Durant le long week-end dans le prolongement des deux jours fériés de l'Aïd, et pour ne pas déroger à une habitude qui semble s'inscrire dans une (mauvaise) tradition, la majorité des commerces de la ville de Constantine et de ses faubourgs ont fait le pont en gardant les rideaux baissés. Certains n'ont pas hésité à le reconnaître, soulignant en effet que les deux journées réglementaires des fêtes concernées par la permanence étant passées, ils ne sont nullement tenus d'ouvrir leurs commerces. Aussi, des boulangers, des marchands de fruits et légumes ainsi que plusieurs autres commerces ont privé la population de denrées nécessaires à sa nourriture, l'obligeant à courir d'un point à l'autre de la ville afin de trouver de quoi assaisonner la viande du mouton sacrifié. Lors d'une tournée faite jeudi matin dans les trois grands marchés de la ville, le marché des Frères Bettou, le marché Boumezzou et le marché de Souk-El-Asser, nous avons constaté des étals encore fermés. Les rares marchands qui ont ouvert ont fait augmenter les prix dans des proportions allant jusqu'à 100% pour certains fruits et légumes qui sont très prisés durant cette période. Ainsi, la tomate était proposée à 160 dinars, la courgette à 180 dinars, l'oignon à 100 dinars, l'haricot vert à 240 dinars. La pomme de terre, quant à elle, était totalement absente des étals au motif qu'elle était indésirable dans ces circonstances. Quant aux fruits, ils étaient inabordables avec la nectarine à 400 dinars le kilo et les poires à 300 dinars, la pomme à 360 dinars. «Regardez, ils continuent encore à nous plumer. Et en toute impunité encore !» nous a confié un client devant l'étal d'un marchand de fruit et légumes dans un des faubourgs de la ville. «Où sont les services de contrôle des prix de la direction du commerce ?» s'est-il demandé avec dépit. La situation était encore plus grave dans le secteur de la boulangerie à cause de la pénurie de pain provoquée par des patrons boulangers qui s'étaient approvisionnés au marché informel en farine de mauvaise qualité et qui furent obligés par la suite à renoncer de faire du pain avec. Jeudi, dans le quartier de Sidi-Mabrouk, une longue chaîne devant une boulangerie ouverte et des consommateurs qui attendaient longtemps avant de repartir avec quelques baguettes de pain sous le bras. Interrogé, le chef du bureau de wilaya de la Fédération des boulangers n'a fait que confirmer cette tension sur le pain pour le motif déjà invoqué. « Si certains boulangers ont préféré fermer boutique avant l'Aïd, d'autres, par contre, ont répondu à notre appel en travaillant d'arrache-pied aujourd'hui jeudi, du matin au soir», nous a déclaré M. Bouguerne, qui tient une boulangerie au quartier de Bekira dans la commune de Hamma-Bouziane. Non sans déplorer cette situation qui avait surpris et désarçonné son syndicat à la veille de l'Aïd. Dans le secteur de la restauration, c'est carrément le néant. Et l'on pense que cette situation va se prolonger durant cette journée du samedi. « Cela résulte de l'insuffisance de cette réglementation sur la permanence durant les journées des fêtes légales qui ne prévoit pas les cas de coïncidence de celles-ci avec les week-ends », ont fait observer des citoyens en pensant que ce secteur du commerce qui travaille en relation étroite avec la population nécessite une refonte totale et une organisation bien réfléchie pour éliminer l'anarchie qui prévaut et les mauvaises habitudes.