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Coronavirus: Des statistiques qui redonnent de l'espoir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 06 - 2020

La tendance observée ces derniers jours concernant le Covid-19 laisse entrevoir un grand espoir de retour à une vie normale, le nombre de nouveaux cas confirmés de contamination par Covid-19 et de décès étant en baisse constante, alors que celui des guérisons augmente de jour en jour. La tendance est confirmée sur le terrain et nombre de personnes atteintes quittent chaque jour les hôpitaux, guéries après un traitement à la chloroquine, protocole décrié ailleurs. L'Algérie continue d'utiliser ce traitement car il a donné des résultats probants et a permis de se diriger résolument vers une victoire contre ce virus qui continue de faire des ravages dans de nombreux pays. Nous assistons aussi, parfois, à une adhésion chaque jour de plus en plus importante au port du masque de protection par la population, certains par conviction, d'autres par peur de l'application de la loi. Il y a toujours une mauvaise application des mesures de distanciation sanitaire pour des raisons diverses, mais avec le port de masques c'est déjà une barrière qui est mise contre la propagation du virus. Les us et coutumes, la mentalité, les chaînes obligatoires pour certains produits (lait, pain, ...) font que la distanciation a peu de chance de réussir mais il faudrait persévérer et sensibiliser mieux encore ceux qui ne s'y conforment pas. L'information réelle, claire et en temps opportun joue aussi un rôle très important dans la sensibilisation des citoyens pour adhérer aux mesures de prévention édictées par les autorités sanitaires, ce qui a manqué quelque peu dans certains secteurs et certaines régions. Devant le flou de communication, c'est toujours la rumeur qui prend le relais et l'arme redoutable de cette dernière est qu'elle est véhiculée à grande vitesse et déformée. En tous les cas, les statistiques quotidiennes données par la commission de suivi de la pandémie ont été d'un grand apport à la communication vers le grand public, surtout après l'ajout du nombre de guérisons, ce qui a incité les gens à adopter de plus en plus les mesures de protection, tout en reprenant espoir et en participant à l'éradication de la pandémie justement par ces gestes protecteurs.
Un «covidé» raconte son calvaire
Ahmed, près de la quarantaine, marié et père de huit enfants, commerçant en fruits et légumes, a bien voulu nous raconter son calvaire avec le Covid-19 dont il a eu toutes les peines du monde à se débarrasser, en menant une lutte sans merci, avec l'aide de Dieu et du personnel de santé de l'hôpital où il a été traité. Le connaissant blanc de teint, assez fort et bien portant, le sourire toujours aux lèvres, Ahmed après Covid-19 était un autre homme : amaigri et le regard encore éteint d'un homme qui a toujours peur. « Je ne puis dire exactement où j'ai chopé ce maudit virus, mais je peux vous dire que c'est ma faute. Au début, la jeunesse et la bonne santé aidant, je n'y croyais pas vraiment, sentant que pareille mésaventure n'arrivait qu'aux autres, quant à moi j'étais très rarement malade et j'avais un potentiel santé assez fort pour lutter contre ce virus, s'il arrive jusqu'à moi. Le soir, après le travail, je rentre toujours plutôt fatigué et je dors une ou deux heures pour récupérer avant de sortir devant la cage d'escalier où je demeure pour discuter avec mes amis et voisins jusqu'à une heure tardive, parfois nous cachant des policiers qui patrouillaient souvent pour inviter les gens à rentrer chez eux pour le couvre-feu. Le jour maudit où j'ai chopé le virus, je suis rentré à la maison peu avant le début du confinement à domicile mais je ne suis pas ressorti car je me sentais très fatigué. Après avoir dormi à peine une dizaine de minutes, je me suis réveillé avec un mal de tête insupportable et une forte fièvre, j'ai plaisanté avec ma femme en lui demandant de m'apporter un comprimé de paracétamol en lui demandant en riant de se tenir loin de moi car je porte le coronavirus.
Elle m'apporta un verre d'eau et le comprimé demandé, mais une demi-heure plus tard, le mal ne faisait qu'empirer et l'angoisse me gagna quand j'ai commencé à tousser. Je n'ai pas bien mangé ce soir-là et je n'ai pas bien dormi, même après avoir bu une grande tasse de tisane. Le lendemain, je me suis trainé jusqu'à mon travail, toujours en proie à la fatigue, mais la fièvre avait baissé, me faisant oublier mes angoisses pour un moment. Je continuais à travailler pendant quelques jours, ressentant chaque jour une fatigue grandissante, des pointes de fièvre assez forte, des quintes de toux, mais, une fois calmé, j'oubliais tout.
