Le conflit entre la direction d'Air Algérie et les mécaniciens et ingénieurs de maintenance semble prendre une autre tournure. En effet, après la décision de l'Administration prise, hier, de suspendre quatorze mécaniciens grévistes, l'ensemble des techniciens de la maintenance a vivement réagi et le syndicat, resté en retrait, lors de ce débrayage entamé dimanche dernier, a décidé de s'impliquer. « On est tous prêts à être licenciés » a averti le président du Syndicat national des techniciens de la maintenance avions (SNTMA), Ahmed Boutoumi, regrettant la décision du P-dg de la compagnie aérienne qui, selon lui, pousse au pourrissement. Actuellement, tous les travailleurs de la maintenance observent un sit-in devant leur base, sise à Dar el-Beïda, à Alger, ne sachant pas réellement ce qui va suivre. Boutoumi avait rappelé, lundi dernier, les propos solidaires des grévistes qui affirment qu'en cas d'éventuelles sanctions administratives et si l'un d'entre eux est licencié, c'est l'ensemble des travailleurs qui plieront bagages. Le président du syndicat estime que cette décision administrative ne fait que renforcer la solidarité entre travailleurs et leur désir d'aller jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Egalement, il est fort possible que le mouvement durcisse et s'étende aux autres corps de métiers, à Air Algérie. Réagissant à la grève inopinée, déclenchée par plus de 120 techniciens de la maintenance, dimanche dernier, le P-dg d'Air Algérie, Bekhouche Allache a qualifié le mouvement d'« illégal », précisant que l'Administration va notifier, dans les prochaines heures, les autorités judiciaires de cette grève. Face aux revendications des travailleurs, il a répondu que la situation financière de la compagnie « ne permet pas de procéder à une révision de la grille des salaires », promettant que Air Algérie a placé cette revendication parmi ses « priorités », une fois sa bonne santé financière rétablie. Allache explique encore qu'une approche comparative avec d'autres compagnies aériennes a été initiée pour fixer une grille des salaires adéquate à tous les fonctionnaires d'Air Algérie. A ce propos, le président du SNTMA, Ahmed Boutoumi, a déploré le fait qu'aucun responsable de la compagnie n'a daigné entrer en contact avec les grévistes. Même le minimum syndical n'a pas été respecté lors de cet arrêt de travail puisque n'étant pas encadré par le syndicat, ajoute notre interlocuteur. Concernant le recours à la justice, Boutoumi regrette l'attitude de la direction, soulignant que c'est « malheureusement, la seule riposte de leur employeur et que la justice leur donne toujours raison ». Quant aux difficultés financières évoquées par le P-dg d'Air Algérie, pour surseoir aux revendications des travailleurs, il répond que les mécaniciens et ingénieurs de la maintenance ne sont pas responsables de la mauvaise gestion de la compagnie aérienne. « C'est la faute aux gestionnaires, pas aux mécaniciens. Il n'y a aucune politique commerciale et prétextant le manque d'argent alors qu'ils en ont pour satisfaire les autres corporations », ajoute-t-il amèrement. Boutoumi a expliqué que les travailleurs ont mené cette action de leur propre chef. Un débrayage qui rappelle celui de juillet dernier lorsque près de 150 mécaniciens et ingénieurs de maintenance avait manifesté pour dénoncer le climat de tension qui règne au sein la compagnie nationale aérienne. Si en juillet, Boutoumi avait intervenu auprès des protestataires pour les résonner, cette fois, il avoue que ces derniers sont fatigués de devoir attendre une réaction de la tutelle pour satisfaire leurs revendications. « Se sentant lésés et n'ayant rien vu venir à travers les voies légales, ils ont décidé d'outrepasser le syndicat », explique notre interlocuteur.