Le chef de la diplomatie algérienne Abdelkader Messahel a réaffirmé, jeudi, que l'Algérie reste attachée au principe de non ingérence, dans les affaires des autres Etats. Il a expliqué à la Radio nationale, le jour anniversaire de la Fête de l'Indépendance nationale que la non ingérence de l'Algérie dans les dossiers chauds de certains conflits internationaux ou régionaux « est une constante, depuis l'indépendance. » « C'est un principe cardinal et fondamental, et si on a refusé que l'on s'ingère dans nos affaires, on refuse qu'on s'ingère dans les affaires des autres », a-t-il insisté. « Nous restons à équidistance, par rapport à certains événements, à certains antagonismes, et cela nous a permis d'être indépendants dans « notre décision », a-t-il dit. Il a ajouté que « l'Algérie est écoutée et souvent sollicitée, dans certains conflits », citant son soutien à la résolution de la crise malienne, et en Libye. Et même depuis les années 1970, avec la guerre irano-irakienne, ou le conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée, plus récemment. Quant au pressions internationales, notamment celle de la France, sur le dossier malien, pour que l'Algérie fasse partie d'une force multinationale, M. Messahel a souligné que l'ANP protège nos frontières, s'implique dans la lutte antiterroriste. Les gens nous demandent d'intervenir, mais tout le monde sait que l'Algérie n'intervient pas, hors de ses frontières », a-t-il dit, rappelant que « l'Algérie apporte une contribution inestimable, dans les conflits, au Sahel, pour l'appropriation par les Libyens d'une solution de sortie de crise inter-libyenne. Il y a mille et une manières d'apporter sa participation à la stabilisation des pays (en conflit). » M. Messahel a ajouté que pour la Libye « on a prôné des solutions politiques, à travers le dialogue et la stabilisation de la Libye est très importante, pour les pays frontaliers. Il y a une coordination entre nous, il y a urgence pour que la stabilité et la paix reviennent », en Libye. Pour Messahel, les conflits ne peuvent être réglés de l'extérieur, mais par l'implication des acteurs internes, en rappelant que l'Algérie a toujours mis en garde, contre le chaos qu'apportent les interventions étrangères. « Nous savons, a-t-il rappelé, que l'intervention étrangère a eu pour conséquence le chaos qu'a connu la Libye, elle a eu pour conséquence la fragilisation de la situation au Mali. Donc, nous avons toujours prôné des solutions politiques, à travers le dialogue », affirme-t-il, avant de préciser que « nous ne sommes pas preneurs » de solutions venues de l'extérieur. Visas, migration, crime organisé, marchandises Sur le crime organisé, M. Messahel a indiqué que « nous avons attiré l'attention sur la relation entre terrorisme et crime organisé ». « Il y a, a-t-il dit, une relation qui s'est établie définitivement, au Sahel, entre terrorisme et crime organisé. Et donc, il faut tarir les sources de financement du terrorisme et lutter contre le financement du terrorisme. » D'autre part, il a réaffirmé que la migration clandestine « est condamnable. On essaie de la gérer, à travers nos lois et dans le cadre d'accords que nous avons avec plusieurs pays. Et là, il y a des connexions avec les réseaux de passeurs, et des connexions avec le terrorisme, et donc, il y a urgence pour lutter contre la migration clandestine et lutter contre ses causes, comme les conflits ». Selon le ministre algérien, « il faut s'investir dans le développement du continent africain et régler les causes de ce phénomène », la migration clandestine. Pour autant, et sur le dossier des maltraitances contre les immigrants clandestins, M. Messahel a réfuté certaines accusations d'ONG, estimant qu'il y a « des manipulations, et nous avons communiqué sur cela. Les reconductions (aux frontières) se font dans le cadre de la dignité humaine et des accords pris avec nos voisins », a-t-il précisé, relevant que « nous sommes assez sereins. Nous menons les actions, conformément, à la loi algérienne et nos engagements internationaux, et avec