier d'être un acteur à la profonde conviction que la paix et la stabilité se sont installées dans notre pays», dit-il. Il ne veut pas, précise-t-il, «m'attarder sur ce qui se trame et se fait pour déstabiliser le pays, quitte à me retrouver seul, je tiens à dire aux fossoyeurs de la paix et de la stabilité de l'Algérie, à ceux qui veulent aller sur ce terrain, qu'ils ne savent pas ce qu'ont coûté au pays les larmes et le sang qui ont été versés pendant les sombres années du terrorisme, et les conséquences désastreuses de la détérioration des conditions sécuritaires sur l'économie nationale et la situation sociale des citoyens, ça n'a pas été leur combat, j'en suis sûr !». Sidi Saïd estime « je suis pleinement responsable de ce que je dis et convaincu que cette paix dans laquelle nous vivons quotidiennement sans qu'on se rende compte de son importance, nous la devons humblement à Monsieur Abdelaziz Bouteflika, il a toute ma reconnaissance et j'en suis profondément convaincu, la reconnaissance des travailleuses et des travailleurs, voire celle de tout le peuple algérien». Il prie, dit-il, «pour que nous soyons toujours comptés parmi ceux qui préservent jalousement cette paix et cette stabilité !» «Le sacré trio du PPP» Pour rappel, le secrétaire général de l'UGTA a fait l'objet il y a quelques jours d'une campagne particulièrement féroce par laquelle il a été donné pour mort après avoir, a-t-il été avancé, évacué en urgence à l'étranger. Il ne cache pas son amertume à propos «des campagnes de déstabilisation qui sont menées contre l'organisation, il faut bien que je meurs un jour, mais tout le monde va mourir, pourquoi se réjouir d'un sort commun à tous les humains ?!?», interroge-t-il avec son sourire habituel. Une campagne médiatique contre le SG de l'UGTA a été menée, entre autres, par un membre du Conseil de la Nation qui avait alimenté généreusement «sa page» pour le dénigrer. «Tout le monde sait que Tayeb Hmarnia est sénateur grâce à Sidi Saïd qui l'avait proposé pour le tiers présidentiel pendant qu'il faisait parti de l'Organique de l'UGTA, on a dû lui susurrer que l'ingratitude paie !», disent les collaborateurs du SG de la Centrale syndicale. Ils affirment que «Hmarnia s'était rapproché de Abdelmadjid Tebboune durant le laps de temps où ce dernier a été 1er ministre pour lancer ce qu'ils ont appelé tous les deux un mouvement de redressement de l'UGTA, il y a quelques jours, il est passé devant une commission de discipline et a été radié des rangs de l'organisation». Organisation, où nous est-il dit, «il a placé 120 membres de sa famille et de ses amis, rien que ça !» A la Centrale syndicale, tout le monde s'accorde que «l'année 2018 est une année charnière pour avril 2019, les troupes vont se composer, se décomposer et se recomposer jusqu'à ce que les choses se décomptent», soutiennent nos sources. Aux échos donnés à un faux décès de Sidi Saïd, il y a eu la résonance du nom de Amar Saïdani pour lui succéder immédiatement à la tête de l'organisation syndicale. «Saïdani a appelé Sidi Saïd pour lui dire qu'il n'a rien à voir avec ce qui se dit», affirment des syndicalistes. Mais, ajoutent-ils, «on sait pertinemment que ce qui vient de Saïdani est aussi venu de Tliba, de Hmarnia et de biens d'autres détracteurs du patron de la Centrale, ce n'est pas nouveau». Ces jours-ci, il est avancé ici et là que Sidi Saïd pourrait être remplacé par Takjout ou Telli. «C'est une aberration !», pensent ses collaborateurs. Ils tiennent à souligner que depuis son arrivée aux commandes du pays, le président de la République a «toujours dit qu'il a une confiance aveugle en deux organisations, l'ONM et l'UGTA avec à leur tête Abadou et Sidi Saïd, il est normal qu'on fasse tout pour casser l'une ou l'autre et même les deux, mais il semble plus facile de taper sur Sidi Saïd parce qu'il est plus populaire et plus accessible parce que plus visible, il a plus qu'un deal avec le président, c'est un véritable pacte de confiance qui les lie tous les deux». L'UGTA se dit engagée «totalement au côté du chef de l'Etat, c'est une profonde conviction», affirme Sidi Saïd. Rappels à l'ordre et mises au point La tenue lundi d'une rencontre des structures syndicales sous l'égide du responsable de l'Organique en prévision des festivités du 24 Février à travers le pays a laissé penser à une absence du SG de l'UGTA du pays. Il est vrai qu'il devait se déplacer pour des soins mais, nous dit-on, «il les a déprogrammés pour mars parce qu'il