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Elle court, elle court la rumeur !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 03 - 2020

La rumeur, ce terrible fléau qui est inhérent à l'humanité aussi banal que les malentendus, les médisances, les disputes et les guerres. Loin d'être désarmée par l'instruction généralisée et les outils de droit développés, la rumeur a connu une accélération ces dernières années.
De plus, une question intrigante se pose, comment arrive-t-on à un si grand décalage entre l'information du départ et son état à l'arrivée, lorsqu'elle est accaparée par la multitude ?
Je vais vous raconter deux souvenirs réellement déroulés (pléonasme d'insistance) qui vont, avec humour mais très significativement, illustrer comment se propage la rumeur et déforme l'information initiale.
Un jour, à l'hôpital de Tlemcen, nous avions visité un membre de notre famille. Nous sommes entrés dans la chambre du malade qui logeait deux patients. Et comme toujours, le jeune enfant doit affronter une grosse épreuve, aller embrasser une rangée de femmes assises autour du malade, en nombre indéterminable.
Lorsque vous aviez terminé le tour, vos joues étaient rouges, pas seulement de honte mais d'un rouge à lèvre couleur années 60. Impossible de l'enlever pendant plusieurs jours, un peu comme le coup de craie que dessinait, avec élégance et douceur, le douanier lorsqu'il avait terminé de contrôler votre valise à l'aéroport.
L'une d'entre elles, la plus téméraire, se lança et posa la question qu'avaient toutes les autres sur les lèvres sans oser la poser. On lui expliqua que le malheureux avait reçu un poids d'un kilo sur le visage alors qu'il était allongé pour réparer je ne sais plus quoi. La scène va alors se dérouler, j'étais présent et j'en témoigne.
Celle qui avait donné l'information si attendue l'avait chuchotée pour ne pas réveiller les soupçons du concerné sur l'indiscrétion commise à son égard. Et lorsque le chuchotement prend place, en Algérie comme ailleurs, c'est que la rumeur venait de naître et prendre son premier envol pour un très long périple.
Ce long périple, c'était d'abord la rangée de femmes autour du malade, une traversée aussi longue que celle de Moïse dans le désert. La rumeur avait le temps de gonfler en faisant le tour, de bouche à oreille (on dit de « bouche à bouche en arabe », une question de sémantique locale).
Car, évidemment, celle qui jouxtait la chanceuse première femme qui avait eu l'information se pencha et avec la même précaution du chuchotement demanda d'être éclairée. Un même chuchotement se fit entendre à mes oreilles, il avait la même signification que le premier mais en plus signifiait qu'il garantissait que l'information ne serait jamais divulguée au nom de l'honneur et de la vertu.
L'honneur et la vertu ne sont jamais fidèles en ces circonstances et voilà que la troisième demande à la seconde, son immédiate voisine, avec toujours cette discrétion absolue du chuchotement et de l'inclinaison de la tête, ce qu'il s'était passé.
Mes chers lecteurs, plus de cinquante ans plus la tard, la réponse est encore à mes oreilles « Il a reçu deux kilos sur le visage alors qu'il était allongé », soit un poids doublé en seulement deux confidences chuchotées.
Vous avez compris, lorsque toute la rangée de femmes était passée au confessionnal où la discrétion est sacrée, le pauvre malheureux avait reçu sur la tête une locomotive entière.
La seconde péripétie sur les rumeurs remonte à une époque plus avancée, celle de l'adolescence. Un jour, nous avions entendu des pleurs et des complaintes qui provenaient de la porte des voisins. Nous sortîmes immédiatement.
Un long cortège d'hommes et de femmes entraient dans la maison et au pas de la porte chacun et chacune embrassait la mère du jeune voisin comme si c'était pour un enterrement. Ce jour-là, le magasin de rouges à lèvres d'Oran était sûr de voir les commandes exploser tant il y a eu d'embrassades.
Le jeune garçon de la famille s'était fait écraser le pied par une mobylette qui passait devant chez eux, juste à l'arrêt du bus numéro 8.
Et, comme pour l'histoire du kilo sur la figure, j'ai entendu les conversations en cascades, toujours avec le chuchotement que suppose la naissance de la rumeur.
Dès que l'information avait dépassé le stade de la première personne, la rumeur a transformé la mobylette en une voiture, puis la voiture en un chariot d'un vendeur de légumes traîné par un bourricot (il n'y avait pas Amazon à cette époque), le chariot en bus et ainsi de suite.
Lorsque toute la rangée de personnes avait fini par entrer dans la maison, c'était une locomotive qui était passée sur les pieds du pauvre garçon. Eh oui, cette même locomotive invisible et dangereuse, cause de tous les tourments, de Tlemcen à Oran. Pire que le mystérieux meurtrier au pilon dont nous rappellerons l'aventure dans une prochaine chronique.
Plus tard, on m'avait d'ailleurs informé qu'Oran avait mis en service un tramway que je n'ai jamais vu. Je n'avais connu que les rails de la ligne 6, des Planteurs à Choupot, vestige du tramway de la génération précédente mis hors service.
Faites attention tout de même, les rumeurs pourraient revenir et, du tramway ce serait rapidement un troupeau entier d'éléphants qui risquerait de vous passer sur le pied.
Une voiture, un chariot traîné par un bourricot, un bus, un tramway, un paquebot ou un troupeau d'éléphants, allez savoir avec la rumeur, cela dépend du nombre de chuchotements entre personnes jurant de la confidentialité de l'information.


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