Guérir le mal par un autre mal de moindre gravité, c'est toujours intéressant pour celui qui souffre sur le plan physique, moral, ou sur celui des convenances. Mais ce n'est pas le remède que chercherait tout malade, sauf bien sûr celui qui se trouverait dans un état désespéré. Ainsi, pour traiter le cauchemar de la triche à l'examen du baccalauréat, les autorités n'ont pas évolué dans leur stratégie durant trois ans au moins, gardant le même principe thérapeutique du «bouton Internet» pour se soulager de ce casse-tête, quitte à rendre malades d'autres personnes qui n'ont rien à voir ni de près ni de loin avec cette histoire de fraude au bac. Les mesures prises, donc, cette année, pour sécuriser le baccalauréat, prévu du 20 au 25 juin, ne diffèrent pas de celles mises en place lors des deux dernières éditions, à la coupure de l'internet et l'interdiction au niveau des centres d'examen des téléphones portables et autres tablettes, des outils numériques et objets connectés, afin d'éviter les tentatives de fraude. On parle d'une coupure de l'Internet pendant une heure au début de chaque épreuve du baccalauréat, mais il faut imaginer la profonde perturbation que cela entraînerait pour les utilisateurs, les professionnels notamment. Une heure avant chaque épreuve, c'est déjà trois à quatre heures de coupure si l'on parle de trois ou quatre épreuves par jour, et durant les moments les plus forts de l'activité professionnelle. Pis encore, on doit s'attendre, par expérience, que cet outil technologique indispensable dans de nombreux secteur, soit mis à l'arrêt durant toute la période de l'examen du bac. Le rétablissement de l'Internet est généralement opéré quelques petits moments dans la journée, juste pour éviter qu'on parle de black-out total'. Parfois, la coupure intervient hors des horaires des épreuves du bac, en pleine nuit, pour empêcher la diffusion sur les réseaux les sujets des épreuves programmées le lendemain. Et, comme il n'y a pas de fuite avant l'heure des sujets du bac, des faux sujets sont postés sur les réseaux sociaux, parfois à des heures tardives de la nuit, laissant veiller tout bêtement les candidats devant leurs ordinateurs, au lieu d'aller se reposer pour être frais le matin, à l'examen. Il faut en conséquence se préparer à vivre l'enfer cinq jours durant de censure Internet. Facile à dire, à faire, quand on est aux commandes pour appuyer sur des boutons qui plongent la toile dans un sale état, soit dit «pour instaurer un climat favorable aux candidats au baccalauréat». C'est que le blocage, aussi temporaire soit-il, des réseaux sociaux les plus fréquentés en Algérie n'est pas sans répercussions néfastes sur la vie professionnelle. La censure Internet, qui réduit grandement la fraude, certes, sans l'éviter totalement puisque des substituts'' d'accès aux réseaux sociaux existent, pénalise les internautes accrocs à la communication sur la toile d'une part, et d'autre part porte un grave préjudice, morale et financier, aux opérateurs économiques dont les activités sont intimement liées aux prestations du service Internet. D'autres solutions existent, pourquoi n'y a-t-on pas eu recours ? Dans des pays en Scandinavie, non seulement Internet garde son très haut débit durant les examens du bac, mais les candidats ont tout loisir d'introduire avec eux leurs micros portables, dans les salles d'examen même. Tout repose sur le genre de questions données aux candidats. C'est l'examen du bac qu'on devrait songer à remodeler de fond en comble si on veut sortir de cette hantise de la triche au bac. Une triche usant de l'outil Internet qui s'est généralisée dans tous les examens, y compris les concours de recrutement des enseignants et ceux organisés par l'enseignement supérieur. Pourtant, Internet n'est coupé que durant l'examen du bac. Est-ce à dire que la fraude est tolérée ailleurs ?