Une centaine de Mozabites ont organisé, mardi à partir de 10h30, un rassemblement de soutien aux détenus mozabites, en l'occurrence le Dr Kamel Eddine Fekhar, Hadj Brahim Aouf, Ahmed Lassakeur, Nordine Tichabet, Idriss Kheyat et Mohamed Baba Nedjar. « Libérez les innocents ! », « après 44 jours de grève de la faim, leurs vies sont en danger », « vous les aurez sur votre consciences », « à Ghardaïa, le médecin en prison, le professeur de physique en prison et l'avocat sous contrôle judiciaire, où est la justice ? » , répétaient sans cesse la centaine de Mozabites venus apporter leurs soutiens et appeler à la libération du Docteur Kamel Eddine Fekhar et de l'enseignant de physique, Hadj Brahim Aouf, hospitalisés depuis deux semaines et qui en sont à leur 44ème jour de grève de la faim . « Leur état de santé s'est gravement détérioré et leurs vies sont en danger patent .Ils sont hospitalisés depuis deux semaines à l'hôpital Dr Brahim Tirichine de Sidi Abbaz » déclare à la presse un des manifestants, qui ajoute « ils refusent de suspendre leurs grèves de la faim. Innocents, ils veulent aller jusqu'au bout, soit leur libération soit la mort en prison. Et là qui en assumera la responsabilité ? ». Encadré par un impressionnant cordon de sécurité, une centaine de Mozabites ont organisé, mardi à partir de 10h30 , un rassemblement de soutien aux détenus mozabites, en l'occurrence le Dr Kamel Eddine Fekhar, l'enseignant Hadj Brahim Aouf, mais aussi, et portraits brandis à l'appui, Ahmed Lassakeur, Nordine Tichabet, Idriss Kheyat et Mohamed Baba Nedjar dont ils brandissaient à bouts de bras les portraits au milieu de l'emblème national et l'emblème amazigh. Répétant à gorges déployées « libérez les prisonniers d'opinions », « halte au racisme envers les mozabites » et « libérer les innocents, les coupables sont dehors », ils ont appelé les autorités à éviter la répétition du drame de Mohamed Tamalt, journaliste mort en prison, faisant référence à la grève de la faim entamée depuis 44 jours par le Docteur Kamel Eddine Fekhar et le professeur de physique Hadj Brahim Khiat et dont l'état de santé « se serait aggravé ». Prenant la parole, un des manifestants a appelé les autorités judiciaires « à libérer l'enseignant Hadj Brahim Aouf , professeur de physique au lycée de Zelfana qui n'a fait, comme des millions d'Algériens, qu'exprimer son opinion sur des affaires de malversations . » Il ajoute : « nous ne sommes pas contre la justice, bien au contraire, elle se doit d'être appliquée avec équité envers tous les Algériens. Mais nous restons sceptiques devant l'arrestation d'un professeur de Lycée qui n'a fait qu'exprimer ses opinions. Pourquoi est-il en prison ? Est-ce qu'il constitue un danger pour le pays ? Nous avons le devoir d'alerter l'opinion publique sur le danger qui menace la vie de notre collègue qui a entamé une grève de la faim depuis sa 1ère journée d'incarcération, il y a de cela 44 jours. Cette grève de la faim, qu'il refuse d'arrêter, constitue un danger imminent sur sa santé. Déjà, tout le monde a vu qu'il ne peut même pas marcher et que pour être entendu par le magistrat instructeur, il a été ramené la dernière fois sur une chaise pour être présenté au magistrat instructeur. Pour le docteur Kamel Eddine Fekhar, c'est la même chose. Que fait-il en prison ? Il ne lui a pas suffi les deux années qu'il avait déjà passé dans les pires bagnes d'Algérie et toutes les grèves de la faim qu'il avait entamée pour crier son innocence ? Non sa place n'est pas en prison mais auprès de ses malades.» Puis après un court silence, il assène « n'en faisons pas d'eux d'autres Mohamed Tamalt, ils ne méritent pas le sort qu'il leur est fait. » Après avoir organisé un sit-in de plus d'une heure devant tribunal et scandé plusieurs slogans appelant à la libération « de tous les détenus d'opinion du Mzab », les manifestants ont changés de lieu de protestation en se déplaçant face aux grilles du siège de la wilaya a, protégée par un imposant cordon de sécurité, où ils ont organisés un autre sit-in d'un quart d'heure avant de repartir en organisant une marche du boulevard Emir Abdelkader jusqu' à la vieille place du marché de Ghardaïa où ils se sont dispersés dans le calme. Bien encadrés par les services de sécurité qui ont intelligemment géré l'évènement, tout s'est passé dans le calme sans le moindre dérapage ni dépassement. Même s'ils ont été les plus réclamés par la foule des manifestants, Kamel Eddine Fekhar et Hadj Brahim Aouf ne sont pas les seuls détenus Mozabites dont le nom a été scandé pour demander leur la libération. Sur les portraits brandis, les visages de quatre autres mozabites, incarcérés dans deux affaires différentes, les premiers, en l'occurrence Nordine Tichabet et Idriss Kheyat, ont été condamnés mardi 26 mars 2019 par la cour criminelle de Ghardaïa, à dix ans de prison chacun , accusés du meurtre du notable mozabite Omar Allout, lâchement et mortellement attaqué à l'arme blanche par un groupuscule d'assassins chez lui, dans son jardin, le 18 octobre, décédé le 23 octobre 2016 à l'hôpital du Dr Brahim Tirichine de Ghardaïa des suites de ses blessures. Un communiqué diffusé, à l'époque sur internet par un groupuscule inconnu avait, juste après, promis également d'assassiner d'autres notables black listés. Quant au Docteur Kamel Eddine Fekhar et Hadj Brahim Aouf, ils ont été interpellés cinq jours plus tard, soit le 31 mars, et après 48 heures passées dans les locaux de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Ghardaïa, ils ont été présentés le mardi 2 avril devant le procureur de la république près le tribunal de Ghardaïa qui les avait déférés devant le magistrat instructeur. Après les avoir longuement entendu, lui et son compagnon Aouf Hadj Brahim, le juge d'instruction les a placés sous mandat de dépôt pour des accusations très graves, à savoir atteinte à la sécurité nationale, incitation à la violence raciale, incitation à l'attroupement armé, outrage aux institutions de l'état, notamment le corps de la justice. Ils ont été écroués à la prison de Châabet Ennichène de Ghardaïa. Pour rappel, le docteur Kamel Eddine Fekhar, a été libéré le dimanche 16 juillet de la prison de Médéa après avoir purgé une peine de deux ans de prison. Arrêté durant la nuit du jeudi 09 juillet 2015, soit deux jours après les sanglants affrontements 07 juillet 2015 à Guerrara, ou 22 personnes, en majorité des Mozabites, ont été tuées, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour “atteinte à la sûreté de l'Etat” et “incitation à la haine raciale”. Ce n'est qu'après 23 mois passés en prison et après entamé en janvier 2017 une longue grève de la faim pour dénoncer sa détention sans procès, que son dossier judiciaire se décanta. Mais auparavant et après une grande mobilisation et une campagne de solidarité en sa faveur, dont une longue marche entamée par son avocat, Me Dabouz, que Kamel Eddine Fekhar a décidé de suspendre sa grève en avril de la même année. Son procès a eu lieu le mois d'après, en Mai 2017. Ayant totalement purgé sa peine de deux années fermes, il a été remis en liberté le dimanche 16 juillet 2017. Djamel – K