La chute des prix du pétrole n'annonce rien de bon pour l'économie du pays et partant augure de nouveaux troubles sur le front social à cause de l'assèchement des finances de l'Etat. Conséquence directe d'une dépendance quasi exclusive aux recettes des hydrocarbures, le Trésor public est dans l'incapacité de répondre à de nouvelles exigences salariales des différents secteurs d'activité, à commencer par les fonctionnaires. Le recours même à la planche à billets ne semble plus être une alternative viable à cette situation bien que la solution a permis de retarder les échéances. En septembre 2017, le Premier ministre Ouyahia avait avoué que l'Etat était au bord de la faillite si ce n'était le recours au financement non conventionnel qui a permis au Trésor public de payer les fonctionnaires lors des mois de novembre et décembre. Pourtant, cette option, de l'avis des économistes, a été dévoyée de son objectif initial qui n'est pas de combler les déficits. Digérée cette donnée, toutes les revendications salariales sont suspendues sine die et les bras de fer entre fonctionnaires et tutelles devront prendre des allures de guerre des tranchées où chaque camp devra camper sur ses positions. Les exemples sont légion et risquent d'anticiper un embrasement social qui s'annonce de plus en plus imminent. Des imams aux enseignants, l'Etat aura fort à faire pour faire face à la colère des salariés qui insistent sur des revalorisations de leurs fiches de paie. La réponse étant toujours à l'ajournement, l'avenir semble promis à une confrontation plus musclée entre les deux parties d'autant plus que la proximité de l'élection présidentielle fait craindre le pire à un régime qui n'a plus assez de liquidités pour louer, momentanément, une paix sociale ô combien précaire. Tout l'intérêt des pouvoirs publics étant de ne pas ouvrir la brèche par l'octroi d'une augmentation à un corps de métier, la riposte de l'autre partie pourrait s'inscrire dans une logique de pourrissement en avalisant les décisions les plus radicales. L'Etat se retrouve, actuellement, désarmé par la baisse des prix du baril et le déficit de la balance budgétaire alors que le FMI prédit un ralentissement de la croissance en Algérie. Reste à connaître les parades envisagées en dehors d'une augmentation salariale inenvisageable. Certaines indiscrétions avancent une prochaine augmentation du Smig national, on évoque un SNMG au-delà des 22.000 DA, comme décision phare d'un nouveau mandat à même de calmer un tant soit peu le jeu. Mais pour le moment, en face des exigences des syndicats, on répond par la menace, les pressions et le recours systématique à la justice.