C'est un spectacle inédit au sein de la maison FLN à quelques mois de l'élection présidentielle. La direction du parti historique, qui domine au sein de la chambre basse du Parlement, veut la 'tête'' de son président Saïd Bouhadja. Un conclave des cadres du parti a même été organisé pour demander la démission du président de l'APN, coupable d'avoir décidé de limoger le SG du Parlement et de n'en faire qu'à sa tête. Entre annonce de démission et démenti, le plus vieux parti algérien est bien parti pour pourrir le climat politique plus qu'il n'en faut, alors que sur les starting-blocks il est déjà sur la ligne de départ pour défendre un 5ème mandat du président Bouteflika. Une telle jacquerie n'aurait pas dû avoir lieu si au sein du parti qui a toujours revendiqué sa paternité dans la stabilité du pays les prérogatives étaient définies et, surtout, un strict respect des responsabilités et de la discipline. Or, en quelques jours, et pour une simple question d'intendance, le président de l'APN et le SG du FLN, qui auraient pu gérer un conflit administratif sans provoquer le raffut de la classe politique et l'opinion publique, se sont laissés déborder par leurs inimitiés qui revenaient à la surface. Cela donne une belle image de débandade au sein d'un parti qui est en train de monter un réseau national de soutien à une 5ème mandature du président Bouteflika. Mieux, le SG du FLN et tous les cadres du parti ont mis au-devant de leurs arguments, y compris le président de l'APN, que le président Bouteflika se doit de poursuivre 'son œuvre'' de stabilité, de sécurité et de réconciliation nationale. Décrypté, le message du FLN, ainsi que les partis de la majorité présidentielle qui ont un ou plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement, est que le prochain président qui sera désigné par l'urne au mois d'avril prochain ne sera autre que M. Bouteflika. Or, toute la crédibilité d'un parti comme le FLN, qui a toujours voulu être la locomotive du développement économique et de la justice sociale, sinon le seul 'porte-parole'' d'une candidature du président Bouteflika, a volé en éclats avec cet épisode peu glorieux de guerre de tranchées entre le président de l'APN, un cadre du FLN s'il en est, et la direction de son parti. Cela reflète en réalité les rapports tendus au sein de la direction du FLN, les relations complexes, difficiles entre les 'vieux'' militants et, surtout, une guerre 'sans nom'', de l'ombre, pour des privilèges que le commun des militants du FLN conçoit difficilement. Cela n'est pas une bonne image pour le parti, ni ne donne cette assurance qu'il se doit d'imposer à ses adversaires par une unité des rangs, loin de scandales internes ailleurs très dommageables pour la survie d'un parti. Maintenant que les cadres du FLN se bagarrent comme des chiffonniers politiques, au sein de la troisième institution du pays, pour un changement au perchoir, n'est pas la meilleure des manières pour aborder sereinement la dernière ligne droite avant la tenue de l'élection présidentielle d'avril prochain. Cela n'est pas, également, toléré de relever que des personnalités politiques de premier rang du pays donnent d'elles une si piètre image, alors qu'en face l'opinion publique, les électeurs à qui on fera la chasse pour les voix au moment opportun constatent effarés que même au sein du plus vieux parti du pays il y a des antagonismes aussi violents qui mènent même à ce que l'on veuille destituer la troisième autorité institutionnelle du pays. Quelles que soient les raisons de la demande de démission du président de l'APN, quelle que soit 'son erreur'', cela aurait-il mérité tout ce raffut au moment où la classe politique est appelée à plus de charisme ?