Pollution marine, baisse des stocks halieutiques, surpêche, filets de pêche non conformes, utilisation de produits prohibés comme les explosifs, autant de facteurs qui accentuent la pression sur la ressource halieutique et l'environnement marin. C'est en quelque sorte un des soucis des professionnels de la société civile et des responsables au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, a estimé hier dimanche M. Taha Hammouche, directeur général de la Pêche au ministère de l'Agriculture. Il a expliqué dans une intervention à la radio nationale que la journée «ports bleus» organisée samedi à travers tous les ports, plans d'eau et barrages du pays, a été organisée pour que «la société civile, les citoyens puissent connaître les activités liées à la pêche et l'aquaculture, mais pour connaître également la nature de cette activité économique qu'est la pêche et les secteurs liés à cette filière économique». Il s'agissait également, ajoute-t-il, «d'ouvrir les ports en direction des investisseurs intéressés par la pêche et les activités maritimes, dans le cadre d'une économie dite bleue», a-t-il souligné, précisant qu»'il y a aussi les jeunes avec des projets d'investissements dans le secteur, soutenus par l'Ansej et la Cnac dans le cadre de l'emploi des jeunes». M. Hammouche a souligné, par ailleurs, sur les résultats des dernières assises nationales sur l'agriculture et la pêche, que «elles nous ont permis de mettre en oeuvre plusieurs chantiers pour développer la filière de la pêche, l'aquaculture, ainsi que le soutien aux professionnels, notamment dans leurs difficultés financières avec les banques». Il a expliqué que ces assises ont également souligné «le respect de la période de repos biologique pour préserver la ressource, et donc soutenir la production nationale». En outre, «il y a également un soutien aux professionnels en matière de pièces de rechange et d'amélioration de la flottille et la maintenance des embarcations, dans un effort global pour dynamiser le secteur», ajoute M. Hammouche pour qui «ces assises vont renforcer cette dynamique de la filière de la pêche et la relancer». Pour autant, il n'a pas manqué de relever que les stocks ont baissé et que la ressource diminue, de l'avis, a t-il dit, autant des scientifiques que des professionnels, ce qui est à l'origine, selon lui, de la hausse des prix du poisson. «Il a été constaté par les professionnels et les scientifiques qu'il y a une baisse dans la production, ces dernières années», explique M. Hammouche, ajoutant que «c'est ce qui a permis aux professionnels de constater que la ressource est en nette baisse, et donc même le métier est menacé par le recul de la ressource». Le directeur général de la Pêche au ministère pointe du doigt, pour désigner les principaux responsables de la baisse des stocks de poisson dans les zones de pêche traditionnelles, notamment des méthodes de capture prohibées, l'utilisation de produits interdits (explosifs), les filets dérivants, la pollution marine... etc.». «Et donc il y aura une menace sur la filière dans les prochaines années, ce qui a conduit les pêcheurs, explique-t-il encore, à se préoccuper des méthodes de pêche prohibées et les combattre». M. Hammouche a d'autre part annoncé, pour protéger la ressource et permettre aux stocks de se reconstituer, la mise en place de zones d'interdiction de pêche, des zones protégées pour les repeupler en espèces endémiques ou pélagiques. «Il y aura des textes de loi, a-t-il dit, qui vont être promulgués pour protéger ces zones de la pêche illicite et de la pollution». En fait, la production halieutique a terriblement baissé au cours de ces dix dernières années, alors que la flottille de pêche a explosé durant la même période. Si en 2017, la production halieutique nationale avait atteint les 108.000 tonnes, la moyenne annuelle est de 100.000 tonnes, avait indiqué la semaine dernière M. Hammouche à la radio Chaîne Trois. «Nous sommes autour des 100.000 tonnes annuellement, et cette tendance se maintient sur plusieurs années», a t-il expliqué. La pêche en Algérie est à 70% une pêche artisanale. Pourtant, à la fin des années 1990 et début des années 2000, la production halieutique nationale était en moyenne de 145.000 tonnes à 187.000 tonnes, même si cela ne suffisait pas pour atteindre les objectifs tracés par l'Etat, qui veut que l'Algérien consomme en moyenne entre 8 et 10 kilos de poisson par an. On est loin de la production projetée pour 2025, soit 221.000 tonnes, alors que pour la pêche continentale on escompte 53.000 tonnes à travers les différents projets d'aquaculture. Aujourd'hui, ces prévisions ont été nettement revues à la baisse. Par ailleurs, le directeur général de la Pêche au ministère de l'Agriculture et de la Pêche, sur la lutte contre la pollution marine, a évoqué deux méthodes, soit la sanction et les poursuites judiciaires, soit la sensibilisation, et «on a vu que la sanction n'a aucun effet, et donc il vaut mieux organiser la sensibilisation des citoyens à la nécessité de protéger l'environnement marin», estime M. Hammouche. Pour lui, les campagnes de sensibilisation contre la pollution marine, de l'environnement marin, «commencent par l'école, les enfants, puis la société civile». «Aujourd'hui, les professionnels et les pêcheurs ont pris conscience qu'il faut protéger nos côtes et lutter contre la pollution marine, à commencer par des gestes citoyens qui consistent à ne pas jeter partout nos déchets qui, fatalement, finissent leur périple en mer», explique-t-il. Enfin, M. Taha Hammouche a annoncé la tenue ce mardi 8 mai d'une conférence internationale, qui va se dérouler à El Oued sur l'aquaculture en zones sahariennes, avec la participation d'experts arabes, de la Corée, de la FAO, du PNUD, de l'Union européenne. «Cette conférence sera une occasion de présenter les résultats des différentes expériences de production aquacole en zones sahariennes, notamment à Ouargla, Ghardaïa, Adrar, Béchar, Biskra et El Oued», a t-il souligné.