Le mouvement Mouwatana, qui regroupe des acteurs de la Société civile et des chefs de partis d'opposition, a appelé, hier dimanche, à la tenue d'une « contre conférence nationale » pour « l'application stricto sensu de la Constitution » en vue de la tenue de la prochaine élection présidentielle. Le mouvement qui regroupe notamment des partis et des personnalités de la Société civile et politiques dont Jil Djadid, l'UCP et Ahmed Benbitour, a réagi aux informations selon lesquelles la prochaine présidentielle serait reportée, ou dont le report serait envisagé par les partis de la majorité présidentielle. Dans un communiqué, Mouwatana estime que « la prolongation du mandat présidentiel est tout simplement un attentat à la morale, à l'Etat de droit, à la démocratie et aux intérêts stratégiques du pays. » « A l'approche de la convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle, des manoeuvres aussi bruyantes qu'insolites sont initiées par les spécialistes de la perfidie et du double langage », écrit Mouwatana, selon laquelle « proposer une prolongation à vie au régime moribond au motif est que celui-ci est dans l'embarras, est tout simplement trahir l'espoir d'un changement que tous les Algériens appellent de tous leurs voeux. » « Alors que le pouvoir, dans son incurie, s'est piégé lui-même, et devant une échéance que les Algériens espèrent toujours être le point final à un règne aussi désastreux que désespérant, la morale politique aurait voulu qu'un appel à la mobilisation générale soit lancé contre toute forfaiture supplémentaire », estime, encore, le mouvement. Il ajoute, en référence aux partis d'opposition qui soutiennent un report de la présidentielle, que « malheureusement, non seulement les habituels profiteurs du régime se sont mis, avec zèle, à soutenir l'insoutenable, voilà que les faux opposants enlèvent le masque et proposent, toute honte bue, de faire l'apologie de la transgression de la Constitution, de marcher sur le peu de légitimité légale qui reste et de pousser le pays vers un inconnu aventureux. » « Qu'ont-ils pu obtenir en échange ? », se demande encore Mouwatana, qui explique que « dans cette période de crise, engendrée par l'incompétence, l'irresponsabilité et la malhonnêteté du pouvoir, il aurait fallu laisser cette caste au pouvoir, seule face à ses méfaits et non pas se proposer de lui offrir une couverture politique en négociant sur le dos du peuple. » Dès lors, « Mouwatana appellera en conséquence à une contre conférence et ce pour l'application, stricto sensu, de la Constitution. » Les quatre partis de la majorité appellent à la tenue d'une conférence nationale du consensus pour « approfondir les réformes », et déclaré soutenir « la continuité » du programme du Président Bouteflika. Par contre, la tenue de l'élection présidentielle d'avril prochain devient très confuse. Le président du RCD Mohcen Belabbes a, dans un entretien publié, hier dimanche, par «Liberté», estimé que « l'idée de reporter l'élections présidentielle de 2019 n'émane pas de Bouteflika. Depuis 1999, Bouteflika a toujours tenu à organiser les élections dans les délais'. Il ajoute que « le non-respect des délais constitutionnels signifie une situation d'instabilité. Or, malgré une situation alarmante, il a toujours nié des réalités qui minent le pays et préoccupent observateurs et partenaires ». Pour Mohcine Belabbas, le président « depuis son arrivée au pouvoir, essaye de vendre l'image d'une stabilité retrouvée ». Pour lui, « le système a intérêt à organiser les élections rapidement parce que plus on attend, plus la situation économique et sociale s'aggrave ». Le président du RCD estime, en outre, que « le report ne va pas régler le problème du régime dans le sens où plus on éloigne l'échéance présidentielle plus le système s'affaiblit sous l'effet des contradictions et des revirements. » Le président du RCD relève en outre, sur le report de plus en plus évoqué, qu' « il n'y a aucune base légale sur laquelle on pourrait s'appuyer pour reporter les élections ». « Le report, c'est donner, encore une fois, la possibilité aux dirigeants actuels de gérer le pays de manière illégale et pour une durée sur laquelle on n'a pas d'emprise. » Pour autant, le RCD est favorable à une « période de transition », différente selon Mohcine Belabbes d'un report des élections. Et, « dans une période de transition, il faut que l'on se mette d'accord sur les priorités, le calendrier et les délais avec une définition d'un cahier des charges fixant des préalables démocratiques qui s'imposeront à tous les compétiteurs », estime t-il. Pour sa part, le RND affirme qu'il y aura, bel et bien, des élections. « Au RND, nous ne voyons pas d'éléments qui imposeraient le report », a estimé, dans un entretien à El Watan', samedi Seddik Chihab, porte-parole du RND, selon lequel un tel report « sous-entend qu'il existe une situation exceptionnelle », « ce n'est pas le cas ». « Nous sommes tenus par des échéances et ce qui fait le sérieux de l'Algérie est qu'elle a toujours respecté ses échéances et c'est en respectant ces échéances qu'on arrive à construire des institutions pérennes », a-t-il ajouté.