« La question sera traitée prochainement au niveau du gouvernement », a indiqué, jeudi, à Alger, le ministre de l'Agriculture et du Développement rurale, Rachid Benaïssa, lors d'une rencontre avec le Comité national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA). Le ministre a rappelé que cette mesure expirera au mois d'août prochain. Il a souligné que lui-même est favorable à la reconduction de cette mesure d'autant qu'il considère que cette dernière a permis la hausse de la production des viandes blanches de plus de 30% et une baisse des prix à la consommation de la volaille. « Je vais défendre la reconduction de l'exonération, mais à condition qu'on mette en place un dispositif pour calculer l'effet de son application et on demandera par la suite des remboursements » à ceux qui n'ont pas répercuté ces baisses sur leurs prix, a souligné le ministre, précisant, toutefois, qu'un dispositif de suivi et de contrôle inopiné sera mis en place. Car selon M. Benaïssa, cette décision a permis aux aviculteurs d'économiser 15 milliards de dinars. « Si pour eux, cette enveloppe constitue un gain, elle est, en revanche, une perte pour le Trésor public », a-t-il observé en souhaitant que « ce profit aille au développement durable de la filière à travers l'accroissement de la production ». Mais paradoxalement, cette largesse de l'Etat n'a pas trouvé que des supporters. Un des producteurs d'aliments de bétail s'est dit contre, considérant que cette mesure encourage l'informel ainsi que le gaspillage. A titre indicatif, il a souligné que pour produire un kilogramme de viande blanche, l'éleveur utilise 2,5 kg d'aliment, alors qu'au niveau des pays de la région, l'indice de consommation ne dépasse pas le 1,7 kg. Un importateur d'intrants atteste le contraire, indiquant que depuis l'application de l'exonération, la production des poussins est passée de 4 à 6 millions. Chose que le président du CNIFA, Mohamed Laïdouni, confirme. Il a fait savoir qu'au cours des trois trimestres de la campagne 2012-2013, la production a atteint 3,2 millions de quintaux pour les viandes blanches, contre 2,62 millions de quintaux réalisés durant la même période de la campagne précédente. Dans la foulée, M. Laïdouni a soulevé les problèmes entravant le développement de cette activité, entre autres le manque d'unités de stockage et de professionnalisme. Il a déploré le fait que sur les 15 abattoirs existants, seulement 2 ont introduit le système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Pour M. Laïdouni, « les abattoirs doivent s'impliquer dans l'opération de stockage afin d'absorber les surplus de production ». Le CNIFA demande la hausse de la prime de stockage Afin de les encourager, le président du CNIFA a proposé au ministre de réviser à la hausse la prime de stockage de 2,92 à 7 DA. Le directeur de l'Office national des aliments du bétail (ONAB), un office chargé de l'importation et de la fabrication des aliments, estime, pour sa part, que l'exonération de la TVA et des droits de douanes a eu « un effet positif sur la filière, engendrant en amont plusieurs investissements ». Ainsi, l'ONAB a enregistré au mois de juin dernier une croissance de 50% des importations de maïs et de 30% de soja. Durant le premier semestre de l'année en cours, l'ONAB a importé pour une valeur globale de 1,4 milliard de dollars, 3 millions de tonnes de maïs, ce qui, précise-t-il, permettra d'avoir un surstockage pendant les deux mois à venir et 900.000 de tonnes de soja.