tenait à célébrer le 24 Février en bonne forme». Depuis le paraphe de la charte sur le partenariat public-privé, la personne de Sidi Saïd a été pointée du doigt parce qu'elle a été vue comme un trait d'union solide entre Ahmed Ouyahia et Ali Haddad. « Le trio qui a été bien médiatisé a mis la puce à l'oreille à toutes les parties en faction sur la scène nationale», soutiennent de hauts responsables. Issus tous les trois d'une même région, Ouyahia, Sidi Saïd et Haddad constituaient aux yeux de beaucoup d'observateurs « un sacré trio qui pouvait aller très loin, qui pouvait même devenir incontrôlable », ajoute-t-on. Le rendez-vous de 2019 fait ainsi craindre le pire à tout le monde du pouvoir ou en dehors. En plus de la missive de Bouteflika à propos du PPP et de son unique arbitrage sur les entreprises qui doivent ou pas être proposées à cette forme de gestion, il y a eu des sortes de rappels à l'ordre ou de mises au point aux trois signataires «même d'une manière implicite». L'on note au passage que le président de la République avait réagi à ce moment «parce que le ministre du Tourisme avait mis au point une liste d'hôtels importants pour les proposer à des hommes d'affaires», indiquent nos sources qui avancent que «le président a craint la débandade». Premier couac pour le 1er ministre, l'on se rappelle n'a pas été inaugurer la rencontre sur les énergies renouvelables qu'a organisée le FCE à la Safex. «J'avais un rhume», a-t-il plaidé. «Faux !», s'exclament ses détracteurs, « la présidence de la République le lui a refusé ». Selon nos sources, par cette défection, «le message devait aussi atteindre Haddad qui ne devait pas se voir privilégié par cette présence et sur aucun dossier». L'on relève aussi que jusqu'à maintenant, Ouyahia ne s'est pas prononcé en tant que 1er ministre sur les graves conflits sociaux qui minent le pays. Khelil en prévision de 2019 « Il l'a fait récemment en tant que SG du RND, là encore, ce n'est pas évident que ça soit apprécié en haut lieu parce qu'on estime qu'il ne dit rien d'intéressant pour éviter que le pourrissement ne s'éternise», nous indiquent des responsables. Ouyahia ne semble pas avoir le vent en poupe. On dit qu'il a été retenu contre lui, « ce qu'il avait dit lors d'une réunion au lendemain des élections locales ». Des membres de son parti rapportent qu'« il avait ce jour-là jugé le score des élections acceptables pour renforcer le RND et le plus important était à venir en 2019.» L'on avance que «Seddik Chihab lui avait dit qu'il était le seul apte à pouvoir prendre les choses en main en 2019». Les échos de tels propos n'ont pas été sans conséquences. Un gouvernement où la discipline a volé en éclats n'est pas passé inaperçu. «C'est la présidence qui instruit les ministres et non le 1er ministre, c'est le cas du ministre du Travail qui a réuni le Cnapeste récemment( )», indiquent nos sources. Autre épisode qui avait laissé planer de grands doutes sur l'état des relations aux seins des instances politiques du pays et au-delà, avec leurs soutiens ou détracteurs, c'est selon. L'on rappelle les réactions de Chakib Khelil contre Ouyahia qui lui a répondu simplement durant une conférence de presse que «je reprends Hadj Mrizek et je lui dis sir ya naker lahcen», belle qsida chantée par plusieurs grands chanteurs. Khelil ne parle pas pour ne rien dire, selon ceux qui le connaissent. «Ses interpellations à Ouyahia interviennent au lendemain des propos que ce dernier a tenus au sein du RND » La boucle est bouclée ? « Le RND ne peut plus continuer à souffler le chaud et le froid, certains ministres non plus, il faut que tout le monde reprenne la place qui lui sied», disent nos sources. «Le FLN n'est pas non plus vu comme un enfant de chœur, il a bien des ministres et des députés qui font n'importe quoi, les comptes doivent être soldés pour tout le monde, les manipulations des conflits sociaux sont aussi bien connues et repérées », avancent des responsables. «Lundi dernier, ce sont 10.000 travailleurs, tous des syndicalistes, qui ont organisé une marche à Annaba pour dénoncer Hmarnia et soutenir Sidi Saïd», disent des responsables syndicaux. Ils comptent aussi « 30 fédérations et 48 Unions de wilayas qui ont signé une motion de soutien à Sidi Saïd». Le feu vert a dû être donné en haut lieu pour marquer un tel soutien, pour dénigrer des responsables et dénoncer l'incompétence d'autres. «Ça s'est toujours passé comme ça, 2018 sera encore plus mouvementée», affirment nos sources.