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Aïn Temouchent - Hôpital Benzerdjeb : le service de rééducation sous pression
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 03 - 2019

  Considéré comme l'un des fleurons du secteur de la santé dans la wilaya d'Aïn Temouchent, l'établissement hospitalier Dr Benzerdjeb de 240 lits, dont l'inauguration remonte au mois de février de l'année 2007, commence à ressentir les effets d'une forte demande en soins.
Une attractivité qui pourrait s'expliquer d'une part par la réputation acquise par cet hôpital au plan de l'accueil et des conditions de séjour et d'autre part par les moyens assez performants mis au profit des malades en dépit de certaines lacunes touchant notamment le service de l'imagerie. Disposant de l'autonomie financière, l'E.H. d' Aïn Temouchent a pu de ce fait renforcer ses capacités d'intervention, avant que l'austérité ne s'installe, et acquérir un certain renom qui paradoxalement est devenu contraignant dans la mesure où de nombreux malades originaires d'autres wilayate comme Oran, Tlemcen ou Sidi Bel Abbès près de 2.000 en moyenne chaque année- viennent pour y recevoir des soins. A ce propos, il faut savoir que l'établissement hospitalier Dr Benzerdjeb a enregistré quelques succès en matière d'interventions chirurgicales de pointe réalisées par des équipes du cru en partenariat avec des médecins étrangers dans le cadre de conventions inter-établissements. La chirurgie de la colonne vertébrale et les traitements des déformations osseuses comme la scoliose, la chirurgie cardiaque par coronographie constituent entre autres des spécialités bien ancrées dans les pratiques médicales de l'E.H. Dr Benzedjeb qui n'a pas lésiné par ailleurs sur les moyens pour se doter en 2016 d'un analyseur non invasif. Un nouvel équipement de technologie servant à des analyses médicales sans recourir à des prélèvements sanguins, lequel appareil est capable d'effectuer 135 paramètres ou analyses en 05 minutes. Il a coûté à l'époque près de 4,5 milliards de centimes. L'autre investissement qui pose problème concerne l'I.R.M. (imagerie à résonnance magnétique) toujours en panne et qui n'a pratiquement pas servi malgré son prix exorbitant. Il était prévu qu'il entre en exploitation durant le premier trimestre 2015 et toutes les dispositions ont été prises à cet effet, à commencer par l'aménagement d'un abri hautement protégée et la formation à l'étranger des manipulateurs. Hélas, l'appareil est encore en stand-by et apparemment n'est couvert par aucune garantie puisque un réparateur a estimé à 2,5 milliards de centimes le montant de sa remise en état. Lors de sa récente visite à Aïn Temouchent, M. Mokhtar Hasbellaoui, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière a pris acte de cette contrainte mais la situation perdure. Les restrictions budgétaires sont mises en avant pour justifier le statu quo.
