L'annonce est tombée, hier, vendredi, en début de matinée: l'élection présidentielle d'avril 2019 se tiendra, comme prévu par l'agenda politique du pays et conformément aux dispositions de la loi organique portant régime électoral. Après, donc, bien des commentaires et des attentes angoissées des partis politiques et de l'opinion publique, la présidence de la République a annoncé, hier vendredi, dans les délais impartis par la loi électorale, que le Président Abdelaziz Bouteflika a signé le décret présidentiel convoquant le corps électoral pour l'élection présidentielle, qui va se tenir le18 avril prochain. « En application de l'article 136 de la loi organique relative au régime électoral, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a pris, ce jour vendredi, un décret présidentiel convoquant le corps électoral pour l'élection présidentielle, qui se déroulera le jeudi 18 avril 2019 », indique un communiqué de la présidence de la République. « Le même décret dispose, également, une révision exceptionnelle des listes électorales qui s'effectuera du 23 janvier au 06 février 2019 », ajoute-t-on. C'est l'article 136 de la loi organique « 16/10 » du 25 août 2016, portant régime électoral, qui indique que le corps électoral est convoqué 90 jours, avant la date du scrutin. Fin, donc, du suspense et de tous les scénarios établis jusque-là sur cette élection présidentielle, dont certains chefs de partis, dont Abderrezak Mekri du MSP, avaient même proposé le report. Amar Ghoul, président de TAJ, un des partis de la majorité, est allé quant à lui jusqu'à suggérer la tenue d'une conférence nationale sur le consensus, et le développement économique du pays, avant la tenue de cette élection. Il n'a pas donné, en revanche de date. L'opposition, quant à elle, a revendiqué et insisté, au cours de ses sorties médiatiques, sur le respect de la légalité constitutionnelle et la tenue, dans les délais de cette élection présidentielle. D'autres courants politiques ont, par ailleurs, dénoncé le silence sur l'avenir de cette élection et manifesté leur étonnement sur le changement de position des partis de la majorité, qui, dans un premier moment, au plus fort de la « bataille de l'APN », avaient appelé M. Bouteflika à briguer un 5ème mandat. Avant de changer de fusil d'épaule, après le départ de Bouhadja de l'APN et la chute inattendue de Djamel Ould-Abbes du FLN, pour appeler le président « à poursuivre son œuvre ». Pour autant, personne n'avait, au plus fort du doute quant à la tenue de cette échéance électorale, pensé à revenir tout simplement à la loi organique et ses dispositions. Car il est un fait indéniable que la bataille électorale avait commencé bien avant que le corps électoral soit, officiellement, convoqué, sur le terrain de la guerre psychologique entre courants politiques de potentiels candidats. Et, plus que jamais, la candidature de M. Bouteflika à un 5ème mandat reste d'actualité. S'il n'a rien laissé transparaître quant à ses intentions politiques futures, ses partisans l'appellent à « continuer ». Dans le contexte politique actuel, marqué par beaucoup de questionnements quant à cette candidature pour une 5ème mandature, il est difficile d'avoir des réponses immédiates, avec une opacité sans pareille, sur le cours des événements. Cependant, la suite des événements est en fait contenue dans l'article 140 de la loi organique portant régime électoral relatif aux « dispositions particulières relatives à l'élection du président de la République ». Cet article stipule que « la déclaration de candidature est déposée, au plus tard, dans les quarante-cinq (45) jours qui suivent la publication du décret présidentiel portant convocation du corps électoral. » En fait, si M. Bouteflika sera candidat à cette élection présidentielle, il a 45 jours, c'est-à-dire jusqu'au lundi 4 mars prochain, pour annoncer officiellement sa décision. Dans le cas contraire, des dispositions seraient très probablement prises entre les partis de la majorité et le président. Par ailleurs, au ministère de l'Intérieur, les préparatifs pour cette échéance électorale auraient déjà commencé, notamment pour la révision exceptionnelle des listes électorales. Noureddine Bedoui, ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire avait indiqué, jeudi, que son département est prêt pour l'organisation de la cette élection présidentielle, et que tous les moyens humains et matériels avaient été mobilisés. Il a souligné, dans une conférence de presse, en marge de la célébration de la Journée nationale de la commune, « la disposition de l'Administration à organiser ce processus électoral ». « L'expérience de l'Administration centrale et locale permet de réunir toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires à l'organisation de ce processus après la convocation du corps électoral par le président de la République », a-t-il ajouté, avant de préciser que la convocation du corps électoral « relève des prérogatives du président de la République. » Plus concrètement, le ministère de l'Intérieur a déjà entamé, selon des sources crédibles, les préparatifs de ce rendez-vous électoral, par un début de mise en place du dispositif de révision exceptionnelle des listes électorales.