Le débat est ouvert autour de la mouture de l'avant-projet d'amendement de la Constitution, dévoilée jeudi 7 mai par la présidence de la République. Premier constat, malgré les effets ankylosants de la crise sanitaire, cette initiative aura eu le mérite de casser une léthargie politique qui plane sur la scène nationale depuis plus de deux mois. Les partis politiques, qui commencent à sortir la tête de l'eau, comptent bien affirmer leurs positions sur le sujet qui porte sur le devenir de l'Algérie. Certains partis, dont l'ANR, le FLN et le RND, ont été les premiers à exprimer leur satisfaction à propos de la démarche de réforme et à saluer le contenu de la mouture de l'avant-projet d'amendement de la Constitution et l'engagement du président de la République de doter le pays «d'une Constitution consensuelle», avec la participation de tous à son enrichissement. Aucune critique ni proposition n'a été livrée par les formations politiques en question, qui laissent seulement entendre que des chantiers seront ouverts pour débattre avec leurs bases sur le contenu de la mouture, globalement acceptée ou bien appréciée dans la forme et dans le fond. Les avis divergent chez d'autres partis politiques qui restent sur la défensive et émettent déjà des réserves et critiques dans le fond. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui semblait cautionner la démarche du changement engagée par le président Tebboune, ne manquant pas de le faire savoir publiquement ces derniers temps, a surpris beaucoup de monde en lançant une charge véhémente à l'endroit de la mouture de l'avant-projet d'amendement de la Constitution, estimant qu'elle manque de clarté et renferme des ambiguïtés concernant la nature du régime politique notamment. En somme, le MSP, qui a fait part de son intention « d'engager un examen approfondi de la mouture, n'y voit pas la concrétisation des aspirations attendues, singulièrement celles exprimées par les différentes franges du peuple algérien, lors du « Hirak » populaire et les revendications consensuelles de changement. En attendant, donc, d'entrer dans le vif du débat avec d'autres interventions de partis de l'opposition notamment, de la société civile et autres syndicats, l'échange des points de vue paraît serein et peut contribuer à l'enrichissement de la mouture de l'avant-projet d'amendement de la Constitution. Car, c'est cela la finalité recherchée par la présentation à lecture du document aux parties concernées. Et la critique objective ne pourrait que consolider cette loi fondamentale. Il faudrait seulement éviter de tomber dans le piège du débat stérile, le « pour » d'essence suiviste, qui exprimerait une opinion d'allégeance à la personne du président de la République, ou le « contre » brutal qui reflèterait une opposition politique à la personne du président de la République et son équipe gouvernementale. Idem pour ceux qui devancent le débat en avançant que le peuple tranchera lors du référendum, croyant étouffer de la sorte les avis « déplaisants », non sans grand sacrifice puisqu'on tue, ainsi, dans l'œuf et le débat et les initiatives qui proposeraient d'autres idées. Bien sûr, au bout de tous les débats et le passage devant les parlementaires, le peuple devrait trancher par référendum sur le projet d'amendement de la Constitution, mais dans la phase actuelle on chercherait plutôt à arriver, sans exclusion d'une partie ou une autre, à une mouture consensuelle revue et corrigée après l'introduction des propositions qui seront jugées objectives et où chacun y trouverait, plus ou moins, satisfaction.