Le lancement des travaux de l'extension du gazoduc Pedro Duran Farell (GPDF) El Aricha-Beni Saf a été effectué hier par le ministre de l'Energie et le PDG de Sonatrach. D'une longueur de 197 km, l'extension en question se fera entre El Aricha, commune de la wilaya de Tlemcen et Beni Saf, commune de Aïn Témouchent. C'est un nouveau couloir qui sera à cheval, selon une note de Sonatrach, sur quatre wilayas à raison de 116 km situés sur celle de Tlemcen, 39 km à Naama, 4 km à Sidi Bel Abbès, et 39 autres à Ain Temouchent. La pose de la première pierre du projet a été mise en fait, sur les territoires de la wilaya de Naâma, précisément dans la commune de Kazdir. Mais si ce nom n'est pas mentionné sur la carte du projet c'est parce que, expliquent les cadres de Sonatrach, «l'appellation de El Aricha est consacrée dans le manuel opératoire depuis 1996, année de la signature de contrat de commercialisation du gaz avec l'Espagne et le Portugal.» Elle est surtout issue du découpage territorial de l'époque. L'on note qu'avant qu'il ne porte ce nom, le tracé du gazoduc GPDF devait s'appeler «Machraâ Enouar» en plus, soutiennent nos interlocuteurs «il n'était pas possible d'inscrire sur la cartographie du projet le nom de Kazdir qui veut dire bidonville en arabe, parce que ça pourrait laisser une mauvaise appréciation chez les étrangers.» Les élus locaux le la wilaya de Naama sont allés jusqu'à interrompre la présentation du projet d'extension qui était faite hier au ministre pour lui exposer le problème. Ils avaient surtout insisté sur le recrutement pour les besoins des travaux qui, selon eux «ne se fait que du côté de Tlemcen, je vous défie de trouver un seul chef de parc de Naâma et Mechria qui est tout près d'ici,» se lamentent-ils. «Nos enfants souffrent, monsieur le ministre, ils n'ont pas d'emplois( ),» disait un élu de Naâma à Guitoni. «Faux !» dira plus tard Ould Kaddour aux journalistes en précisant que «nous avons enquêté pour savoir s'il y avait des femmes de ménage de Tlemcen, il n'y en a aucune ! » Le ministre de l'Energie leur promet dans son discours que «le projet créera de nouveaux postes d'emploi dans la région.» Il a surtout noté que «le GPDF renforcera la position de l'Algérie à l'avenir sur le marché international.» L'extension du GPDF, gazoduc qui passe depuis 96 par le Maroc, «s'inscrit dans le programme de développement et du renforcement des capacités d'approvisionnement en gaz naturel algérien au continent européen et pour permettre à notre pays de disposer d'une flexibilité d'exploitation pour répondre aux besoins croissants du marché national,» souligne Sonatrach. Prévue sur un nouveau couloir que celui desservant en gaz naturel l'Espagne et le Portugal, l'extension El Aricha-Beni Saf approvisionnera d'autres pays européens. Le GPDF assurera ainsi «un écoulement bi-directionnel.» Il permettra, une fois construit, de «sécuriser et augmenter l'approvisionnement de la péninsule ibérique en gaz naturel algérien et ce en prévision de l'augmentation de la capacité du Medgaz par le rajout du 4ème TC à station de compression de Beni Saf.» Il est précisé en outre, que l'extension permettra de «dévier le flux gazier transitant par le GPDF d'El Aricha vers Beni Saf, d'optimiser l'utilisation de la capacité de réserve, de sécuriser l'approvisionnement en gaz naturel du marché national en particulier de la région ouest du pays et enfin, de disposer d'une flexibilité d'exploitation «capacité de réserve» sur l'axe GPDF en cas de besoin.» «Ce sont 2 à 3 milliards de dollars à ne plus importer» Le projet sera réalisé à «100%» par des entreprises algériennes à savoir Cosider et sa filiale ENAC pour un montant de 31,59 milliards de dinars. Sa réception est prévue en 2020. Dans le point de presse qu'il a animé dans le salon de l'aéroport de Tlemcen, Ould Kaddour a indiqué à propos de l'appellation de l'extension du GPDF que «si on la change, on doit changer toutes les données géographiques, c'est difficile de revoir tout ça( ).» Il affirmera que «le recrutement se fera systématiquement localement, quel que soit l'endroit, les règles sont claires et nettes, on prend des locaux.» Le PDG de Sonatrach fera savoir que «l'Algérie approvisionne actuellement l'Europe par Medgaz à hauteur de 8 milliards de m³ en gaz naturel, nous sommes en train de travailler pour augmenter la quantité à 10 milliards de m³, c'est notre objectif, nous voulons augmenter nos capacités d'export, dans ce cas, il faudra qu'on ramène plus de gaz de Hassi R'Mel.» Le contrat avec la société marocaine qui assure à son niveau le passage du gaz algérien vers l'Europe arrivera à terme en 2021. «D'ici là, on verra, les Marocains sont sur le projet, on va discuter avec eux, je ne pense pas qu'il y aurait des problèmes,» dit Ould Kaddour. Il rappelle que «nous avons 20 000 km de pipelines, l'extension nous permettra d'exporter plus de gaz.» Il évoquera aussi «le gros contrat de gaz avec les Espagnols de 9 milliards, qui va sur 9-10 ans, c'est à long terme.» Et indiquera que «nous avons beaucoup de clients, on est en train d'en discuter avec eux.» Ould Kaddour rappelle que «la chose la plus importante pour nous est la pétrochimie, nous allons signer la joint-venture avec Total avant la fin de l'année, on discute par ailleurs, avec les Turcs pour la production de 450 000 tonnes de polypropylène, sans compter nos engagements avec nos partenaires traditionnels ENI, ENEL, TOTAL » Le projet de la pétrochimie à Hassi Messaoud est prévu à la fin de l'année ou au plus tard début de l'année prochaine. «Ce sont 2 à 3 milliards de dollars de moins à ne plus importer si on arrive à produire notre pétrochimie,» dira Ould kaddour.