Fin de semaine difficile, début de semaine pénible, juste la force de gratter Mustapha de deux clopes et d'ouvrir un journal. Rien n'a évolué et les choses algériennes ont plus tendance à régresser. Oran fait l'actu avec la disparition énigmatique d'une collégienne et la plus que probable confirmation d'un cas de choléra. Constantine devait être à la Une, hier, avec Mouwatana et sa tentative de tenir une marche. A défaut de la place Tian'anmen, les militants du mouvement ont fait connaissance avec le parc roulant du service d'hygiène de la commune de Constantine. Dans un pays qui refuse qu'on reste debout pour un sit-in, par définition, assis, il est difficile d'exporter sa contestation hors des murs d'Alger. Encore plus de marcher pour ses idées quand elles ne sont pas bénies par le cinquième mandat. Quoi d'autre ! Ah, oui, le ciseau est de retour en Algérie et après le long métrage sur Ben M'hidi, c'est au tour du film documentaire de Bahia Bencheikh El-Fegoun de passer à la trappe du ministère de la Culture à cause d'un visa culturel refusé par les services de Mihoubi. Et qui dit visa, dit forcément logique de souveraineté, de territoire et de droit de la force. A ce rythme pour les producteurs nationaux, il serait plus aisé de décrocher un visa d'entrée aux Etats-Unis de Trump avec «repenti» comme fonction qu'un droit de projection en Algérie. Si avant Mihoubi, le ciseau était actionné pour ne pas heurter notre sensibilité bigote par certaines scènes, aujourd'hui, la raison reste obscure. On censure sans donner d'explications et celui qui n'est pas content n'a qu'à tourner avec Depardieu qui, lui, n'a même pas besoin de visa d'entrée pour venir à Médéa. On s'interroge aussi sur cette promptitude d'un ministre, homme de lettres, avant tout, à jouer aux censeurs en chef. On a toujours en mémoire sa réponse à une parlementaire qui l'interpellait sur un éventuel déplacement de la statue de Aïn El-Fouara dans un musée. La réponse de Mihoubi a été inspirée, suggérant plutôt de trouver une place au musée à ceux-là mêmes qui revendiquent ce genre de conneries. Mais le quart d'heure de ce monsieur n'aura duré que quelques minutes puisque sous son ère et celui de ces prédécesseurs, la culture subventionnée est devenue ce canal de propagande où des navets sur la Révolution et certaines figures choisies font office d'œuvres cinématographiques. Quand on proposa à Winston Churchill de couper dans le budget de la culture pour aider l'effort de guerre, il répondit tout simplement : «Mais alors, pourquoi nous battons-nous ?» A méditer ou à censurer, c'est selon.