Le Conseil national des enseignants du Supérieur (CNES) a appelé, hier, à l'organisation d'une conférence nationale, avant fin-mars prochain, «en vue d'élaborer un plan clair et précis» pour mettre fin à la violence, au sein de l'Université. Il a également, invité tous les acteurs concernés pour prendre part à cette réflexion, que ce soit la tutelle ou les différents partenaires sociaux, notamment, les syndicats et les organisations estudiantines. Dans son communiqué rendu public, le CNES constate, avec regret, que la violence au sein de l'Université «est passée des agressions physiques et atteintes psychologiques aux homicides et meurtres». Le Conseil s'interroge, aussi, sur les sociétés de sécurité et de gardiennage, chargées de garantir la sécurité, plaidant dans ce sens pour «l'ouverture d'une enquête urgente» sur leur travail. Il demande une prise de mesures urgentes pour assainir toutes les résidences universitaires du pays, des étrangers et des intrus «ainsi que la poursuite en justice et la prise de sanctions à l'encontre de tout individu impliqué dans de telles affaires». Le CNES prend en référence l'assassinat de deux étudiants en l'espace de quelques jours. «L'assassinat de l'étudiant Assil Belalta et celui de l'étudiant zimbabwéen, une semaine plus tôt, démontrent que les établissements et les résidences universitaires ne répondent plus aux normes de sécurité», a estimé la même source. Rappelons que l'enquête se poursuit toujours pour identifier «l'auteur ou les auteurs» du meurtre de Assil, égorgé dans sa chambre, à la cité universitaire Taleb Abderrahmane 2' de Ben Aknoun. L'étudiant, originaire de Bordj Bou Arreridj, était en 3ème année de médecine à la Faculté d'Alger. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, qui s'était rendu sur les lieux du crime, vingt-quatre heures plus tard, avait affirmé que son département «ne ménagerait aucun effort pour la sécurité des étudiants». Le CNES a, ainsi, exprimé sa volonté de coopérer «de manière inconditionnelle» avec la tutelle «pour le rétablissement de la stabilité et de la sécurité, dans le secteur de l'Enseignement supérieur». Des centaines d'étudiants en médecine se sont rassemblés dans l'enceinte de la faculté d'Alger, dénonçant ce crime et l'insécurité, dans les cités universitaires et des établissements hospitaliers. Par ailleurs, la police de la wilaya de Annaba a arrêté les trois auteurs présumés du meurtre de l'étudiant zimbabwéen, agressé et décédé, le 5 février passé. La victime, Ndudzu Prosper, 26 ans, inscrit en 2ème année master Economie, à l'Université Badji Mokhtar de Annaba a été mortellement poignardé par trois malfaiteurs, dans la commune de Sidi Amar (Annaba). En 2017, et suite à l'assassinat d'un enseignant universitaire de Khemis Miliana, Bachir Sarhane Karaoui, à Tipaza, par deux étudiants, des rassemblements de protestation avaient été organisés par des enseignants devant le ministère de l'Enseignement supérieur et dans plusieurs établissements du pays, pour dénoncer la dérive de l'Université. Tout en décrétant que la violence universitaire «n'a pas atteint le degré de virulence colporté un peu partout» Tahar Hadjar avait appelé la famille universitaire à s'unir et se soutenir pour lutter contre ce fléau. Il avait annoncé l'introduction de la thématique de la violence universitaire dans les prochains travaux du Conseil d'éthique et de déontologie de l'Enseignement supérieur.