Il n'est pas aisé de demander aux employeurs de payer les allocations familiales. Sur 5,5 millions de travailleurs, 3 millions ne sont pas déclarés à la sécurité sociale, soit plus de 50%. C'est un chiffre énorme révélé hier, sur les ondes de la Chaîne II, par le président de la Fédération nationale des travailleurs retraités, Abdelmadjid Azzi. L'orateur reconnaît la responsabilité de l'Etat dans cette affaire, car, faut-il le reconnaître, c'est une révélation qui remet en cause les efforts de l'Etat dans la lutte contre le travail au noir. Les patrons et les travailleurs ont aussi leur part de responsabilité. Chose qui pourrait compliquer les choses davantage, puisque les pouvoirs publics tablent sur un possible recours à la flexibilité et la mobilité de l'emploi, ainsi qu'à d'autres formes de procédures telle que «confier le dossier des allocations familiales aux employeurs». Est-il possible qu'un employeur qui ne déclare pas ses salariés puisse assurer un budget spécial allocations familiales? Les choses paraissent ambiguës, surtout lorsqu'on sait que cette situation pourrait provoquer un déficit des plus importants pour la sécurité sociale ainsi que la Caisse nationale des retraites. L'équation n'est pas simple. Il n'est pas aisé de demander aux employeurs de payer les allocations familiales alors que plus de 50% des 5,5 millions de travailleurs ne sont même pas déclarés à la sécurité sociale. Une défaillance à combler existe quelque part, car deux thèses de fond s'affrontent. L'invité de la Chaîne II, interpellé sur cette question, se montre plutôt incapable d'aller à l'encontre des pouvoirs publics sur ce dossier. Seulement, il explique qu'un nombre de dispositions ont été adoptées afin, entre autres, de renforcer le rôle de l'inspecteur du travail. Est-il suffisant? La question reste posée et d'autres suivent aussi. Le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, préfère, semble-t-il, se pencher sur des révisions qui, dit-on, doivent répondre aux nouvelles donnes économiques à l'instar du projet sur la flexibilité de l'emploi. Quant aux refontes, dites «de fond», qui doivent accompagner l'évolution économique à savoir, à titre indicatif, la revalorisation salariale, celles-ci sont, paraît-il, renvoyées aux calendes grecques. Abdelmadjid Azzi, dont la Fédération est affiliée à la centrale syndicale Ugta, revendique son statut de partisan acharné de la revendication salariale et de la révision à la hausse du Snmg. Sur son élan, il s'oppose au fait que cette même réclamation traîne encore dans les tiroirs de la maison Sidi-Saïd. Il argumente sans trop de retard, «concernant l'augmentation des salaires l'Ugta a fait une proposition d'un nouveau Smig à hauteur de 20.000 DA, même si les résultats de l'étude parlaient de 25.000 DA», a-t-il précisé. Par ailleurs, Azzi se montre mécontent du fait de la situation dans laquelle la famille des retraités s'est embourbée. 80% des travailleurs retraités touchent 75% du Snmg actuel. Chose qui, selon lui, ne doit pas continuer sous la même atmosphère. Cela dit, la revalorisation salariale, aux yeux de l'orateur, est indispensable pour toutes les catégories des travailleurs. Une question qui s'impose, l'Ugta est-elle en mesure de relancer cette revendication lors de la prochaine tripartite? A cela, l'invité de la Chaîne II a répondu qu'il n'existe aucune raison pour que l'Ugta traîne encore la chose comme un boulet au pied. C'est d'ailleurs l'une des revendications de la Fédération nationale des travailleurs retraités. Faut-il, dès lors, s'orienter vers cette réclamation? Depuis le début du feuilleton de la tripartite, les trois parties négociatrices testent cette possibilité. Mais le fantôme de l'impact budgétaire qui pourrait être causé au Trésor public, possibilité écartée par les travailleurs, rôde toujours.