En prévision de la tenue demain jeudi d'un atelier consacré à l'avant-projet de loi sur la presse électronique à l'Ecole supérieure de journalisme, une rencontre débat a été tenue hier à la Bibliothèque nationale d'El-Hamma par une vingtaine de gestionnaires de sites et de journalistes travaillant pour des médias en ligne. Organisée par l'association El-Kalima pour la culture et l'information, ce rendez-vous des professionnels de la communication électronique se veut, en fait, un prélude au symposium que compte organiser le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, sur la presse électronique en Algérie. Les organisateurs aspirent ainsi contribuer à l'enrichissement d'une feuille de route en vue d'organiser ce secteur livré à lui-même jusque-là. Les interventions ont montré que le secteur est vraiment abandonné à son sort. "Les sites mis en ligne ces derniers temps sont devenus de véritables relais de règlement de comptes et d'insultes. Il y a des sites qui ne produisent jamais d'informations, mais excellent plutôt dans la diffusion des fake news. C'est devenu un souk abandonné." Ce constat affligeant a été partagé pratiquement par tous les intervenants qui se sont relayés à la tribune. Mohamed Lamine Meghnine du site Tarik News a saisi cette opportunité pour lancer un nouvel appel au gouvernement pour éviter de mettre la charrue avant les bœufs. "La vitesse de connexion à l'internet est un problème qui reste toujours posé avec acuité depuis des années. Tous les gouvernements qui se sont succédé promettent de l'améliorer, mais sans jamais honorer leur engagement. Alors, avant de penser à assainir la situation juridique des journaux en ligne, il serait plus judicieux de réfléchir à résoudre le problème du débit d'accessibilité aux sites. Comment voulez-vous développer la presse électronique alors que le e-paiement est resté depuis des années un vœu pieux ?" déplorera Mohamed Lamine Meghnine. Il enchaînera en s'insurgeant contre la répression des professionnels dans l'accomplissement de leur mission sur le terrain : "Il faudra d'abord cesser de réprimer les journalistes dans les marches. Le gouvernement doit mettre un terme aux pressions exercées sur les professionnels de l'information." Pour sa part, le gestionnaire du site Awres News n'a pas fait, lui aussi, dans la dentelle, en regrettant que "les pratiques d'exclusion qui ont ponctué le règne de l'ancien régime persistent, du moment que les premiers concernés par ce secteur ont été vite exclus. Il ne faudra plus jamais refaire les erreurs du passé". Sur sa lancée, le directeur d'Awres News ne manquera pas d'appuyer les critiques de son prédécesseur, en déplorant "les retards qu'accuse l'Algérie dans beaucoup de secteurs censés contribuer au développement de la presse électronique". De son côté, l'ancien journaliste Djamel Boukrine, qui s'apprête à lancer un site d'information générale, est intervenu pour aborder la définition d'un journal électronique. Pour lui, il y a une confusion entre un site web et un journal électronique et ce, en l'absence de textes de loi pour les codifier. "Le gouvernement est censé définir la différence entre les différents supports en ligne", dit-il.