L'ancien ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a été élu, ou plutôt «plébiscité», hier, en tant que nouveau secrétaire général par intérim du RND, par la majorité des membres du conseil national de ce parti. En effet, réuni à Club des Pins, sur la côte ouest d'Alger, à l'occasion d'une session extraordinaire présidée par l'ancien ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Abdallah Ghoulamllah, Mihoubi s'est vu confier la direction du RND qui vit l'une de ses plus graves crises du fait du scandale provoqué par l'incarcération de Ahmed Ouyahia, à la prison d'El Harrach. Ghoulamlah, qui a installé le bureau devant superviser les travaux de cette session extraordinaire, a fait savoir que 357 membres participent à la réunion. Le chiffre avancé par l'ancien ministre des Affaires religieuses sous Ouyahia, était un peu exagéré puisque la salle contenait à peine une centaine de délégués ramenés par fourgons. Le plébiscite du nouveau patron par intérim du RND a eu lieu à travers un vote à main levée. Cependant les votes par procuration n'ont pas été divulgués et le président de séance n'a pas également donné d'indication sur le quorum s'il avait été atteint ou pas. Il a suffi, en tout et pour tout, seulement une dizaine de minutes pour mettre en place le nouveau SG du RND comme si les choses avaient été conclues avant même cette « réunion extraordinaire ». C'était en fait une simple formalité. Après avoir constaté la vacance du poste de SG, les organisateurs se sont empressés d'annoncer la seule candidature de Mihoubi en appelant les délégués à voter pour lui. L'ancien porte-parole du RND, Seddik Chihab, n'a pas participé à la réunion. L'homme qui a multiplié les attaques contre Ahmed Ouyahia après son emprisonnement a été sommé, avons-nous appris dans les coulisses, de ne pas assister à cette assemblée extraordinaire ce qui prouve encore une fois que les pratiques de ce parti n'ont pas évolué en dépit de tout ce qui se passe dans notre pays depuis le 22 février. Dans son allocution, Azzedine Mihoubi semblait aux antipodes de la réalité en dénonçant les malversations et les détournements dont sont accusés nombre de responsables, alors que le parti du RND est en grande partie responsable de cette situation du fait de sa politique de clientélisme et de prédation. Mihoubi promet de réformer en « profondeur » le parti et affirme qu'il va donner la chance aux jeunes pour revoir le fonctionnement du RND qui reste, selon lui, une « force de proposition ». A ce sujet, le nouveau patron du RND qui a multiplié les clins d'œil à l'endroit de l'institution militaire et de son chef d'état-major Gaid Salah, a affirmé que son parti est contre la période de transition revendiquée par une partie de l'opposition. « Nous sommes pour des solutions constitutionnelles » a-t-il tonné, en soulignant que le salut réside dans l'organisation des élections présidentielles. L'orateur, durant de longues minutes, a consacré son discours aux vertus du dialogue. Ce dernier doit absolument prévaloir afin de sortir de la crise actuelle, estime encore Azzedine Mihoubi qui affirme que le RND ne doit pas être exclu de ce dialogue car dit-il : « nous aussi nous sommes de ce peuple ». Le nouveau patron du RND, durant plus d'une heure a parlé de la crise que vit le pays mais n'a, à aucun moment, évoqué les raisons qui ont conduit ce peuple à sortir dans la rue pour réclamer un changement radical. Comme du temps d'Ouyahia, l'assistance a acclamé le nouveau chef et fait allégeance à cet ancien ministre de la Culture. Le roi est mort, vive le roi !