Un service à l'étroit
S'agissant des scanners existant dans les secteurs sanitaires de Temouchent, Béni Saf et Hammam Bou Hadjar, leur rendement est sujet à caution étant donné qu'obtenir un rendez-vous pour le citoyen lambda relève de la gageure d'autant que l'on invoque souvent soit une absence de radiologues soit des pannes. Pourtant les scanners du privé fonctionnent à plein régime parfois avec les mêmes personnels du secteur public. De tous les services en activité au sein de l'hôpital, c'est certainement celui de la médecine physique et de la réadaptation qui nécessite une attention soutenue. D'abord, de par le nombre de malades qui y transitent quotidiennement, soit près de 400 par semaine ou 80 patients/ jour, encadrés par huit (08) kinésithérapeutes et un médecin-chef spécialiste qui supervise les orientations de six autres médecins thérapeutes répartis à travers les centres médicaux de la localité. Le service en question est l'un des plus sollicités de la région vu la qualité de la prise en charge et des moyens qu'il recèle, du reste encore insuffisants. Le service de médecine physique vient en aide aux malades déficients moteurs, sensoriels ou cognitifs. Il est relativement mieux équipé que la plupart des unités similaires de la région ouest. La mission de l'équipe en place est de réduire au minimum les conséquences de la maladie, de l'affection ou de l'accident sur le plan fonctionnel, physique voire psychologique et sociale. Des objectifs qui requièrent un patient travail de réadaptation que les thérapeutes s'efforcent avec le matériel existant d'atteindre. Ce qui n'est pas si évident que ça si l'on se réfère aux protocoles de soins en vigueur dans les centres spécialisés modernes. Le service dispose certes d'un matériel plus ou moins adéquat notamment d'un EMG (électromyogramme) utilisé en radiologie pour étudier l'activité électrique des nerfs et des muscles ainsi que d'espaliers, vélos de rééducation, pédaliers, tables de soins, pouliethérapie, appareils d'électrothérapie et à ultrasons, lampes infrarouge, etc. Mais l'évolution des techniques de récupération physique ont introduit d'autres supports de soins pour combattre les handicaps. D'autant que l'espace réservé au service de Médecine physique s'avère actuellement exigu par rapport au flux des malades programmés. Nous l'avons constaté au niveau de la salle d'attente abritant le guichet d'accueil laquelle salle n'arrive plus à contenir les personnes âgées trainant leur handicap, les mamans patientant debout avec leur enfant sur les bras, les hémiplégiques victimes d'AVC… Doté de quatre espaces de soins dont des petits bureaux abritant le matériel d'électrothérapie, le service malgré une relative aisance au plan des moyens a manifestement besoin d'espace pour accomplir dans de bonnes conditions ses programmes de soins personnalisés. Et à cet égard une des solutions possibles consisterait peut-être à délocaliser en un autre lieu la pharmacie mitoyenne au service de rééducation fonctionnelle afin de procéder à une extension sans travaux majeurs. Dans le même ordre d'idées, des travailleurs syndicalistes évoquent également le fait que le terrain situé en face de l'entrée secondaire de l'établissement et sur lequel devait être édifié un service d'urgence - la plaque commémorative existe encore- pourrait servir à la création d'autres entités dans la perspective d'une érection de l'E.H. en centre hospitalo-universitaire. Jouxtant l'ancien cimetière israélite et une placette aménagée, l'assiette s'étend jusqu'à la limite du jardin réservé aux visiteurs. On croit savoir que les terrains domaniaux entourant le pôle médical de l'hôpital Benzerdjeb font l'objet de sérieuses convoitises. Une enquête saurait le confirmer. Il convient de se projeter sur le moyen et le long terme en ayant à l'esprit que d'ici 2025 ou 2030 l'EH. Benzerdjeb n'arrivera plus à répondre aux besoins des populations et qu'il est primordial de préserver les terrains alentour pour d'éventuelles extensions. Pour l'instant, une réflexion s'impose autour de l'avenir du service de réadaptation, présentement bien géré grâce au dévouement du personnel, afin de maintenir son efficience et le hisser au diapason d'une médecine plus humanisée et de haute qualité tout en diversifiant les moyens actuellement engagés. Et cela compte tenu du nombre de plus en plus élevé de malades impotents que le destin a conduit à se reconstruire et cela suite à un malheureux événement (accidents, maladies congénitales, AVC, arthroses, lombalgies, polyarthrites, lupus, hernies, sclérose en plaques et autres pathologies dues à l'âge). Il parait par conséquent plus que nécessaire d'offrir au service de rééducation davantage de conditions car la spécialité est appelée à s'inspirer de méthodes nouvelles en cours dans les pays dits développés comme la thermothérapie ou hydrothérapie, la magnétothérapie, le laser, la rééducation virtuelle et d'autres traitements. En fait c'est toute une panoplie de matériels et de spécialistes de différents horizons - rééducateurs, kiné, ergothérapeutes, orthophonistes, orthoprothésistes, physiothérapeutes qui est mise à contribution au niveau des pôles de médecine physique et de réadaptation afin de lutter contre toute sorte de handicaps. L'E.H. Dr Benzerdjeb aspire-t-il à cette ambition ?


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