les pays de transit et émetteurs. » Par ailleurs, et sur le durcissement de l'octroi de visas aux Algériens, par les pays de l'Union européenne, le ministre algérien a indiqué que « si vous parlez de visas ou pas visas, nous avons des accords avec des pays européens. Les choses se passent normalement, les demandes se font, les visas sont accordés. » « Maintenant, il y a parfois des dépassements où, là aussi, nous sommes en train de les gérer de manière qui prenne en charge la dignité humaine et la dignité des Algériens, que ce soit avec les pays européens ou avec d'autres ». « Concernant le problème du durcissement, ce sont les politiques protectionnistes menées, par certains pays », explique encore M. Messahel. « Quand vous avez le phénomène de la migration clandestine en direction de l'Europe, il faut s'arrêter et réfléchir sur toutes les mesures, qui ont été prises pour faire en sorte que l'Europe se referme, vous avez Schengen, Frontex, et pas mal de dispositifs mis en place pour décourager, au maximum, le phénomène de la migration clandestine, et là aussi il faut s'arrêter aux causes. » Pour M. Messahel, « s'il y avait le minimum pour que la jeunesse syrienne ou africaine reste chez elle, elle restera chez elle », et si, « des mesures ont été prises pour décourager le phénomène de la migration clandestine », il faut surtout, suggère-t-il, « s'attaquer aux causes. S'il y a un minimum pour que la jeunesse en Afrique reste chez elle, elle le fera », a répondu Messahel. Quant aux « rumeurs »' sur des mesures de représailles de l'Europe, conséquemment, au durcissement des importations algériennes avec ses partenaires européens, le ministre algérien, a rappelé que « nous avons des accords pour la libre circulation des personnes et des marchandises », avant d'affirmer qu' « il n'y a pas de représailles. Nous sommes un partenaire important de l'Europe. (Et) nos relations sont bonnes sur un plan bilatéral, avec l'UE ». « Globalement, nous n'avons pas de problèmes particuliers » avec l'Europe, a t-il insisté. Par ailleurs, les relations algéro-américaines « sont bonnes », a estimé M. Messahel, qui a ajouté, après l'arrivée à Alger, cette semaine, du secrétaire d'Etat adjoint, que « sur le plan de la concertation, cette relation est continue, notamment pour la lutte antiterroriste, mais avec la Russie et la France également. » Et, sur le plan économique, « l'Algérie est attractive. Il y a une volonté de sortir du cadre de l'Industrie pharmaceutique et de l'industrie du pétrole, pour aller vers d'autres secteurs ». « La relation est bonne, et le secrétaire d'état adjoint l'a constatée », a ajouté le ministre algérien des Affaires étrangères. Sur le dossier du Sahara Occidental, enfin, M. Abdelkder Messahel a relevé que l'Union africaine a, encore une fois, demandé, lors du dernier sommet de Nouakchott, « à ce qu'il y ait une reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, dans le cadre de la résolution 2.414, du Conseil de sécurité de l'ONU, pour la reprise des discussions sans conditions ». « Ce qui s'est passé à l'UA est une percée importante, ce sont les chefs d'Etat qui l'ont demandé », a-t-il dit, expliquant que « l'Afrique a réaffirmé son soutien à la démarche pour faire aboutir le processus de négociations pour l'exercice du peuple du Sahara Occidental de son droit à l'autodétermination ». Pour M. Messahel, « l'Algérie est un Etat de droit, et la démocratie est un choix stratégique, car on a vécu une tentative de faire de l'Algérie un choix de société de l'exclusif et de l'exclusion. C'est la démocratie qui est venue pour garantir les libertés, des uns et des autres. L'Algérie est un pays démocrate. La démocratie doit s'élargir et être confortée ». Il a, également, souligné que « la situation de notre jeunesse, si on la compare à d'autres, est moins dramatique, il y a un potentiel extraordinaire, il y a de l'intelligence, de la compétence. » Quant à la lutte antiterroriste, il a simplement rappelé que l'Algérie est à « l'avant-garde de la lutte antiterroriste dans le monde ».