La reprise des médecins résidents était suspendue à la réunion tenue hier à Alger par le bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). C'est en effet à l'issue de cette réunion de son bureau national que le Collectif devait annoncer s'il décide de reprendre le travail ou maintenir la grève, même si tous les facteurs militent pour un 'geste de bonne volonté'' des résidents, selon des membres du bureau national. En tout cas, toute décision 'qui sera prise au cours de cette réunion, ne sera effective qu'à partir de dimanche'', a-t-on appris hier vendredi auprès d'un membre du bureau national du Camra. 'La réunion de ce vendredi doit globalement décider de la stratégie à suivre, et notamment s'il faut reprendre le travail, un geste de bonne volonté des résidents'', a expliqué au Le Quotidien d'Oran le Dr Hamlaoui. 'En effet, le bureau national va se réunir cet après-midi, et il y aura des discussions sur la reprise ou pas du travail. S'il y aura une décision pour la reprise du travail dans les CHU par les résidents, ce sera un geste de bonne volonté du Collectif'', a-t-il souligné, avant de préciser : 'ensuite, on attendra la réaction du ministre''. A la veille de cette réunion du bureau national du Camra, qui poursuit une grève dure depuis maintenant un peu plus de sept mois à l'appui de revendications socioprofessionnelles, des fuites ont circulé sur une possible reprise du travail dès dimanche prochain, mais sans qu'il y ait un consensus de toutes les représentations régionales. Les assemblées générales régionales organisées au cours de ces trois derniers jours, en prélude à la réunion d'hier vendredi du bureau national, se sont terminées par une totale indécision sur le gel ou pas de la grève. Les délégués du Camra d'Alger et d'Oran, selon des sources internes, ont penché pour 'un geste de bonne volonté'' à adresser au ministre, en décidant de geler le mouvement de grève. Par contre à Tizi Ouzou et Constantine, il semblerait que l'option du maintien de la grève ait prévalu, les résidents de ces deux villes hospitalo-universitaires ayant voté à l'issue de leurs assemblées générales pour le maintien de la grève étant majoritaires. Pour autant, les résidents des CHU de Tizi Ouzou et Constantine se sont dits disposés à respecter la décision que prendra le bureau national du Camra. 'S'il y a reprise du travail, on attendra ensuite la réaction du ministre, qui doit proposer quelque chose, comme il l'a promis'', a indiqué par ailleurs le Dr Hamlaoui. 'En tout cas, on va voir s'il tient ses promesses'', a-t-il précisé. En effet, le ministre de la Santé Mokhtar Hesbellaoui avait conditionné la reprise des discussions avec le Collectif au retour à leur poste de travail des résidents. Lundi dernier, il avait affirmé dans des déclarations à la presse que 'les médecins grévistes doivent d'abord arrêter la grève. Je précise qu'il ne s'agit pas de reprendre uniquement les gardes de nuit et durant les week-ends, mais de renouer avec l'activité hospitalière habituelle. Autrement dit, je ne les recevrai pas tant qu'ils seront en grève.'' Selon lui, 'le ministère n'a jamais tourné le dos aux doléances des résidents. Nous avons toujours répondu favorablement aux appels de dialogue de l'ensemble des professionnels de la santé, pas uniquement des résidents en sciences médicales. Depuis mon arrivée au département de la santé, j'ai toujours privilégié la voie du dialogue, et rien d'autre.'' Dés lors, 'la balle est dans le camp des résidents. Ils reprennent juste l'activité hospitalière et sont les bienvenus pour formaliser l'ensemble des solutions proposées'', a-t-il ajouté. Les délégués du Camra d'Alger et d'Oran, qui ont voté lors des assemblées générales de ces derniers jours pour le gel de la grève, 'attendent un geste de bonne volonté du ministre'', a indiqué d'autre part le Dr Hamlaoui, qui a souligné que 'les discussions du bureau national de tout à l'heure vont porter notamment sur la décision de reprendre ou pas le travail, et également des modalités de la grève, si elle est maintenue». 'De toute manière, dans les deux cas, la décision qui sera prise par le bureau national ne sera effective qu'à partir de dimanche'', a-t-il ajouté, laissant ainsi entrevoir une porte de sortie, même en cas de maintien de la grève. Le Camra, devant le mutisme du ministère, avait organisé début juin plusieurs marches de protestation à travers plusieurs villes hospitalo-universitaires, dont Sidi Bel Abbès, Oran, Constantine, Blida, Annaba ou Tizi Ouzou. Pourtant, au lendemain du 26 mai dernier, beaucoup avaient escompté un début de règlement du conflit qui oppose les résidents et le ministère de la Santé, lorsque le Camra avait proposé la reprise des gardes contre la reprise des discussions avec le ministère. Le Camra avait, dans un communiqué daté de Constantine, fait une proposition au ministère, qui consiste dans la reprise des gardes à partir du 3 juin contre la reprise de 'négociations fructueuses avant cette date''. Mais, le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, a répondu d'une étrange manière, affirmant à la sortie d'une séance plénière consacrée à la présentation du projet de loi sur la santé devant le Conseil de la Nation que 'je ne suis au courant de rien. Je suis coupé du monde.'' Hélas, il n'y a rien eu, et le Collectif s'est retrouvé à la case de départ. Entre temps, le Premier ministre a tenu le 30 mai dernier une réunion interministérielle avec ses ministres de la Santé, de l'Enseignement supérieur et celui du Travail, centrée sur le dossier des médecins résidents. Là encore, aucune décision n'a été annoncée, encore moins si le gouvernement compte résoudre la crise, qui perdure. Même l'appel du Camra à une 'médiation» du président de la République est resté sans suite. Les revendications du collectif portent notamment sur un réaménagement du service civil, un statut pour les résidents, le logement pour les résidents affectés dans le Sud et les Hauts plateaux, l'amélioration du plateau technique dans le sud du pays et les mêmes droits que le reste des citoyens pour le Service national.