«Ce n'est pas à l'Etat de créer de l'emploi, c'est l'entreprise qui doit le faire, il faut encourager les initiatives locales d'investissement dans tous les domaines et la création de micro-entreprises par les jeunes », a déclaré hier Bedoui. Dès sa première halte, le MICLAT a livré sa première instruction. « Ce n'est pas à l'Etat de créer de l'emploi, lui se charge de la réalisation des infrastructures de base et c'est aux entrepreneurs et les jeunes porteurs de projets de créer de l'emploi et des richesses », a-t-il dit. Il l'a fait en réponse à un jeune qui l'avait abordé à sa sortie du nouvel hôpital de la commune de Youb ou Daoud comme l'appellent ses habitants. Hôpital de 60 lits mais qui manque, selon des citoyens, d'encadrement médical (médecins spécialistes et personnel paramédical). Des cadres du ministère remarqueront, eux, les mauvaises finitions de la construction. «Vous n'avez pas vu les logements AADL », avions-dit à l'un d'entre eux. Bedoui insistera sur le rôle que l'entreprise doit jouer pour juguler le chômage au niveau des collectivités locales. « On a créé 50 zones industrielles destinées aux jeunes à travers le territoire national, elles ont coûté des milliards et des milliards à l'Etat, le gouvernement est décidé à accompagner les jeunes créateurs de richesses, l'Etat se chargera des besoins sociaux des citoyens, de l'éducation, de la santé », a noté le ministre à l'attention des jeunes et des autorités locales. Il rappelle que «les jeunes peuvent créer des micro-entreprises grâce aux nombreux dispositifs de l'Etat». Il estime que « les 11 millions de jeunes Algériens constituent une véritable force pour le pays ». Un garde communal l'intercepte pour réclamer des droits. Bedoui lui fait savoir qu' «en principe, vous avez des délégués communaux et des coordonateurs qui se sont chargés de faire parvenir toutes vos requêtes ». Il l'interroge sur ses conditions de vie et le garde communal lui fait savoir qu'il perçoit une pension de 15.000 DA et a bénéficié d'un logement. « Il fallait commencer par ça », lui dit le ministre. «L'ouverture de postes budgétaires n'est pas une priorité» Lors de sa virée dans la commune de Berbour, le MICLAT inspectera une colonne mobile mixte, de la protection civile et de la direction des forêts. Le responsable des forestiers lui fera savoir qu'un projet de réalisation de pistes à travers les forêts pour les interventions en cas d'incendies est gelé depuis longtemps. « Les projets de réalisation de pistes à travers le territoire national ne sont pas gelés, on leur accorde la priorité pour faciliter les interventions contre les incendies », lui dit le ministre. Il saura aussi que le secteur des forêts de la wilaya de Saïda manque de moyens et réclame l'ouverture de postes budgétaires pour pallier au manque d'effectifs. « L'Etat accorde tous les moyens pour le secteur mais n'ouvrira pas de postes budgétaires, ce n'est pas une priorité à l'heure actuelle », précise Bedoui. Il poursuit sa visite en s'arrêtant dans la commune de Saïda pour s'enquérir de son nouveau plan d'aménagement urbain. Le PAPC le lui présente avec ferveur en lui lançant que «c'est le projet du siècle». Bedoui réagit au quart de tour et précise au PAPC que «l'aménagement urbain n'a jamais été le projet du siècle, notre préoccupation aujourd'hui est que le PAPC s'occupe à comment participer dans le développement économique de sa localité, il faut vous impliquer dans cette nouvelle vision économique en cherchant comment créer des richesses, l'emploi, booster le développement de tous les domaines( ). » Le ministre estime que « personne ne connaît mieux les spécificités et les besoins de la commune que vous, PAPC, pour être à la hauteur, le maire doit savoir aujourd'hui et à l'avenir réfléchir avec le ministre de l'Emploi à comment créer des postes pour les jeunes de sa commune ». Mohamed Ouis, cet ancien enseignant devenu maire, tente encore de convaincre de la « grandeur » du projet d'aménagement urbain de la commune de Saïda. « Je suis venu à Saïda pour connaître vos ambitions, vos initiatives, nous sommes venus sur instruction du président de la République pour vous accompagner, ceux qui vous ont élu comptent sur vous pour leur régler leurs problèmes( ), vous devriez connaître tous leurs besoins, les préoccupations des jeunes, le taux de chômage de votre commune( ), vous êtes tenu de le savoir », lui dit le ministre. Promesse faite par le ministre de confirmer dans leurs postes les jeunes bénéficiaires du pré-emploi. « L'Etat leur accorde la priorité dans l'emploi sur instruction du président de la République », a-t-il noté. Plan d'urgence pour une AEP H24 A la commune de Aïn Hdjel, il sera question d'alimentation en eau potable. Le responsable local des ressources en eau l'informera sur l'existence à cet effet de 5 forages profonds, de la rénovation du réseau AEP, d'un programme d'urgence pour desservir Saïda H24 et de trois autres forages profonds « pour sécuriser l'alimentation jusqu'à l'horizon 2040 ». Le wali précisera que « les eaux du barrage de Aïn Skhouna seront désormais utilisés par l'agriculture ». Sa visite dans une plantation privée de plus de 24 millions de plants (oliviers, cerisiers, amandiers...) lui fera découvrir une immensité de terres agricoles dont une partie dans la wilaya de Saïda (2.200 ha) et l'autre (17.500 ha) dans celle d'El Bayadh. Il s'enquiert des critères d'attribution des concessions auprès du responsable local du secteur. « Sur la base d'un dossier technique qui précise le financement, l'emploi, les objectifs du projet », lui répond-il. Le responsable précise que « l'arboriculture est un choix contre la désertification notamment au niveau des frontières de Saïda avec El Bayadh, ce sont des zones très ventées ». Le ministre interroge pour cette fois « si les plants diffèrent d'une région à une autre, ont leurs spécificités, leur qualité, faut-il produire les plants ici seulement ? » Le responsable lui dit qu'il n'y a pas de différence entre Saïda, Mascara ou Oran. Bedoui reprend ses instructions sur le foncier agricole pour affirmer que « tout mètre carré doit être orienté vers des gens qui ont la volonté, l'ambition et les moyens d'investir ». Il appelle tous ceux qui ont bénéficié de concessions agricoles de les rendre productives. « Au moins commencez par faire une étude préliminaire de faisabilité, il y a en qui en ont bénéficié depuis de longues années mais ils ne l'ont jamais fait », dit-il. Le ministre affirme encore que « ceux qui n'ont rien fait doivent partir, la priorité est donnée aux investissements qui réussissent ». Il souligne en substance «nous allons revoir tous les dossiers, il faut qu'on réagisse pour assainir toutes les situations». Entre autres points, le ministre visitera dans l'après-midi d'hier l'usine de montage Suzuki. Aujourd'hui, deuxième jour de la visite, en plus de l'inspection de plusieurs autres projets et réalisations, le ministre rencontrera dans l'après-midi les représentants de la société civile de la wilaya de Saïda. Il programme par ailleurs de se déplacer jeudi prochain dans la wilaya de Tindouf, précisément au nouveau poste frontalier entre l'Algérie et la Mauritanie.