L'épidémie de coronavirus qui a fait 209 cas atteints et 8 décès s'est propagée dans 16 communes de la wilaya de Tlemcen, selon les données de la carte épidémie Covid-19, publiée jeudi dernier sur la page Facebook de la direction de la santé et de la population. Devant cette évolution inquiétante, le wali a pris un arrêté (n° 1337 du 11 mai 2020) imposant le port du masque dans tous les espaces de commerce, a indiqué un communiqué publié sur la page Facebook de la wilaya. Cette obligation s'impose dans tous les commerces, les marchés de détail et de gros et pour tous les commerçants de proximité et leurs clients. Les infractions à ces dispositions seront punies d'une contravention de 10.000 à 20.000 dinars. L'arrêté a été adressé aux services de sécurité pour l'application et le contrôle, afin de lutter contre cette catastrophe sanitaire. Qu'on se le dise (encore), cette mesure prise par le premier responsable de l'exécutif de la wilaya est venue en retard, comme le souligne un ancien infectiologue du CHU de Tlemcen. « Obligation d'entrer dans un commerce avec un masque, cela éviterait que des personnes postillonnent sur les légumes et fruits dans les épiceries de quartier, mais il me semble que cette mesure est venue très en retard ! Il fallait la prendre bien avant, car aujourd'hui, nous ne sommes pas près de voir le bout de cette crise sanitaire majeure. Déjà, l'unité de réa-Covid de l'EPH de Remchi a été submergée par la vague de malades atteints de coronavirus, puis le CHU de Tlemcen maintenant. On est maintenant à 209 personnes testées positives au Covid-19 et ça continue encore ! Dimanche dernier, Tlemcen a occupé brutalement le 1er rang des cas positifs des wilayas du pays, avec 19 cas en une seule journée ! Le port de masque ne suffit pas, il faut identifier les personnes potentiellement malades et contagieuses afin de les isoler, pour enrayer la progression de l'épidémie. Il faut tester et suivre les personnes contacts. Il est essentiel de casser les chaînes de contamination ! ». Un professeur de médecine de ce même hôpital plaide lui aussi pour «le port du masque généralisé de façon permanente même dans les rues et dans tous les lieux publics et lieux susceptibles d'accueillir du public et pas uniquement pour les commerçants et leurs clients». Et d'ajouter: «le port de masque doit également être obligatoire dans les transports publics de la ville et dans les espaces publics à forte fréquentation potentielle ou ceux à interactions humaines intenses lors du déconfinement». Pour sa part, un ancien infirmier du CHU estime que « les masques ne servent à rien, sauf à ne pas contaminer son entourage si on est infecté. Ils sont essentiellement utilisés par les chirurgiens en opération pour éviter de projeter des gouttes de salive sur une plaie. Mais, on verra bien si les gens continueront à mettre des masques quand il fera 32 degrés ». Par ailleurs, face à la ruée vers les masques engendrée par les mesures coercitives (amendes), les habitants et commerçants qui ne sont pas toujours bien informés, craignent l'indisponibilité de ces masques dont les prix ne cessent de croître. Problème, la spéculation récente sur les masques entraîne des ruptures de stocks. « Déjà je n'arrive pas à trouver ce masque ! Il me faut plusieurs par la suite où vais-je les trouver? Normalement ils sont distribués gratuitement ! », affirme un riverain d'Imama (Mansourah). Des ruptures de stock sont également enregistrées dans certaines pharmacies.