Le quartier populaire de Bab El-Oued, dans le centre d'Alger, était quasiment paralysé et bouclé par la police, hier vendredi, au lendemain de violents accrochages entre forces de l'ordre et jeunes. La circulation automobile, d'habitude très dense, avec des bouchons de plusieurs centaines de mètres, était presque inexistante, dans les zones ayant enregistré, la veille, le gros des affrontements. Entre les Trois Horloges', sur l'avenue Colonel Lotfi et jusqu'à l' Avenue Mohamed Boubella, il n'y avait guère de circulation automobile, et de très rares passants. Les magasins étaient également fermés, rapportent des témoins au Le Quotidien d'Oran'. Par contre, « le quartier est complètement bouclé par les forces de l'ordre », ajoutent-ils, avant de préciser qu'il n'y a pratiquement, aucun jeune dehors dans cette partie du quartier. « Pour le moment, tout est fermé, de rares passants, pas de voitures et beaucoup de policiers déployés », indique encore cet ex-habitant de Bab El-Oued, venu rendre visite à sa famille, et qui a trouvé le quartier « sens dessus dessous ». La veille, de violents incidents avaient été enregistrés, avec des affrontements entre jeunes du quartier et les forces de police. Plusieurs sites d'information ont rapporté, jeudi soir, que l'origine de ces violences est due aux supporters du MCA, qui auraient tenté d'agresser les supporters du CSConstantine, qui a joué à Bologhine, contre l'USM Alger, en représailles de ce qu'il s'était passé lors de la demi-finale, à Constantine contre la JSK. Les affrontements étaient très violents, les jeunes du quartier de Bab El-Oued, avaient lancé contre les policiers anti-émeutes des pierres, alors que les policiers avaient notamment tiré des balles en caoutchouc, selon des images vidéo diffusées par des sites d'information. Des vidéos postées sur plusieurs sites électroniques, dont ALG24', montrent des violences inouïes, alors que plusieurs artères de Bab El-Oued étaient, pratiquement, aux mains des émeutiers. Les rues étaient jonchées de pierres, de bris de verre et de gravats. Des poubelles à ordures étaient ouvertes et leur contenu jeté sur le sol. Selon des témoignages, les troubles ont commencé à la fin du match USMA-CS Constantine (2-1), au stade de Bologhine (ex- Saint-Eugène), sur le Front de mer de Bab El-Oued. Des fans du MCA auraient voulu s'en prendre aux supporters du CSC, pour se venger des agressions dont ils auraient été victimes lors de la dernière demi-finale de la Coupe d'Algérie, jouée à Constantine. Les forces de police sont intervenues pour disperser tout le monde, à la sortie du stade. Selon des habitants de Bab El-Oued contactés par Le Quotidien d'Oran', les violences n'ont aucun rapport, contrairement à ce qu'ont rapporté des sites électroniques, aux « inimitiés » entre supporters du MCA et du CSC. « Les troubles ont commencé vers 22h, bien après la fin du match, entre l'USM Alger et le CSContantine », nous précisent les mêmes sources. Les affrontements ont commencé lorsque des jeunes du quartier avaient pris à partie les forces de l'ordre, qui revenaient du stade de Bologhine. De violents accrochages se sont ensuite déroulés, avec des jets de pierres et de toutes sortes d'objets contre les policiers, qui répliquaient, selon des images vidéo, par des tirs en balles de caoutchouc. Les accrochages se sont notamment concentrés entre Les trois Horloges', sur l'avenue Colonel Lotfi, l'ex-avenue de la Bouzaréah, et l'ex-place Guillemin, sur l'avenue Mohamed Boubella, avec ses ruelles adjacentes, l'ex-rue Rochambeau et rue Montaigne. Selon un habitant de Bab El Oued, la colère des jeunes du quartier est en fait motivée par la diffusion de la vidéo, devenue virale, montrant des policiers en train de tabasser avec une rare violence, un jeune supporter. La vidéo, montrant un acharnement incompréhensif de plusieurs policiers contre ce jeune supporter, sur les gradins du stade Mohamed Boudiaf' juste après la fin du match, mardi dernier, entre le MC Alger et l'USM Bel-Abbès, qui a été dégagé par ses amis, avait même provoqué une réaction immédiate de la DGSN, qui a annoncé le lendemain de la rencontre le lancement d'une enquête. La DGSN indique, dans un communiqué, que ses services vont d'abord vérifier l'authenticité de la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, qui montre, selon les mêmes services « des comportements inappropriés de la part de certains de ses éléments, accomplissant des missions de maintien de l'ordre dans le stade. » Le bilan des échauffourées à l'issue du match MCA-USMBA est de 18 policiers blessés, dont 4 grièvement, et 22 blessés dans les rangs des supporters. Plusieurs supporters ont été également arrêtés. Ces événements, expliquent-ils ce qu'il s'est passé, jeudi soir au quartier de Bab El Oued, où il y a eu beaucoup de dégâts subis par les équipements publics, des blessés également parmi les policiers et les émeutiers ? Selon des habitants du quartier, le jeune supporter tabassé par des policiers au stade du 5 Juillet' mardi est originaire de Bab El Oued. Il est actuellement hospitalisé au CHU Lamine Debaghine (ex-hôpital Maillot) du même quartier, alors que Bab El Oued était bouclé, hier vendredi, par les forces anti-émeutes. Un calme précaire semblait revenu, après la folle nuit de jeudi. Le centre de Bab El-Oued, entre l'ex avenue de La Bouzaréah, l'actuelle avenue Colonel Lotfi, La Bassetta', l'ex-rue Cardinal Verdier, les Trois Horloges', le boulevard Basta Ali, La Consolation, l'Avenue Abderahmane Mira, qui démarre du stade de Bologhine jusqu'au Bastion 23, la Rampe Louni Arezki, en contrebas de La Casbah et juste au-dessus de l'avenue Mohamed Boubella, compte au moins un million d'habitants vivant dans une épouvantable promiscuité. Le calme est revenu, jeudi bien après 23h, avec la dispersion des manifestants par les forces de l'ordre. Hier vendredi, les habitants de Bab El Oued étaient sous le choc, et ne s'expliquaient pas une telle violence. Le quartier, construit et achevé à la fin du 19ème siècle, dont le cadre bâti, sérieusement touché par les dramatiques inondations de novembre 2001, souffre du poids des ans et commence à se délabrer. Hier vendredi, il portait, encore, les stigmates d'une violence inutile, mais inquiétante.