Peut-être une dizaine de jours plus tard, la toux et la fièvre ne s'arrêtèrent pas et je sentais comme si quelqu'un me serrait très fort au niveau du thorax. Mes poumons me brûlaient, ma respiration est devenue sifflante et je ne tenais presque plus sur mes pieds. Ce n'était plus l'angoisse qui m'a pris mais une peur panique, je suis sorti difficilement de chez moi en prenant soin de me tenir éloigné de mes enfants, surtout les plus petits qui voulaient venir sur mes genoux. Dehors, j'ai appelé mon frère pour m'emmener à la polyclinique car je ne me sentais pas capable de conduire. A la vue de la moue et du mouvement de recul du médecin (bien protégé) qui m'ausculta, je fus convaincu que ce qui n'arrivait qu'aux autres m'avait touché et que je fais désormais partie de tous ces autres. Très vite, je me suis retrouvé dans un autre monde, les infirmiers m'ont ramené une combinaison et m'ont aidé à la porter, un masque de protection a été appliqué sur mon visage, mes vêtements ont été désinfectés avec un produit pulvérisé et des prélèvements de sang et de salive ont été pratiqués. Le médecin écrivit ce que je pensais être une ordonnance mais qu'il remit à un infirmier qui ressemblait à un cosmonaute avec sa combinaison blanche et son casque rabattable et je fus mis dans un fauteuil roulant puis dirigé vers l'ambulance qui m'emmena, sirènes hurlantes, vers l'hôpital le plus proche. J'étais comme dans un état second, une douleur atroce me déchirait le thorax, la difficulté de respirer se faisait plus intense et on m'aida avec de l'oxygène. Je me suis surpris à me demander si c'était cela la mort et comment j'allais me retrouver dans ma tombe. En effet, je n'avais aucun doute que ma mort était imminente et priais Dieu afin de ne pas trop souffrir. Le film de toute ma vie, avec ses hauts et ses bas, ses bonnes et ses mauvaises actions, se déroula devant mes yeux et je m'abandonnai alors totalement au mal qui allait, j'en étais persuadé, me tuer car il n'y avait aucun traitement efficace. Je suis resté quatre ou cinq jours dans un état entre l'inconscience et des éclairs de vie angoissée, sans espoir, souffrant atrocement. Puis, un matin, j'ai ressenti un léger mieux dans ma respiration, je pris un grand bol d'air qui me fit grand bien et je vis alors nettement le médecin et l'infirmier qui me souriaient. Je ne savais pas si j'étais déjà dans l'au-delà ou si je vivais encore, et je portais ma main à mon visage pour me toucher, la chaleur humaine était là et je me suis pincé, devant les yeux du médecin et de l'infirmier qui me confirmèrent que j'étais bien vivant et que je me dirigeais vers la guérison. Au début, je n'y croyais pas mais lorsque je vis à travers un hublot vitré ma femme et mon frère qui me faisaient de grands signes, je compris que j'étais encore en vie. Deux jours après, j'étais un autre homme, physiquement et moralement, avec un teint noir qu'on me dit propre à tous ceux qui ont été contaminés par le Covid-19, avec plusieurs kilos de moins pour le physique. Moralement, j'ai remonté la pente très rapidement quoique j'avais toujours peur de rechuter et là, j'ai commencé à prendre conscience que j'avais été très imprudent avant de tomber malade, je ne portais pas de bavette, n'utilisais pas le gel hydro-je-ne-sais-quoi et je me tenais trop près de tous ceux qui avaient des relations commerciales ou autres avec moi. J'ai oublié de dire que mon frère a été contaminé, heureusement pris en charge très rapidement et fut guéri sans problème, alors que ma femme et mes enfants ont échappé je ne sais comment au virus. Cette maladie est une expérience que je n'oublierai même pas après ma mort car elle n'avait comme issue que la mort et je l'ai échappé belle. Mon conseil à tous, soyez vigilants, pour vous-mêmes, pour vos familles, pour vos proches, ce que nous croyons n'arriver qu'aux autres peut nous atteindre très rapidement et nous n'aurons alors que les regrets et la souffrance pour nous accompagner ».
Nous avons préféré laisser notre interlocuteur se raconter lui-même, raconter sa maladie, sa guérison, afin de rapporter fidèlement ce qu'il a dit.


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