Finalement, Djamel Belmadi n'avait pas tort de préparer sérieusement le Kenya, que d'aucuns sont allés jusqu'à le considérer comme un faire valoir. Or, les premiers matches de cette édition 2019 ont montré clairement que les soi-disant petites équipes se comportent honorablement, jusqu'à faire douter les favoris, un statut souvent cité et diversement interprété au sein des médias et de la corporation des entraineurs. A la suite des observations, Belmadi avait mis l'accent sur la solidité de la défense kenyane, que l'entraineur français Sébastien Migné, considérait presque comme un manque de respect. Aussi, peu avant la rencontre, il a lancé un avertissement : « Si Belmadi n'a pas vu nos qualités offensives, il les verra ce soir ! ». Or, sur ce point là, il aura certainement une copie à revoir. Par ailleurs, il n'a pas fait mystère de préparer un plan anti-Bounedjah, qui était, selon lui, le principal danger pour son équipe. Ce sont là les paramètres ayant entouré ce match qui avait d'autres inconnues comme, à titre d'exemple, la mauvaise manie de l'équipe d'Algérie à mal débuter ses rendez-vous en Coupe d'Afrique des nations. Ne désirant pas s'attarder sur ce que les spécialistes considèrent comme un syndrome, Belmadi a mis en garde ses poulains, exigeant le maximum de concentration face à des Kenyans n'ayant rien à perdre dans ce débat d'ouverture. Adepte déclaré du classique 4-3-3, Belmadi a démarré en réalité en 4-1-4-1. On comprend cette précaution, car il voulait mettre aux oubliettes le syndrome des entames de compétition poussives, tenant avant tout, à faire aussi bien que le Sénégal face à la Tanzanie quelques heures auparavant (2-0). La comparaison des ces matches a fait ressortir que les Sénégalais ont déroulé face une équipe limitée, tandis que les Verts ont réussi à gérer une situation favorable contre un adversaire très agressif ayant bénéficié du laxisme de l'arbitre malien Mahamadou Keita. Comme prévu, les Algériens ont eu la possession du ballon et ont matérialisé, non sans peine, cette supériorité. Il a fallu une montée d'Atal pour faire sauter le verrou kenyan. Même Bounedjah aurait dû obtenir la même décision. Il faut relever un autre constat, à savoir que le coach français a bien appréhendé le jeu algérien en appliquant un marquage étroit sur Belaili pour tuer dans l'œuf la « connexion » avec Bounedjah. Avec 28 fautes dont certaines grossières qui ont irrité Belmadi, les Kenyans se sont avérés difficiles à manier. Or, il est clair que si les hommes de Sébastien Migné ont repris confiance en seconde mi-temps, c'est que les Verts ont relâché leur pression, consciemment ou non, comme l'a confirmé Belmadi : « J'ai senti que mes joueurs voulaient gérer le match ». Certes, les satisfactions ne manquent pas. A commencer par la défense qui a fait preuve de vigilance sur les tentatives kenyanes, même Guedioura s'est montré solide et concentré, tandis le duo Feghouli-Bennacer a fort bien assuré sa mission au milieu sur les plans défensif et offensif. D'ailleurs, ce n'est pas par hasard si le sociétaire d'Empoli (Italie) a été distingué «homme du match», après une belle prestation assortie par la passe décisive à Mahrez. Il est certain que des lacunes ont été relevées par le sélectionneur, comme cette propension à balancer parfois des ballons au lieu de servir un coéquipier, ainsi que des pertes de balles évitables en apparence. Du côté kenyan, le technicien Migné a reconnu la supériorité de l'équipe algérienne, tout en cherchant à se dédouaner, prétendant n'avoir pas reconnu son équipe. Il s'agit, bien sûr, de la classique explication à l'intention des médias et des supporters.