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Présidence-Gouvernement: Genèse d'une sale affaire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 11 - 2018

  Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, vient d'inaugurer une nouvelle phase de confrontation entre les hommes du pouvoir après celle menée par Ould Abbès et Ouyahia contre Saïd Bouhadja, le président de l'Assemblée populaire nationale qu'ils ont fait destituer par un véritable putsch, ignorant toute forme légale.
«Il faut rappeler à tous les Algériens et Algériennes que, suivant les orientations du président de la République et conformément à son programme complémentaire dans tous les secteurs, que les abus dont ont été victimes dans les années 1990 les cadres de l'Etat, font partie du passé et ne peuvent en aucun cas se reproduire.» Cette phrase prononcée lundi dernier par Tayeb Louh, suffit à elle seule à situer le passé pour consacrer le qualificatif donné à Ahmed Ouyahia de «l'homme des sales besognes.» Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, n'a pas pris de gants pour le rappeler même si ses propos sont restés implicites. L'histoire a retenu en effet, à l'actuel 1er ministre, un lourd dossier de compromissions flagrantes, affligeantes et pitoyables. Louh parle de lui aussi au présent et confirme cette amère vérité. Son rappel du rejet des taxes inscrites dans la loi de finances par le président de la République conforte le fait. Ce qui est évident, c'est que le ministre de la Justice a voulu mettre le paquet pour encenser le chef de l'Etat et convaincre tout le monde de la revendication de ses hommes de «poursuivre son œuvre» en briguant un 5ème mandat.» Bien qu'il inaugurait, lundi dernier, le nouveau siège de la Cour d'Oran, Louh n'a pas convié à sa conférence les cadres de son secteur, mais a tenu à discourir longuement devant les représentants de la société civile qui se sont donné à cœur joie en scandant les slogans les plus favorables à Bouteflika. Ce qui l'est davantage, c'est que le ministre a frappé fort contre son 1er ministre. Il est connu qu'un homme politique du sérail ne fait rien sans qu'il ne soit autorisé. Tayeb Louh le sait pour être proche de Bouteflika même si ses détracteurs ont toujours dit de lui qu'il est mécontent pour n'avoir pas pu être 1er ministre comme il l'a toujours voulu. Evoluant depuis plusieurs années à l'ombre du pouvoir des Bouteflika, le ministre sait donc que le contenu de son discours est dirigé directement contre Ouyahia.
L'échiquier des conjonctures
Qu'il sache que ce dernier va être remplacé ou pas par le président de la République, Louh a fait en sorte de faire comprendre à l'opinion publique que le 1er ministre a causé beaucoup de tort aux cadres de la Nation et même aux citoyens. Au moment où Louh disait «du mal» du 1er ministre, ce dernier animait une conférence de presse aux côtés du président du Conseil des ministres italien. Il est certain qu'il y a quelque chose qui ne va pas en haut lieu. Les Bouteflika semblent avoir sous les yeux un échiquier pour placer, replacer et repositionner leurs «pions» conformément à leurs intérêts et aux exigences des conjonctures. Premier acte des «repositionnements» recherchés, l'éviction en toute illégalité de Saïd Bouhadja, 3ème personnage de l'Etat, par les secrétaires généraux du FLN et du RND. Mais il est évident que «le feuilleton» Bouhadja n'a pas encore connu son épilogue parce que les Bouteflika ne font jamais rien pour rien. D'autres «saisons» sont à venir pour donner une suite et «une logique» à ce qui a été entrepris dans une institution censée faire respecter les lois de la République par tous, à commencer par ceux qui les font. Il est d'ailleurs curieux que Louh ne se soit pas arrêté à cette fâcheuse entreprise putschiste qui a piétiné sur son passage toutes les lois et règlements de la République. Ses meneurs, Ould Abbès et Ouyahia, se sont contentés de demander à leurs députés de faire valoir à cet effet, deux ou trois articles du règlement intérieur de l'APN dont l'esprit prête à confusion. Mais l'on pense que les propos que le ministre de la Justice a prononcés à Oran contre le 1er ministre peuvent constituer «une suite logique» à la mascarade qui a cadenassé l'APN.
La mauvaise plaidoirie du RND
Ahmed Ouyahia doit être cependant content d'avoir toujours en main le RND. Il n'est donc pas totalement esseulé puisque son parti l'a défendu hier contre les attaques frontales que son ministre de la Justice a dirigées contre lui. Dans un communiqué qu'il a rendu public hier, le parti a en effet tenté de lui sauver la face en reprochant, écrit-il, à «des voix (qui) s'en sont prises, encore une fois, au secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, Monsieur Ahmed Ouyahia, en faisant allusion, encore une fois, au dossier (vide) des cadres emprisonnés dans les années 90». L'on lit qu'«en raison des allégations que nourrissent ces déclarations (allusion à celles de Louh, ndrl), qui ne cachent pas leurs intentions à qui que se soit, il est opportun pour le RND de fournir quelques vérités à l'opinion publique à ce sujet : la première, lorsque quelques cadres, dans le milieu des années 90 (et leur nombre est de quelques dizaines et non des milliers), M. Ouyahia n'était pas en charge du secteur de la Justice, donc l'accuser d'avoir emprisonné des cadres est une accusation infondée et calomnieuse et une atteinte aux juges indépendants et respectables». Comme «deuxième vérité», sont rappelées par le RDN deux mesures relatives au «renforcement de l'indépendance des juges et la protection des cadres de l'Etat» que Ouyahia alors ministre de la Justice a pris en 99, à savoir «l'instruction ministérielle du printemps 2000 adressée à toutes les juridictions, qui a interdit toute interférence du ministère dans leur travail, tout en leur interdisant de demander une quelconque orientation dans l'exécution de leurs missions» et celle «empêchant toute poursuite contre des cadres dirigeants sans plainte officielle des instances responsables au niveau de l'entreprise concernée».
