Société civile et partis politiques, place des jeunes dans la vie politique, le rôle de l'argent dans la quête du pouvoir, la corruption, l'indépendance de la justice sont autant de thèmes abordés, hier, par le candidat à la présidence du 12 décembre prochain, Abdelmadjid Tebboune, lors de l'émission «l'Invité de la rédaction» de la chaîne 3 de la Radio algérienne. Dans cet exercice de questions-réponses, le candidat indépendant à la présidentielle s'est engagé, s'il est élu, à répondre, sur des bases constitutionnelles et juridiques, aux «exigences» populaires d'aborder une nouvelle ère. «L'Algérie de 2019 n'étant plus celle de 1988», il assure qu'il sera fidèle à ces exigences. Répondant à une question sur les changements que le candidat envisage d'apporter, notamment en matière de séparation des pouvoirs, à la lumière des 54 engagements figurant sur son programme de campagne pour l'instauration d'une nouvelle république, M. Tebboune dira, en effet, que son rôle sera «d'encourager les changements demandés par le Hirak», essentiellement, en traduisant «de manière constitutionnelle et juridique la demande qui a été faite de manière populaire». Pour M. Tebboune, soit on évolue vers «un changement interne volontaire parce qu'il y un constat honnête qui est fait et qui nécessite un changement. Soit, ce sera imposé d'une manière ou d'une autre». A propos de son engagement à «édifier une société civile libre et active en mesure d'assurer sa responsabilité en tant que contrepouvoir», mais surtout du choix que cela implique pour le candidat qu'il est à la magistrature de «ne plus être seul aux commandes comme l'ont été les précédents par le passé», M. Abdelmadjid Tebboune dira : «La société civile n'a pas à être formatée par quiconque». Pour lui, «c'est elle-même qui adhère ou qui n'adhère pas. C'est elle-même qui fait de sa présence un vrai contrepouvoir et un complément dans la gestion des affaires du pays». S'agissant des partis politiques et de leurs rôles réels ou supposés sur la scène politique en tant que relais des aspirations du peuple, l'invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio algérienne fait un constat lourd de sens. «Il y a de grands partis. Il y a des partis moyens. Et il y a beaucoup de micro-partis. Ils ne sont pas arrivés à encadrer la population totalement sur un plan, je ne dirais pas idéologique, mais disons de leurs programmes», a-t-il affirmé. Pour l'ancien chef du gouvernement, «la démocratie veut que les partis participent. Beaucoup sont à l'Assemblée nationale, mais cela reste en deçà des attentes ». La preuve, a-t-il martelé, «quand la rue veut s'exprimer, elle s'exprime toute seule». A la question de savoir s'il compte revoir la loi relative aux partis politiques et si certains devront disparaître de fait, M. Tebboune dira que «la démocratie veut que vous ne touchiez pas à un parti. Le parti est là, il se renforce. Il aspire à prendre les rênes du pays d'une manière ou d'une autre à travers les Assemblées nationales, à travers un chef de gouvernement ou autre». Toutefois, a-t-il souligné, «vivoter, ce n'est pas une solution politique. C'est à eux de s'organiser pour faire partie du paysage politique du pays». Un pays, a-t-il précisé, qui aspire à une vraie démocratie». Les partis politiques «sont donc indispensables et incontournables», a-t-il assuré. Interpellé sur sa position par rapport aux appels lancés par certains partis à «mettre le FLN au musée», le candidat Tebboune répond : «Ce que je vous ai dit pour les autres partis s'applique aussi au FLN. Nul n'a le droit de dissoudre un parti. Nul n'a le droit d'imposer un diktat pour dire que ce parti est bon et que celui-ci n'est pas bon. Seul le citoyen peut le dire et le citoyen l'exprime aisément à travers les urnes. C'est tout». Reconnaissant que par le passé, les centres de décisions n'étaient pas suffisamment ouverts aux jeunes compétences, M. Tebboune s'engage, par ailleurs, à institutionnaliser cette ouverture à leur profit sur la base de la parité. Il s'engage en outre à être en faveur de l'élimination de l'argent de la vie politique, les jeunes, tout comme les démunis, «n'avaient aucune chance d'y accéder». Il considère que l'aide que l'Etat pourrait apporter ne se résume cependant pas en un soutien financier. De la lutte contre la corruption, il répond que celle-ci a commencé et qu'il faut donc la continuer, «parce qu'elle a gangrené la société à tous les niveaux». Son mot d'ordre à ce sujet : «moraliser la société, moraliser la gestion et moraliser la politique». S'agissant de la question relative à l'indépendance de la justice, M. Abdelmadjid Tebboune promet s'il est élu de «faire le maximum» pour entamer ce chantier. Signalant que cette question fait encore «débat même en Occident».