Parfois, lorsqu'on attend monts et merveilles d'un choc entre deux équipes valeureuses et que le spectacle est absent, on dit « que la montagne a accouché d'une souris ». Cette fois, il faut reconnaître que le duel a capté l'attention des téléspectateurs par son intensité et le suspense du début au coup de sifflet final de l'arbitre. On peut dire que Zelfani a bien préparé ses poulains en leur donnant la consigne d'attaquer dès le coup d'envoi. Cette attitude inhabituelle pour une formation évoluant sur un terrain adverse a surpris les Sétifiens qui n'arrivaient pas à développer leur jeu habituel fait de passes précises et répétées. Il est vrai que le pressing des Canaris était la principale explication. La seconde mi-temps a été bien entamée par la JSK qui, grâce à un pressing constant sur le porteur du ballon adverse, a paru pieux en jambes. Et c'est ce qui explique peut-être pourquoi l'ESS n'est pas arrivée à développer son jeu habituel. D'aucuns estiment que l'absence du public a pénalisé les coéquipiers de Kendouci dans la mesure où, même en déplacement, ils étaient encouragés et motivés par leurs nombreux supporters. Et c'est d'ailleurs ce que l'entraîneur Nabil Kouki a constamment souligné dans ses commentaires. D'autres observateurs pensent aussi que l'absence de leur coach s'est avérée néfaste, l'adjoint ne parvenant pas à faire oublier le coach en chef, qui applique une stratégie à laquelle se sont habitués ses poulains. A partir de l'heure de jeu, les Sétifiens ont accéléré la cadence, mettant la défense visiteuse sur le gril. Ils se sont créé des occasions et six corners, mais jamais ils n'ont pu prendre en défaut les défenseurs kabyles et leur excellent gardien Benbot. A propos de ce gardien, on avait quelques doutes après le départ de l'international Salhi. Mais, au fil des rencontres, Benbot a beaucoup progressé et instauré la confiance dans le secteur défensif de la JSK. Même en dépit de la domination de l'Entente, les Canaris n'ont jamais paniqué et ont même mis à leur actif des contres dangereux. C'est la preuve que ce choc a été bien préparé par le staff et les dirigeants, qui ont bien responsabilisé leurs joueurs. Ils ont exigé la victoire, mais un nul à Sétif est toujours bon à prendre. La JSK se trouve à présent au pied du podium, devancée par le CRB, l'ESS et le MCA, qui a un match en retard face au PAC. Il faut souligner que les dirigeants et le staff technique veulent obtenir le meilleur résultat possible, donnant droit à une compétition continentale, afin d'essayer de renouer avec un glorieux passé. Sur ce qu'ils ont montré à Sétif, les Canaris sont en droit de penser réaliser ce rêve. Dimanche, ils sont parvenus à dérégler la « machine » de l'Entente, ce que personne n'a réussi à faire depuis belle lurette. La formation kabyle nous a paru fort bien équilibrée sur le plan de l'organisation de base. Le ballon circule bien après les bonnes relances à la main du keeper. Le milieu est actif et intervient souvent en ratissant de nombreuses balles. Ce sont là des données dont il faudra tenir compte. Il existe tout de même quelques déchets qui pourraient empêcher un sacre. On citera surtout l'absence de réalisme au niveau de l'attaque et ce, en dépit des bons mouvements offensifs au départ prometteurs, et qui se terminent dans les décors comme cela a été maintes fois signalé. De toute évidence, le nouvel entraîneur tunisien Yamen Zelfani n'a pas le temps de mettre en place une tactique judicieuse face à de redoutables rivaux. En second lieu, il est impératif que les Canaris réapprennent à gagner à l'extérieur, ce qui n'est pas encore évident. Pour ce qui est du calendrier, on notera que les coéquipiers de Bencherifa accueilleront des adversaires pas faciles à manier, tels le CSC, le MCA et l'USMA, alors qu'ils se déplaceront à Aïn M'lila, à Béchar, à Oran et à Magra. Ce n'est pas gagné d'avance face à des adversaires eux aussi en course pour le titre ou pour le podium. Une consécration exige des efforts et des sacrifices. Pour cette mission, les poulains de Zelfani semblent prêts. De sorte qu'on va assister à une fin de championnat où tout est possible pour les prétendants.