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«Gilets jaunes»: Tension et inquiétude maximales en France face à un samedi à haut risque
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 12 - 2018

Tension et inquiétude maximales en France vendredi à la veille de nouvelles manifestations de "gilets jaunes" qui font craindre de nouvelles émeutes à Paris, un scénario que le gouvernement veut éviter à tout prix, qualifiant la fronde des Français modestes de "monstre" hors de contrôle. "Force restera à la loi", a prévenu vendredi matin le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner en présentant le dispositif sécuritaire "de grande envergure" à cette occasion. Les forces de l'ordre déploieront notamment des véhicules blindés de gendarmerie à même de détruire d'éventuelles barricades qui pourraient fleurir dans les rues de Paris comme samedi dernier et dont les images ont fait le tour du monde. L'exécutif martèle qu'il est en alerte maximale. Il bat le rappel du sentiment républicain parmi les Français, étalant une grande inquiétude face à un éventuel risque insurrectionnel. "Ces trois dernières semaines ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs", a déclaré le ministre pour qualifier la fronde des "gilets jaunes", ces Français modestes dénonçant la politique fiscale et sociale du gouvernement, devenue creuset de toutes les contestations françaises, comme celle des lycéens. Le recul du gouvernement sur la fiscalité du carburant, boutefeu de la colère, n'a pas permis d'apaiser un mouvement déstructuré, évoluant hors des cadres établis, et sans leader.
Au total, 89.000 policiers et gendarmes seront déployés dans toute la France samedi pour éviter de revivre les scènes de la semaine précédente. Affrontements sous l'arc de Triomphe, barricades enflammées dans les beaux quartiers, pillages, avenues huppées noyées de gaz lacrymogène pour tenter de disperser des gilets jaunes et des casseurs incontrôlables. Un dispositif "sans précédent", a commenté le directeur général de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey.
Tour Eiffel, musées fermés
Le gouvernement a assuré que les forces de l'ordre seront plus mobiles pour répondre "plus efficacement à la stratégie de dispersion et de mouvement des casseurs", qui seront présents, car "tout laisse à penser que des éléments radicaux vont tenter de se mobiliser". Sur les réseaux sociaux, principal vecteur d'organisation des "gilets jaunes", certains mots d'ordre évoquent clairement un changement de régime ou un départ du président Emmanuel Macron, toujours mutique, qui doit s'exprimer théoriquement en début de semaine prochaine sur cette grave crise. Conscient qu'il cristallise le ressentiment d'une part importante de Français, le chef de l'Etat, élu en 2017 en se présentant comme l'homme du changement et du renouveau et qui est très impopulaire d'après les sondages, "ne souhaite pas mettre d'huile sur le feu et par conséquent n'a pas l'intention de s'exprimer avant samedi", a annoncé vendredi le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand. Tour Eiffel fermée, musée du Louvre, d'Orsay, Pompidou fermés également, rideau baissé sur la scène de l'Opéra, nombreux matchs de foot reportés, magasins barricadés... La France se claquemure et retient son souffle et l'appareil d'Etat déploie sont arsenal.
"On ne peut pas prendre le risque" d'être pillé commentait vendredi un responsable d'un magasin de motos Ducati tout près de l'Arc de triomphe, alors que les luxueuses motos italiennes étaient évacuées de Paris par camion.
Le procureur de Paris Rémy Heitz a annoncé avoir pris des mesures pour permettre aux policiers d'interpeller des personnes venues "en découdre avec les forces de l'ordre" en amont des manifestations. Dans certaines zones, les autorités interdisent de manifester, comme dans le Nord de la France.
Parmi les autres contestataires qui tentent de s'agglomérer à la révolte, certains lycéens continuaient vendredi de manifester, bloquant certains établissements, et provoquant eux aussi des violences urbaines et des affrontements avec les forces de l'ordre, notamment en région parisienne. Jeudi 146 personnes ont été interpellées dans un lycée d'une banlieue sensible après des affrontements. La gauche crie au scandale après la diffusion d'images de plusieurs dizaines de lycéens, mains entravées ou sur la tête, à genoux ou assis au sol. "L'image est forcément choquante. Il y a eu des images choquantes parce que nous sommes dans un climat dans violence exceptionnelle", a commenté le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. En revanche, les routiers, qui avaient menacé de faire grève, ont renoncé à leur mobilisation.


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