Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a affirmé, jeudi dernier, à Alger, que le projet de loi sur la publicité «sera prêt avant la fin 2020», s'engageant à «assainir» le secteur de la presse des «forces extra-professionnelles». Répondant aux préoccupations des intervenants à l'atelier sur la presse électronique, le ministre a souligné que la publicité se dotera «d'une législation spéciale avant la fin 2020» laquelle tiendra compte de plusieurs questions, dont celle relative au monopole dans la distribution de la publicité, les spécificités de la société algérienne et des questions d'ordre économique. A cette occasion, le ministre a réitéré l'importance de créer «un dispositif de régulation propre à la pratique journalistique», dont la mission consistera à veiller au suivi de l'opération de tirage et de la publicité pour garantir l'équité dans la distribution, en œuvrant à asseoir des mesures de médiation et d'arbitrage pour le règlement des conflits inhérents à la pratique de la profession, au lieu de recourir à la justice. Le ministre s'est engagé à assainir le secteur de l'Information de ceux qu'il qualifie de «forces extra-professionnelles», ajoutant qu'il sera procédé, dans les prochaines semaines, à l'élaboration d' «un texte de loi sur la presse électronique». Présidant l'ouverture de l'atelier, M. Belhimer a indiqué que la presse électronique, en Algérie, «est un domaine naissant qui a besoin d'accompagnement et d'un développement sécurisé et organisé, lui permettant de consolider les acquis, en la matière, et de moderniser en permanence l'innovation dans le domaine de la Communication, un secteur stratégique, régalien, vital et dont la mission sensible consiste en la production d'un contenu algérien présent en force dans le réseau». Dans ce cadre, le ministre a appelé les enseignants-chercheurs et les professionnels du secteur, à enrichir la feuille de route du ministère de la Communication, pour avoir un «appui organisationnel et réglementer la presse électronique, dans le cadre d'un nouveau mode de traitement, impliquant les compétences existantes dans la prise de toute décision». Rappelant que le nombre de sites électroniques d'information s'élevait à 150, dont 84 déclarés auprès du ministère, le ministre a précisé que ce type de presse active dans un vide juridique, ce qui a créé une situation caractérisée de déséquilibre, a-t-il déploré. En ce sens, des spécialistes et des professionnels des médias ont souligné, lors de la rencontre, à Alger, la nécessité de réglementer la presse électronique, en élaborant des «textes assez clairs» pour consacrer son développement dans le respect de l'éthique de la déontologie. Pour Belkacem-Ahcene Djaballah, journaliste et spécialiste des médias, il y a une «volonté de bien faire et d'impulser le changement» pour apporter des améliorations au paysage médiatique, surtout l'élaboration de textes «assez clairs» qui embrassent toutes les parties de ce paysage, particulièrement en ce qui concerne l'information électronique. Ces textes de loi donneront aux sites électroniques un cadre réglementaire pour qu'on les assimile à des journaux, pour éviter ainsi la confusion, a-t-il poursuivi. Le spécialiste des Technologies de l'information, Younes Grar, a expliqué, pour sa part, que lorsqu'on parle de numérisation, de plate-forme électronique, y compris les sites d'information en ligne, il y a deux choses qui doivent être réunies pour réussir ce genre d'activité. Il s'agit de régler les problèmes d'infrastructure et d'Internet, sa disponibilité, le débit ainsi que le payement en ligne, car c'est une activité qui doit faire générer de l'argent, en permettant de vendre et de facturer, en ligne. M. Grar a assuré qu'en Algérie, il n'y avait pas de problème technique, mais plutôt de volonté (politique), ajoutant que le problème est qu'on essaie de gérer une activité libre, qui évolue rapidement avec des mentalités «rétrogrades. Le Conseil national des journalistes algériens (CNJA) a présenté, par ailleurs, au ministre, lors de cette rencontre organisée à l'Université d'Alger 3, une batterie de propositions pour assainir la presse électronique qui baigne dans l'anarchie, à cause de l'absence de lois et de réglementation. Le CNJA a, déjà, organisé de nombreux ateliers sur le sujet, il y a de cela de nombreuses années mais les recommandations transmises au gouvernement, en ce temps-là, n'ont jamais été prises en considération. Le gouvernement Tebboune ira-t-il jusqu'au bout pour «chasser» tous ces «entristes» qui ont allègrement profité de l'absence de lois, de réglementations et de vides juridiques pour s'enrichir sur le dos des véritables professionnels ? Si la volonté du nouveau président de la République, pour mettre fin, à l'anarchie est manifeste, il n'en demeure pas moins que les professionnels qui ont souffert du système Bouteflika attendent de voir se concrétiser tous ces engagements, rapidement. Car de telles mesures vont sûrement sonner le glas de tous ces «rentiers» de la presse qui ont terni l'image de l'un des plus nobles métiers au monde.