Ce vendredi 15 mars, les Algériens sont appelés à défiler pour la quatrième semaine consécutive pour réclamer des réformes politiques radicales, y compris -et surtout- la fin du système actuel et le départ de ses «hommes». L'opinion publique algérienne s'est déjà fixé des objectifs «minima» et, plus que tout, ne veut plus d'un système et son personnel qui ont conduit à l'impasse actuelle sur tous les fronts. L'annonce du renoncement à un 5e mandat et le report de l'élection présidentielle ont ulcéré les Algériens qui, passé le moment de stupeur, estiment qu'ils n'ont pas été bien entendus. Alors, ils continuent à battre le pavé pour bien faire comprendre qu'ils exigent un changement et un nouveau mode de gouvernance qui ne soit pas intoxiqué par des demi-mesures bonnes à imposer une période de transition politique qui n'a jamais été revendiquée ni demandée. Car ce qui s'est passé, le report de l'élection présidentielle même si aucune disposition dans la Constitution ne dispose d'une telle mesure, est tout simplement une mystification de la volonté populaire. Cela peut être également interprété comme un coup de force et un détournement du formidable fleuve de millions d'Algériens qui manifestent depuis maintenant presque un mois pour l'avènement d'un nouveau système politique. Or, la réponse du président Bouteflika aux demandes pressantes, non pas de l'opposition, mais des Algériens de toutes les parties du pays, pour un changement politique radical et la mise au rebut une élection présidentielle devant perpétuer autant l'injustice sociale que la crise multidimensionnelle, n'a été ni à la hauteur des attentes populaires, encore moins celles des partis de l'opposition. Les marches des Algériens émerveillent le monde et sont maintenant devenues un exemple d'urbanité et de citoyenneté pour nombre de démocraties occidentales, pour faire comprendre qu'ils ne veulent pas de solutions de rechange ou de travaux de replâtrage à un appel national pour la création des fondements d'une seconde république. Les pions du pouvoir ne peuvent être avancés dans le contexte politique et social actuel, qui ne doit pas, autrement, donner prétexte à des solutions imposées, déjà envisagées, pour perpétuer un système de gouvernance qui a atteint depuis plusieurs années ses limites. Insister à perpétuer ce statu quo, à proposer des solutions sans lendemains qui ne feront que retarder l'ancrage de la société algérienne à un véritable état de grâce démocratique, avec une élection libre et transparente dans les plus brefs délais, l'élection de nouvelles instances parlementaires, est suicidaire et dangereux pour la stabilité et la sécurité du pays. A moins de vouloir imposer des sorties de crise impopulaires et prendre à contre-pied la réalité sociale et politique actuelle. Un scénario qui ne fera qu'exacerber une crise politique et institutionnelle qui ne doit pas durer plus longtemps qu'il n'en faut.