Evoquant la question des migrants subsahariens, l'ONG Amnesty International affirme dans son dernier rapport que « l'expulsion de 6500 migrants en décembre dernier par l'Algérie, s'est faite sur la base d'un profilage ethnique ». Cette critique trouve sa source semble-t-il, à partir des observations formulées par le gouvernement nigérien adressées à son homologue algérien, l'accusant d'avoir envoyé au Niger des ressortissants de différentes nationalités africaines, notamment des guinéens et des maliens qui figureraient parmi les personnes rapatriées. A ce propos, est-il besoin de rappeler que les migrants africains restent difficilement identifiables dans la mesure où à l'approche des frontières algériennes, ils se débarrassent de tous les documents susceptibles de les repérer et partant, de permettre leur reconduction dans leurs pays d'origine ? Même le Haut Comité aux réfugiés (HCR) n'est pas parvenu à dénombrer ceux qui, parmi eux, ont fui des conflits locaux, au Sierra Léone, au Libéria, en République démocratique du Congo, au Nigéria, en Côte d'Ivoire et surtout au Mali. Humanité ou fermeté sur les migrants, en l'état le discours officiel est contrasté entre ceux qui redoutent un durcissement à venir concernant le séjour des migrants, ou ceux parmi leurs adversaires qui y voient un risque d' « un appel d'air » si le gouvernement décide de les «régulariser ». Un ancien Premier ministre avait jugé que nous devons continuer d'accueillir les migrants, car c'est notre tradition : ce sont les invités de l'Algérie, a-t-il affirmé. L'actuel locataire du palais du gouvernement Ahmed Ouyahia, est tout contre cette politique parce que : 1. ces gens-là sont rentrés en Algérie de manière illégale 2. la loi algérienne n'autorise pas les recours à la main-d'œuvre étrangère. Nous avons des travailleurs chinois qui exercent dans le cadre des contrats conclus avec des entreprises chinoises. Mails ils ont des contrats renouvelables. 3. on ne dit pas aux autorités de jeter les migrants à la mer ou au-delà des déserts ; le séjour en Algérie doit obéir à des règles. On ne laissera pas le peuple algérien souffrir de l'anarchie. Pour l'heure, deux doctrines s'opposent quant à la politique migratoire à mettre en œuvre : L'une visant à régulariser la situation des migrants au plan séjour et travail, La seconde mettant en garde contre une telle démarche qualifiée de «populiste», d'autant plus que le pays fait face à des difficultés économiques et financières. Dans le même temps, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a été chargé de reprendre les choses en main, en l'occurrence, recenser les migrants clandestins et d'établir un fichier. Les derniers chiffres disponibles faisaient état de quelque 50 000 à 75 000 migrants subsahariens en situation irrégulière ; même si on relève que des migrants de 8 nationalités différentes résident de manière clandestine en Algérie, la migration subsaharienne est essentiellement malienne et nigérienne, car les ressortissants de ces deux pays n'ont aucune peine à circuler, librement, dans le grand Sahara. Il faut dire aussi que 42% de ces migrants clandestins ont décidé de s'installer définitivement en Algérie, preuve s'il en est que le pays est non seulement sûr, mais aussi attractif. N'en déplaise à ceux qui ont inspiré les rédacteurs du rapport d'Amnesty International et qui, selon « le droit d'étiquetage » qu'ils se sont arrogés, présentent l'Algérie comme un pays instable ! Ils n'ont rien trouvé à dire concernant, par exemple, les traitements infligés aux migrants en Grèce, en Espagne où un Algérien a succombé aux coups qui lui ont été infligés, ou encore au Maroc où les subsahariens sont confrontés à un racisme intolérable notamment à Casablanca ! Ou en France où les autorités ont utilisé la force pour déloger les migrants installés à Calais. Ceci pour dire le manque d'objectivité qui caractérise leurs rapports « à géométrie variable » ! Les refugiés, se laisse-t-on dire, ne sont pas des migrants économiques mais des femmes et des hommes qui fuient leur pays pour leur liberté ou parce qu'ils sont en guerre. Cela est valable, peut-être, pour les ressortissants maliens dont le pays est secoué par des troubles qui trouvent refuge en Algérie et sont, forcément, bien accueillis, contrairement aux nigériens pour lesquels la précision s'impose d'elle-même : sont-ce des migrants climatiques, économiques ou politiques ? Est-il besoin de rappeler que le gouvernement nigérien, signataire d'un traité de reconduction des migrants avec l'Algérie, a toujours insisté pour récupérer ses ressortissants en errance, allant jusqu'à alerter les autorités algériennes sur la probable présence d'éléments terroristes parmi eux. Le fait avait suffit pour inciter les autorités algériennes à déclencher une vaste opération de rapatriement qui s'est déroulée en trois phases, la dernière ayant eu lieu vers le mois de septembre passé, et forcément, comme nous l'avons dit supra, des Maliens, Guinéens, voire d'autres nationalités, s'étant présentés aux autorités algériennes en tant que nigériens ont été refoulés vers le Niger ! Depuis près de deux semaines maintenant, les rues d'Alger offrent à nouveau le spectacle d'enfants, non accompagnés, s'adonnant à la mendicité ! Condamnés à la clandestinité au plan du séjour, interdits d'emploi du fait de la réglementation algérienne, les migrants vivent d'expédients. En marge de la société allant jusqu'à menacer ses fondements ! Pour Ahmed Ouyahia, ils sont porteurs de fléaux comme les crimes et le trafic de drogue ! Pour les Européens, il pourrait être un partenaire idéal pour « gérer » le dossier des migrants dans la mesure où leurs experts prévoient la poursuite des flux migratoires vers l'Europe en raison des conflits en Afrique et aussi au Moyen-Orient. Selon quelques analyses, certes « hardies » le patron du RND et néanmoins Premier Ministre, un œil sur 2019, se signale aux architectes de la politique internationale en se présentant