Comme à chaque début de Ramadhan, la mercuriale devient presque une affaire d'Etat tant la pression exercée sur les prix exacerbe l'humeur de l'opinion publique. Ainsi, et devenant une habitude, les pouvoirs publics s'impliquent à pareille occasion et le département du commerce en charge de ce secteur a annoncé la veille du mois de carême que les prix de référence des légumes de base, de la banane et de la viande bovine importée devaient être appliqués dans tous les marchés du pays à partir de dimanche dernier, pour protéger le pouvoir d'achat du citoyen. Une précision de taille qui, malheureusement, n'est jamais prise en compte sur le terrain où les détaillants, dernier maillon de la chaîne de distribution, matérialisent l'augmentation exagérée des prix. Malgré le discours musclé du ministre du Commerce et sa menace de «sanctions fermes» à l'encontre des commerçants qui ne respectent pas ces prix de référence, on est en droit de s'interroger sur l'efficacité d'un tel discours d'autant plus que les aveux d'échec quant à réglementer une mercuriale indomptable se sont fait trop entendre ces dernières années. En 2018, ce même ministre avouait l'échec de son département à juguler la frénésie des prix des produits alimentaires pendant le Ramadhan. Pourquoi est-ce si difficile d'organiser les marchés en pareille période surtout que cette mercuriale si spéciale, qui fait de chaque mois de carême un enfer quotidien pour les ménages algériens à moyens revenus, est d'autant plus attendue et redoutée qu'elle est cyclique. C'est à s'interroger sur la politique gouvernementale qui dispose chaque année de onze mois pour s'organiser et proposer des mécanismes de contrôle, en amont et en aval, à même de limiter les marges bénéficiaires prohibitives du marché des fruits, légumes et viandes. Chaque année, les Algériens assistent impuissants à l'effondrement de toutes les promesses faites par les responsables sectoriels quant à des prix fixes, abordables pour la majorité, cette année sera-t-elle la bonne ? En théorie oui puisque la question des prix relève avant tout du civisme et dans cette dynamique du hirak où on appelle à poser les jalons d'une deuxième République, les Algériens sont en droit de s'attendre à de nouvelles pratiques plus citoyennes. Malheureusement, quand le kilogramme de tomate est proposé à 150 DA, on se dit que ce n'est pas gagné d'avance.