L'Algérie en particulier et le monde arabo-musulman en général viennent de perdre un éminent et pieux savant, le professeur Mohamed Benbrika, Al Hassani. Il a honoré l'Université algérienne. Intègre, engagé et compétent, il a été de tous les combats intellectuels pour défendre l'Islam authentique, les valeurs ancestrales de l'Algérie et la fraternité humaine. Enseignant en Sciences islamiques à l'Université d'Alger, membre de l'Académie internationale du soufisme et du Centre international du dialogue interreligieux, il était pluridisciplinaire, philosophe et théologien, spécialiste hors-pair du soufisme. Reconnu et admiré par tous ses collègues, notamment à travers le monde arabe, il était un exemple de dévouement et de simplicité, qui alliait loi et vérité, charia et haqiqa. Le défunt avait appris le Coran très jeune et étudié la Sunna avant de poursuivre ses études jusqu'à l'obtention d'un Doctorat en philosophie à l'Université d'Alger. Parfait trilingue, auteur de trente ouvrages, dont un dictionnaire, en cinq volumes, sur le soufisme, il n'avait de cesse d'expliquer la voie du bel-agir, al ihsan, avec ardeur. Faqir estimé au sein de la pieuse Tariqua Hebriya-Belkaidiya, et apprécié par les cheikhs des Zaouias, du Maghreb au Machrek, et par tous les adeptes du soufisme, le Docteur Mohamed Benbrika était une des figures spirituelles militantes et attachantes de cette Algérie profonde, mystique et millénaire, du juste milieu. Depuis le début, durant les éditions des prestigieux Dourous Mohammedia à la Zaouïa de Sidi Maârouf à Oran, par son savoir, il a toujours ébloui ses collègues, un public attentif et des téléspectateurs assidus. Son rappel à Dieu est une grande perte. Ses enregistrements télévisés, ses livres et ses étudiants resteront un héritage inestimable. Il a concilié, dans ses études, entre la philosophie et le soufisme, comme art de vivre, et dans ses recherches, entre méthodes classique et moderne, pour viser la conjugaison entre l'authenticité et la modernité. Ce combat commun, sur la voie mohammadienne et patriotique, pour le vivre ensemble et l'algérianité, contre tous les extrémismes, nous le partagions. Il critiquait les sectes, les fanatiques se réclamant de l'Islam et d'autres religions ou du régionalisme, qui cherchent à perturber la cohésion nationale. Pour riposter, avec passion, il n'avait de cesse d'écrire et d'animer des conférences et des cours sur la religion et la philosophie du soufisme. Dans le cadre de nombreuses rencontres, conférences et émissions, il dénonçait, avec science et conscience, le prosélytisme, tout ce qui porte atteinte aux référents et valeurs du peuple algérien et à l'Islam des lumières. Adieu l'ami, repose en paix.