Oran est comme cette femme belle et rebelle que les hommes courtisent mais aucun n'arrive à la séduire et encore moins à l'impressionner. Certes elle sourit et rit à propos, elle donne au visiteur l'impression qu'il suffit de tendre la main pour la conquérir, mais hélas, elle est comme cette rose, pour la cueillir on s'accroche, s'écorche et on revient bredouille si l'on n'est pas à la hauteur de la branche qui la porte. Oran, capitale de l'Ouest, capitale économique, ville cosmopolite comme toutes les métropoles avec une population de plus d'un million cinq cent mille habitants issus des 48 wilayas du pays est ouverte sur le Maghreb et la Méditerranée. Dotée d'un aéroport international, d'un port maritime de transport de voyageurs, de marchandises et de pêche, elle est devenue un passage obligé des opérateurs économiques. Très sollicitée par ces derniers, elle a su se positionner comme une pièce maitresse et une locomotive dans la vie socio-économique nationale, régionale et méditerranéenne. Ses deux universités totalisant plus de trente instituts, ses deux grandes écoles polytechnique et d'architecture ainsi que ses deux centres hospitaliers universitaires font d'Oran une ville ouverte sur la science et la technologie. Quant au domaine culturel, sportif et son hospitalité légendaire, sa renommée a dépassé les frontières. Depuis une décennie, jamais Oran n'a bénéficié autant de crédits et de projets, non pas de projets décentralisés mais des mégaprojets de sorte qu'elle est devenue un chantier à ciel ouvert. On peut dire sans exagérer qu'Oran n'est pas seulement une métropole avec toute son agglomération mais une mégapole en gestation dont l'autorité centrale devrait dores et déjà s'intéresser à son futur statut. Quant à sa gouvernance, elle sera à l'image de ses représentants. Aussi ses gestionnaires doivent prendre conscience que les grands enjeux de l'environnement, économiques sociaux et culturels se trouvent dans les grandes villes qui jouent un rôle prééminent dans la réalisation de modèle de vie en commun et de relations de bon voisinage en tant que vecteur de culture, de dynamisme économique et de changements sociaux. D'ailleurs c'est là où se forgent les états d'opinion et les attentes des gens qui n'aspirent qu'à un meilleur cadre de vie pour eux et leurs enfants. Cependant l'amélioration des conditions de vie dans une ville exige une collaboration étroite avec les forces qui représentent la société civile. Cette amélioration crée un cadre de rapprochement et de compréhension entre le citoyen et l'élu. Elle augmente d'avantage la confiance dans l'administration locale. Pour ce faire, il ne faut plus considérer le résidant seulement comme un simple usager mais comme un acteur citoyen en mesure de participer à la gestion de la ville comme force de concertation et de propositions. Telle sera la gouvernance citoyenne qu'on appelle aujourd'hui «Gouvernance participative». Aussi, ils ne doivent pas se contenter seulement d'accroitre les recettes qui sont d'ailleurs indispensables, mais prendre des initiatives dans le cadre de leurs prérogatives sans attendre des directives ou injonctions de leur autorité de tutelle. En plus de leurs tâches quotidiennes telles que l'hygiène, l'éclairage public, la sécurité, ils doivent au niveau de chaque secteur urbain prévoir des espaces verts, des aires de jeux pour enfants et de stationnement de véhicules, surtout créer des garderies d'enfants, des bibliothèques de proximité destinées aux enfants défavorisés afin qu'ils puissent s'épanouir, sans oublier l'animation culturelle, artistique et sportive pour permettre à cette jeunesse désœuvrée de retrouver cette joie et bonheur de vivre ensemble, disparus lors de cette décennie noire qui a provoqué une exode rurale désorganisée et incontrôlée, ceinturant la ville par des constructions illicites pour ne pas dire des bidonvilles, source de désordre et de criminalité. Heureusement que les mesures d'assainissement ont commencé à produire leurs effets. Messieurs les élus, Le devenir d'El Bahia est entre vos mains, vous avez l'obligation morale de marquer votre passage si bref soit-il dans le sens le plus positif possible. Vos ainés qui ont géré cette ville bien aimée avec amour en faisant preuve de réelles qualités humaines : fraternité, solidarité, hospitalité et bravoure ou les mots sectarisme et régionalisme n'existent pas dans leur langage, vous observent. Quant à El Bahia, elle continue à sourire à ces ombres qui s'agitent autour d'elle. * Ancien D E C et Elu. - Ancien membre du conseil National Economique et Social de 1994 à 2005.