Les dernières inondations à Tébessa, Aïn Defla, Oum El Bouaghi et Constantine devaient être prévenues et n'auraient pas dû causer autant de pertes en vies humaines et de dégâts à un mobilier urbain et des infrastructures dont la capacité à résister aux intempéries fait débat. En l'espace d'une semaine, ces wilayas ont été le théâtre d'une ahurissante incapacité à gérer des prévisions météorologiques qui avaient alerté sur l'importance des précipitations. En fait, les pertes en vies humaines et des dégâts spectaculaires que peuvent occasionner des eaux en furie, ou des oueds qui débordent, renvoient à cette lassante litanie des leçons de l'histoire des inondations de ces vingt dernières années en Algérie, qui ne sont jamais retenues. Beaucoup d'experts et de scientifiques algériens, après ce qui s'est passé mercredi à Constantine, ont pointé du doigt autant l'incompétence des wilayas à prévenir ce genre de catastrophe naturelle qu'à le gérer, alors que l'Office national de la météorologie a émis des BMS qui auraient dû être exploités par les services concernés. Beaucoup ont estimé que les leçons de novembre 2001 à Bab El Oued n'ont pas été apprises et que fatalement il faut prier pour que chaque forte précipitation ne fasse pas des pertes en vies humaines et ne transforme pas les villes en lacs artificiels hérissés de voitures et de gravats. Les griefs quant à la prévention inexistante des risques majeurs, dont les inondations, sont nombreux et pointent du doigt une gestion aléatoire au niveau des collectivités locales de ce genre de menace sur la vie humaine et l'environnement. Depuis plusieurs années, on ne parle plus de plan Orsec et la question se résume fatalement à cette inexistante intervention des pouvoirs publics face à la menace de catastrophes naturelles. Or, dans les faits, il y a bien une disposition légale signée par le président Bouteflika le 25 décembre 2004 relative à la prévention et la gestion des risques majeurs, dont les inondations. Malheureusement, cette loi n'a pas été appliquée jusqu'à présent dans la wilaya de Tébessa, en dépit des quatre grandes inondations successives de 2010, 2012, 2016 et la semaine dernière, le 16 septembre 2018, ou celle de Ghardaïa (octobre 2008). Une situation inquiétante qui a amené les experts à se poser cette question de savoir si les services des APC, des daïras et des wilayas ont une quelconque notion des BMS. L'effet induit de ce désintérêt dramatique des alertes 'météo'' est aussi catastrophique que la catastrophe elle-même. Et pourtant, il y a en effet cette loi 04-20 du 25 décembre 2004 'relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable''. Cette loi dispose dans l'article 2 de son chapitre I qu'''est qualifié, au sens de la présente loi, de risque majeur toute menace probable pour l'homme et son environnement pouvant survenir du fait d'aléas naturels exceptionnels et/ou du fait d'activités humaines''. Aussi étonnant que cela puisse paraître, rien n'a été fait par les collectivités locales, à tous les niveaux des responsabilités pour appliquer cette loi. Y a-t-il eu défaillance dans les différents rouages de la chaîne de décision ? Dès lors, il y a cette question de savoir d'abord à quoi servent les BMS, ensuite pourquoi les autorités locales ne mettent pas en œuvre les dispositions de la loi sur les risques majeurs. Et pourtant, la loi 04-20 explique bien dans son premier article qu'elle a pour 'objet d'édicter les règles de prévention des risques majeurs et de gestion des catastrophes (...)''.