«C'est la mise en mouvement de l'action publique»
Les rédacteurs rndistes du communiqué semblent avoir la mémoire courte. Ils occultent ainsi des faits avérés dans ce lourd dossier des cadres incarcérés durant les années 90. D'ailleurs, il est clair que de part la légèreté de leur «plaidoirie» en faveur de leur secrétaire général, comparé aux innombrables éléments enregistrés à sa charge par l'histoire, particulièrement sur ce dossier, le silence aurait été leur meilleure défense. «Le dossier est sorti de son cabinet,» affirment encore de hauts cadres de la nation qui étaient à l'époque dans son cabinet du palais du gouvernement, à propos de ce qui avait été appelé «opération chasse aux sorcières». Selon certains, le chef du gouvernement leur aurait dit à ce sujet que «c'est la mise en mouvement de l'action publique.» Les faits sont têtus. D'anciens responsables, président de holdings, directeurs généraux d'entreprises publiques, conseillers…, tous savent comment la sale affaire des cadres incarcérés a été diligentée à la fin des années 90. Affolés, les dirigeants de l'UNEP (Union nationale des entrepreneurs publics), refoulés par Ouyahia qui avait refusé qu'ils aient un droit de regard sur les dossiers fournis pour l'incarcération de nombreux responsables d'entreprises publiques, se sont dirigés vers le président Liamine Zeroual pour lui faire part de leur désarroi. Selon un haut cadre, Zeroual leur aurait répondu que «le pays est en train d'assainir ses rangs.» Mais après l'incarcération des cadres, il leur aurait dit encore «je ne pourrais interférer dans ce dossier parce qu'il est entre les mains de la justice.» A l'époque, Bakhti Belaïb alors ministre du Commerce dans le gouvernement Ouyahia, a été sollicité par des proches de celui qui était directeur général de l'ENAFLA, gardé pendant 27 mois en détention… préventive, pour porter son ministère «partie civile.»
Les lourds dossiers de l'histoire
Sa réponse, «pourquoi me porter partie civile pour une affaire dont le dossier est vide ?». Un proche parent du président Boumèdiene a été incarcéré et placé à l'hôpital Mustapha pour cause de «maladie de Crohn.» Il en est sorti mort. D'autres que lui, bien connus et qui avaient défrayé la chronique, avaient perdus la vie après qu'une «affaire» sordide montée par les «hommes» du sérail, bien connus du monde «des sales affaires» leur soit tombée sur la tête. A l'époque, «la chasse aux sorcières n'était qu'un subterfuge pour, entre autres, justifier le changement des responsables des banques dont certains avaient refusé que ces hauts fonctionnaires bénéficient de gros prêts qu'ils n'ont d'ailleurs jamais remboursés,» nous rappelle un haut cadre à la retraite qui, dit-il aujourd'hui, «je regrette d'avoir servi sous les auspices de responsables sans foi ni loi.» A l'époque surtout, les dossiers, vides qu'ils étaient, ont obligé la justice à réclamer «des compléments d'information.» Un ancien gestionnaire d'une importante entreprise publique s'en rappelle encore avec la gorge nouée. «Comment le RND ose-t-il dans son communiqué parler de dossier vide alors que des centaines et des centaines de cadres l'ont vécu dans leur chair et dans leur âme et leurs familles complètement disloquées ???!!!».
Les propos de Louh viennent ainsi remettre au goût du jour et au nom des intrigues du pouvoir en place, un dossier qui a fait très mal à la République, à ses institutions et à ses cadres. «Il ne faut pas oublier, c'est comme la décennie noire, sinon, nos enfants feront la même chose,» recommande un grand moudjahid. L'élimination de l'élite et sa dislocation n'est pas un fait nouveau. Elles relèvent de l'histoire profonde du pays et de luttes de clans assassines. Le recours à la force par ceux qui la détiennent continue de faire des ravages. «Vous parlez de la légalité des textes ou de la réalité ?» s'est interrogé en octobre dernier, le 1er ministre, Ahmed Ouyahia et secrétaire général du RND, lorsque la presse lui a dit que l'éviction de Bouhadja était illégale. C'est dire que l'homme ne craint pas la loi parce qu'il a été forgé dans et par des rapports de force qui ont fait de lui un véritable «commis» des sales besognes.


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