comme l'« homme d'Etat » incontournable qu'il faut, d'ores et déjà, soutenir. La majorité silencieuse qui ne veut pas vivre dans l'anarchie, comme il l'a lui-même souligné, a parfaitement compris son message. Ses propos ont été, d'ailleurs, confortés par le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel qui estime que l'immigration clandestine africaine constitue une « menace pour la sécurité nationale » ; il a ajouté que « le gouvernement était en phase de prendre des mesures urgentes pour faire face aux flux importants de migrants clandestins, derrière lesquels se cachent des réseaux organisés ». En effet, les services de sécurité, même si cela n'a pas été médiatisé, ont eu à traiter de nombreuses affaires liées à la drogue, la fausse monnaie, la prostitution et même de crimes impliquant les migrants. Des bidonvilles, des « no man's land » ont été érigés dans toutes les villes d'Algérie du Nord et du Sud ; elles abritent ces populations ce qui exacerbe les populations locales qui y voient un danger pour leur sécurité, celle de leur famille et de leurs biens. De nombreux affrontements ont eu lieu ces dernières années dans de nombreux points du territoire. Notre pays est, de plus en plus, assailli par des grappes d'africains, nigériens et maliens majoritairement, qui ont élu domicile dans les rues ; à croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux en 2017 à l'occasion de l'opération de retour enclenchée conjointement par l'Algérie et le Niger, et aussi le Mali avec lesquels nous avons un traité de reconduction des ressortissants, reste malgré tout stable, voire en croissance continue car il s'installe dans la durée. Par la faute de la politique des passeurs et des mafias. Et aussi du fait de la poursuite des troubles en Libye. Le gouvernement continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d'opérations ponctuelles, d'arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu'il n'est pas disposé à la régulariser. Les pouvoirs publics sont pour « un règlement global » de l'émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés. Avec les événements du Sahel, notre pays a renforcé la sécurité à ses frontières, tout en affirmant ne pas vouloir jouer le rôle de « gendarme » de l'Europe, comme l'a fait Kadhafi par le passé. Pourra-t-il, pour autant, juguler les vagues de plus en plus nombreuses des migrants, notamment pendant cette saison estivale propice aux mouvements migratoires, sans compter la ténacité hors du commun de ces personnes qui, autant de fois refoulées, réussissent souvent, avec femmes et enfants, à forcer les points faibles du dispositif censé contrôler leur flux ? Autre question, l'Algérie a-t-elle vocation à accueillir toute la misère de l'Afrique ? Auquel cas, il faudrait interroger les Algériens dont la patience n'a d'égale que la générosité dont ils font montre à l'égard des migrants clandestins livrés, faut-il le dire, à eux-mêmes ! Certes, il y a la nécessité de comprendre ici qu'on a à faire à des êtres qui méritent cet humanisme évident qui fonde l'existence même de notre civilisation ; ces gens-là, pour la plupart, fuient la guerre et l'oppression ; ils recherchent un meilleur avenir économique et tentent simplement d'améliorer leurs conditions, en prenant le risque de laisser leurs vies dans le désert du Sahara. Cela devrait rappeler qu'il est dans la caractéristique même de chacun d'entre nous de toujours chercher à améliorer son sort. Difficile de reprocher à ces individus, à ces familles, à ces groupes, ce que nous serons les premiers à tenter, ce que nos harraga tentent, d'ailleurs, chaque jour, si nous avions à subir la même situation ! Il faut aussi rappeler et avec force que la situation de ces migrants est créée au départ par la déstabilisation et l'effondrement politique et économique de leurs pays aux mains de potentats qui refusent l'alternance et s'accrochent au pouvoir, quitte à tout brûler. Avec la bénédiction des grandes puissances qui profitent de leurs richesses naturelles. Et sous le regard complaisant de pas mal d'ONG y compris Amnesty International. De ce qui précède, il faut dire que les cohortes des migrants iront croissant au regard de la crise économique globale qui n'en finit pas de durer et aussi des énormes disparités entre le Nord et le Sud de la planète, de la xénophobie ambiante, du changement climatique, de l'émergence de nouvelles guerres, et aussi du caractère insoluble des vieux conflits qui menacent d'exacerber ce problème de déplacement déjà massif. A exiger plus de fermeté au niveau des frontières et demander, à minima, l'expulsion de tous ces Africains en situation irrégulière, il va se trouver, bien évidemment, quelques «humanistes», dont Amnesty International et ses consultants locaux, pour dire qu'il ne faut surtout pas le faire, alors que la grande majorité d'entre ces Subsahariens n'a ni diplôme ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays. Le gouvernement pourrait-t-il, toutefois, faire l'effort de «régulariser» tous ceux parmi les migrants qui, qualifiés, expriment le souhait de rester en Algérie pour y travailler, par exemple dans le secteur de l'agriculture et du BTPH qui connaissent d'énormes déficits en matière de main-d'œuvre ? A charge pour lui de réformer notre réglementation au plan du séjour et de l'emploi des étrangers. Quant à ceux qui n'ont pas vocation à rester, ils doivent être reconduits aux frontières, et en cela Ahmed Ouyahia a parfaitement raison, dès lors où ces gens-là constituent une «menace pour la sécurité nationale» ! Pour en finir avec nos amis d'Amnesty International, on est prêt à leur prêter deux neurones d'intelligence pour peu qu'ils consentent à répondre à notre ministre des affaires étrangères Abdelkader Messahel invitant les observateurs « à se poser la question de savoir comment des familles entières parviennent à traverser le désert le plus dangereux du monde, et finir sur les bords de la méditerranée, en parfaite santé » !