Depuis l'apparition du choléra, en Algérie, ces derniers jours, la population a développé une certaine psychose et a adopté certains comportements afin, selon elle, de se prémunir. Suite aux rumeurs colportées, à droite et à gauche, ainsi par une communication hasardeuse relayée par les réseaux sociaux, les ménagères et les pères de famille ont commencé en premier lieu, à boycotter les fruits et légumes frais, en commençant par les pastèques et les melons. Ils ont, aussi, abandonné la tomate, la salade verte, les concombres, courgettes, poivrons verts et rouges au profit des légumes secs ou de pâtes malgré qu'on soit toujours en période de grande chaleur. Pour Amina, femme au foyer: «j'ai entendu dire que ces légumes peuvent pousser alors qu'ils sont irrigués par les eaux usées, du coup je ne les achète plus de peur d'attraper le choléra. Je me rabats sur les haricots et les lentilles en attendant de voir comment la situation va évoluer». Interrogé, un vendeur de fruits, installé au marché populaire d'El Hamri, se plaint de la désinformation qui circule et qui tend à causer de grosses pertes financières aux commerçants. Il dira: «depuis l'apparition du choléra, je ne vends plus de fruits, surtout les pastèques et les melons en passant par le raisin.Tous mes clients n'en veulent plus sous prétexte que ces fruits peuvent contenir le germe du choléra. Je suis au bord de la faillite, je suis à plus de 8 millions de centimes de perte, rien que depuis l'Aid El Adha». Pour un père de famille, Djilali retraité de l'Education nationale : «depuis que cette maladie circule, je n'achète que des figues de barbarie car elles poussent à l'état sauvage, pour moi il n'y a aucun risque». Au marché de gros des fruits et légumes d'El Kerma les mandataires font état d'une mévente, notamment pour les pastèques et les melons et le raisin, malgré la baisse des prix , à moins de 20 DA le kilo pour la pastèque, 40 DA pour le melon et 100 DA pour les raisins «Près de 4 tonnes de fruits sont jetées, quotidiennement, à cause de la mévente et de la chaleur», dira un mandataire. «La mévente se généralise pour tous les produits de terre», ajoute-t-il. Lors d'une tournée, hier, dans des marchés populaires, on a constaté que les étals des marchands garnis de quelques dizaines de kilos de légumes de mauvaise qualité n'attiraient pas la foule. «Je n'ai pas renouvelé mon stock depuis cinq jours. Le consommateur se détourne des fruits ainsi que tout autre produit qu'on pourrait suspecter de faire partie des zones irriguées aux eaux usées», dira un vendeur de fruits et légumes installé à Maraval. Pour faire face à cette situation le ministère de l'Agriculture a tenu à rassurer les citoyens sur « la qualité des fruits et légumes, produits en Algérie, qui sont indemnes et invite les consommateurs à observer les conditions d'hygiène requises, à savoir: le lavage des fruits et légumes avant leur consommation et que l'eau d'irrigation absorbée par les plantes ne représente pas de danger pour les productions agricoles et que les fruits et les légumes ne constituent pas un milieu ambiant d'évolution du vibrion cholérique». Autre attitude prise par les citoyens est le boycott de l'eau des robinets et l'eau vendue par les différents colporteurs qui sillonnent la ville et ses environs. Les gens se dirigent, de plus en plus, vers les eaux minérales, malgré leurs prix qui ne sont pas à la portée de tous. D'ailleurs, nous avons remarqué un engouement, sans précédent, chez le citoyen lambda pour l'eau en bouteilles et bidon par des files aux superettes' et surtout chez les grossistes qui jouent le jeu en vendant aussi au demi-gros. Mais reste tout de même une partie de la population qui achète l'eau colportée mais en insistant sur le rajout d'eau de javel et de suivre les conseils de prévention. De son côté la SEOR rassure que l'eau du robinet et saine et de bonne qualité et que des analyses biologique sont, régulièrement, effectuées.