Une mesure prise dans le cadre de la loi de finances 2018, l'exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur le maïs et le soja, qui n'a pas été appliquée par le gouvernement, a fait flamber les prix du poulet. Erreur ou omission du gouvernement d'exécuter dès le mois de janvier dernier ce qu'il a décidé dans la loi de finances 2018 ? Car, à quelques jours de la célébration de l'Aïd El Adha, les prix du poulet restent encore orientés à la hausse, en moyenne entre 350 et 400 DA le kilogramme. Une situation qui dure en fait depuis le début de cet été, ce qui a plongé experts et consommateurs dans d'interminables conjectures sur les raisons d'une hausse d'un produit très consommé durant la saison estivale, propice cependant à une augmentation des taux de pertes des élevages. Les raisons de cette hausse du prix du poulet sont nombreuses, selon des membres de l'association des éleveurs, qui ont poussé un 'ouf'' de soulagement à la suite de la décision du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de geler l'application de la TVA sur les intrants de la filière avicole, dont le maïs et le soja. Selon le président du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA), Koli Moumen, 'le Premier ministère a donné des instructions au ministère des Finances pour la suppression provisoire de l'application de la TVA sur le maïs et le soja, principales matières premières de la filière, mais sans déterminer la durée de ce gel». Il a expliqué que 'la hausse de ces deux produits sur les marchés mondiaux a impacté les prix du produit final», affirmant que les aviculteurs importent 90% de la matière première, qui rentre dans l'alimentation et la production de la volaille. Koli Moumen a expliqué en outre que les producteurs de la filière ont déjà fait leurs commandes auprès des fournisseurs pour les approvisionner en aliments de volailles, notamment le maïs, qui entre dans 60% des intrants servant à l'engraissement des élevages avicoles. Pour autant, la décision du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de geler l'application de la TVA sur les intrants de la filière avicole, n'est pas encore entrée en vigueur, selon des sources informées, qui ont indiqué que cette décision portant sur le gel de la TVA, n'a pas été transmise à la Direction générale des douanes (DGD) pour application. Les Douanes n'ont rien reçu et continuent d'exiger l'application de la TVA aux importateurs d'aliments de bétail, selon les mêmes sources, qui ajoutent qu'à la date de jeudi dernier, soit le 15 août, le ministère de l'Agriculture n'avait pas encore reçu la notification de cette décision. Avec le gel de la TVA sur le maïs et le soja, les prix des céréales pour la production avicole devraient baisser à 2.600 DA le quintal, contre 3.400 DA auparavant. Pour autant, sur les marchés mondiaux, et contrairement aux affirmations des importateurs d'intrants de fabrication de l'alimentation de la filière avicole et même pour les autres élevages, les prix du soja sont en nette baisse, avec des prévisions de production en hausse autant au Canada, aux Etats-Unis qu'au Brésil. A titre illustratif, en fin juillet 2018, le cours du soja au départ du Brésil s'élevait à 398 dollars la tonne, selon la Commission européenne, contre 339 dollars la tonne au départ des Etats-Unis. Par contre, c'est la production mondiale de maïs qui serait en recul en Ukraine, en Argentine ou aux Etats-Unis, et, couplée à une baisse de la demande chinoise, a impacté les prix, orientés à la hausse. Des experts du marché international des céréales et oléagineux estiment ainsi que le prix du soja sera 'neutre à baissier à court terme, haussier à moyen terme'', alors que le maïs sera 'neutre à haussier''. Selon le président du CNIFA, la filière avicole souffre de plusieurs dysfonctionnements, et 'tente de s'organiser afin d'améliorer la qualité et la quantité de la production nationale en viandes blanches à des prix accessibles''. Quant à la flambée des prix de la volaille de ces dernières semaines, elle est expliquée d'abord par une baisse importante de la production, autant par un taux élevé de mortalité des cheptels du fait de la mauvaise organisation des producteurs et des conditions de production, car 'beaucoup de producteurs ne maîtrisent pas les techniques de l'élevage en période caniculaire'', selon des producteurs. L'autre raison de la hausse des prix du poulet est directement liée à l'augmentation des prix des intrants importés, et donc de la TVA sur le maïs et le soja, qui représentent, selon des producteurs, 70% du coût de revient. Dans son dernier bilan sur l'Indice des prix à la consommation (IPC), l'Office national des statistiques (ONS) avait indiqué que les prix du poulet avaient déjà augmenté de 9,6% au mois de juin contre 6,8% en mai dernier.