Des professionnels de la santé s'interrogent sur la situation préoccupante du Centre de lutte contre le cancer (CLCC) de Chetouane (d'une capacité de 120 lits), qui ne fonctionne aujourd'hui qu'avec deux services, à savoir la radiothérapie et l'hématologie sur les treize autres prévus dont notamment les services de réanimation, médecine nucléaire, anatomie pathologique, oncologie médicale adulte, biologie clinique, anatomie pathologique et la chirurgie carcinologique. Dans ces conditions, ce grand projet sanitaire qui a débuté ses activités en septembre 2017 n'est pas réellement en capacité de mener ses missions de prise en charge optimale des patients, que ce soit au moment du diagnostic par la découverte de facteurs prédictifs permettant d'adapter au mieux les traitements, lors de la phase thérapeutique, tels que les nouvelles molécules, innovations technologiques en chirurgie, radiothérapie, ou encore dans l'accompagnement. Comme l'ont indiqué plusieurs spécialistes au Quotidien d'Oran, le rattachement au CHU de Tlemcen de cet établissement de santé qui dispose d'équipements de dernière génération (dont un scanner de 13 milliards), l'absence d'autonomie sur le plan organique, financier et logistique, ainsi que les difficultés auxquelles il fait face compliquent le fonctionnement convenable de cette structure médicale dont une trentaine d'entreprises nationales et étrangères ont été impliquées dans sa réalisation. Ce centre devait accueillir non seulement les cancéreux de la wilaya de Tlemcen, mais également ceux issus des autres régions avoisinantes comme AïnTémouchent, Nâama, El-Bayadh et Mécheria pour éviter aux patients de longs et coûteux déplacements vers les hôpitaux de la capitale. En outre, compte tenu de la situation critique qu'il traverse depuis maintenant plusieurs mois, le CLCC peine à se doter des fluides et gaz médicaux dont notamment l'oxygénothérapie qui consiste en l'administration d'oxygène additionnel dans les voies aériennes des patients, le protoxyde d'azote qui est utilisé en anesthésie, chirurgie, odontologie comme adjuvant pour ses propriétés anesthésiques et antalgiques, et l'aspiration. Les deux services opérationnels manquent même d'eau courante, nous disent ces médecins, et ce malgré le château d'eau et le puits réalisés dans l'enceinte de ce centre. Un autre problème se pose au niveau de cette nouvelle infrastructure : les mesures de prévention et de protection contre les incendies font défaut. Selon les mêmes sources, les dispositifs de sécurité, de signalisation et d'alarme ainsi que les équipements (extincteurs portatifs ou muraux) et systèmes de détection et d'alarme de fumée qui évitent la propagation du feu à l'intérieur des bâtiments n'existent même pas ! « Au départ, notre ambition était de poser les bases d'un futur centre de lutte intégré en cancérologie et organisé autour des besoins du patient, qui traite des cancers et assure des missions de soins, de prévention, de recherche et d'enseignement. D'ailleurs, tout le personnel médical, paramédical, administratif, les associations des malades cancéreux, mais aussi partenaires extérieurs et l'ensemble des professionnels se sont investis pour mettre en place un véritable collectif de soins. Nous avons fixé le cap ensemble et identifié toutes les étapes pour la prise en charge globale du patient. Malheureusement, c'était peine perdue ! Car les patients souffrent ! Ce centre n'est pas indépendant ! Il ne peut pas assurer une prise en charge de qualité, pertinente et innovante et concrétiser son ambition de devenir un pôle reconnu et un centre intégré de recherche et de soins en cancérologie. Seul un statut dans l'intérêt des malades cancéreux lui permettra de recouvrer son autonomie organique, organisationnelle, logistique et financière pour se structurer et proposer des soins aux patients à la hauteur de ces équipements de dernière génération », a souligné un professeur de médecine. Selon des spécialistes, chaque année, il est recensé en Algérie environ 50.000 nouveaux cas de cancer, dont les plus fréquents sont ceux du sein, de la prostate, du poumon et colorectal. A noter que cette problématique de rattachement au CHU a été exposée par le wali de Tlemcen au ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Salah-Eddine Dahmoune, lors de sa dernière visite d'inspection et de travail dans la wilaya de Tlemcen.