L'inquiétude est encore montée d'un cran jeudi, quand les cas confirmés de Covid-19 ont doublé en l'espace de 24h, une «conséquence du relâchement constaté dans le confinement à domicile» a alerté, mercredi, le Pr Djamel Fourar, porte-parole du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus en Algérie. Jeudi 10h, les rues de la ville de Tiaret étaient presque bondées de monde. Dernier jour avant le début du jeûne, beaucoup de familles sont sorties faire leurs emplettes, comme ce vendeur d'épices le long de la rue « Thiers » submergé d'hommes et femmes faisant la queue devant son échoppe. A une encablure plus loin, un petit réduit servant de commerce de dattes est, lui aussi, pris d'assaut par un groupuscule d'individus, à la recherche de ce fruit indispensable pour la meïda du f'tour. De 450 jusqu'à 700 dinars le kilo, le chaland peut s'offrir la qualité correspondant à sa bourse. Devant le bureau postal « Benamara Djilali » sur le boulevard « Bouabdelli Bouabdellah », une chaîne humaine fait le pied de grue pour accéder au guichet distributeur de billets de banque. Des libraires, fermés depuis plusieurs semaines, ont rouvert leurs portes mais toujours pas de trace des journaux, disparus des devantures des buralistes depuis presque un mois. A l'autre bout de la ville, à la cité « Volani » où se trouve l'un des plus grands marchés de fruits et légumes de la ville de Tiaret, les rues connaissent une fréquentation record. Les vendeurs à la sauvette, installés à l'entrée du marché, font le plein. Une foule bigarrée s'affaire à acheter soit des dattes à prix cassé, un bouquet de plantes aromatiques, les indispensables condiments à la hrira ou chorba, ou encore des ustensiles de cuisine de toutes sortes et de toutes les couleurs. A l'intérieur du marché, le sol est mouillé avec une boue qui occupe pratiquement toutes les allées du marché. Ce sont surtout les bouchers qui sont sollicités, à la veille du Ramadhan. Dans une aile derrière les étalages des légumiers et autres bouchers, des jeunes occupent des tables où l'on vend de la friperie et autres chaussures usagées. Près de l'entrée de l'ex-Souk El Fellah, si les vendeurs à la sauvette jouent à cache-cache avec les policiers, les commerçants à l'intérieur font de belles affaires. Il y a pratiquement de tout dans cette surface commerciale, de l'habillement, la literie et produits textiles, cosmétiques jusqu'aux aux produits alimentaires. Le wali lance un appel au don du sang Jeudi, via un communiqué distribué à la presse, le wali a lancé une opération de collecte de sang au profit des différentes structures sanitaires de la wilaya, une opération qui doit durer tout le mois de Ramadhan. A l'hôpital Youcef Damardji, une certaine tension se fait sentir. Mercredi, le personnel médical avait observé un sit-in devant la direction de la santé pour réclamer plus de moyens de protection. Même topo au niveau d'autres établissements hospitaliers de la wilaya, dont une partie du personnel soignant s'est placée en auto-confinement pour parer à tout risque de propagation du Covid-19. Cette année, le mois de carême ne sera pas comme les précédents, puisque les sorties et autres veillées nocturnes sont proscrites, de même que les restos du cœur qui resteront fermés durant ce mois de piété, au plus grand dam des personnes dans le besoin. Confinement oblige, il n'y aura ni promenades ni activités culturelles nocturnes durant les longues soirées ramadhanesques, c'est un mois de jeûne des plus insipides que les Algériens s'apprêtent à passer. Après tout, rien ne vaut plus que la santé.