L'Algérie abritera, du 3 au 5 avril prochain, une réunion d'experts africains sous le thème “Migration-Développement”, pour débattre du phénomène de migration à l'intérieur du continent et vers l'Europe. La tenue de cette rencontre, la première du genre, a été confirmée, hier, par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, sur les ondes de la radio Chaîne III. L'objectif assigné à la réunion est double, selon lui, puisqu'il s'agira de dégager “une stratégie commune africaine” et mettre au point “une feuille de route” avec l'UE, en prévision de la session ministérielle Afrique-Europe sur la migration du mois de septembre. L'invité de la Chaîne III a tenu à expliciter la vision de l'Union africaine sur ce thème “extrêmement sérieux”, qui touche 16 à 17 millions d'émigrés africains. Lors du débat avec les experts européens, “le problème sera posé autrement, pas seulement en termes sécuritaires, mais surtout en termes de développement”, a soutenu le diplomate, assurant que le développement est “la matrice de toute réflexion” sur un fléau qui interpelle et l'Afrique et l'Europe. La réunion d'Alger a été décidée en janvier dernier, au cours du sommet de l'UA de Khartoum, qui a mis en avant l'attention sur le respect de la dignité humaine. L'Algérie, dira le ministre, accorde une grande importance à ce sujet ; elle est à la fois pays de transit et pays de destination. Elle a pris le taureau par les cornes, en signant des accords avec des Etats africains (Nigeria, Mali et Niger) et en travaillant en étroite collaboration avec les autres pays africains, aux fins de mettre en place des “mécanismes” de lutte contre l'immigration clandestine à moyen et long terme. Pour le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, la libre circulation des personnes et la facilité de délivrance des visas sont “un moyen de juguler le phénomène d'immigration clandestine”. Il a, en outre, confirmé que l'Afrique n'est point épargnée par le phénomène terroriste en remarquant que, maintenant, cette même Afrique “s'organise dans la lutte antiterroriste”. Au-delà de la prise en charge d'un tel fléau, qui est présent et actif dans la région saharienne, de la Mauritanie jusqu'à la Somalie, l'Afrique doit “réfléchir au comment organiser sa riposte dans le cadre de la stratégie mondiale”, a souligné l'invité de la Chaîne III. Ce dernier a également admis l'existence de “passerelles” entre le phénomène de la migration, les groupes terroristes, le cheminement de la drogue et des armes. Cette question sera examinée en avril par les experts africains qui s'attelleront aussi à mettre en place une législation commune quant à la prévention contre le terrorisme. Abdelkader Messahel a abordé, hier, d'autres sujets d'actualité, notamment la situation au Soudan et celle au Sahara Occidental. Il a ainsi déclaré que l'implication des Nations unies au Darfour, à travers ses Casques bleus, devrait se faire “une fois que les parties auront signé un accord”. “Ce scénario tient la route, car il y a une volonté des parties d'arriver à un accord dans les meilleurs délais”, a-t-il dit, en annonçant la conclusion d'un “accord global” d'ici à la fin avril. Pour ce qui est de la question sahraouie, le ministre a réitéré “la position définitive” de l'Algérie, à savoir que “la solution réside dans l'exercice du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination”. “La première responsabilité incombe aux Nations unies en charge du dossier depuis 1966. Il revient à l'ONU d'appliquer les résolutions qu'elle a adoptées pour permettre au peuple sahraoui de choisir librement son destin”, a-t-il affirmé. Hafida Ameyar