L'histoire des Etats-Unis d'Amérique est émaillée de périodes, plus ou moins longues, où la violence, pratiquée à grande échelle, régnait sur le pays. Cette violence endémique structurelle avait marqué profondément et durablement la société et le système politique américains. Ainsi, de la conquête du continent américain par l'Espagne et la Grande-Bretagne notamment et des migrants venus de plusieurs pays d'Europe, et les horribles génocides commis contre les populations autochtones démographiquement et militairement faibles et leurs cultures, à la traite des Noirs, massivement importés d'Afrique pour accroître la production des plantations de sucre, de coton et d'huile, entre autres produits agricoles, et le bien-être de la nouvelle Amérique libérale et expansionniste, entraînée dans un développement effréné, dont la principale victime était la main-d'œuvre africaine et sud-américaine, dont les descendants constituent aujourd'hui l'essentiel des classes précaires. C'est le prix du rêve américain ! Génocides, esclavagisme, racisme, mafias, criminalité élevée, guerre civile, guerres contre des pays et peuples étrangers (comme au Japon avec les deux bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, au Viêt Nam, en Somalie, en Irak et en Afghanistan notamment), victimes de l'insatiable appétit morbide de la superpuissance militaire américaine mue par le profit et un dangereux instinct de domination du monde. Et, aussi, compétition féroce, entre les individus, les entreprises, les différentes communautés et Etats de la fédération. L'Amérique veut être toujours plus riche, plus forte, plus puissante, sans se soucier des inquiétudes et critiques fondées suscitées sur les plans interne et externe. C'est cela l'Amérique, impitoyable avec ses propres enfants défavorisés par le système politique, économique et social choisi par les pères fondateurs de l'Union et impérialement arrogante et dominatrice dans ses relations avec les autres pays. L'Amérique, version Ronald Trump, aggrave ces caractéristiques peu flatteuses, qui la rendent de plus en plus invivable et insupportable et valent à cet Etat, autoproclamé «gendarme du monde», d'être, ces dix dernières années, régulièrement remis à sa place par des puissances comme la Russie et la Chine, contrairement à l'Union européenne qui lui est quasi totalement inféodée, au nom d'un atlantisme caduc et désuet. Paix à l'âme de George Floyd, la énième victime noire du racisme incurable d'une partie de la police américaine, qui pourrait faire imploser les Etats-Unis d'Amérique, dont la pandémie du Covid-19, qu'ils ont mal gérée, a montré les limites objectives et qui pourrait provoquer la chute de l'incorrigible Ronald Trump, que la procédure constitutionnelle de l'empeachement, mise en œuvre par le Parti démocrate, il y a quelques mois, n'est pas parvenue à faire tomber. Pour cacher les défaillances criardes du système de santé de son pays, le président américain, relayé par des chefs d'Etat et de gouvernement alliés, n'a pas trouvé mieux que de s'en prendre à la Chine en la rendant responsable de la propagation du coronavirus dans le monde, et en ordonnant des sanctions contre le géant asiatique, comme il ne cesse de le faire à l'encontre des pays qui résistent à l'hégémonie de Washington. L'ère de l'Amérique, en particulier, et de l'Occident, en général, empêtrés dans des contradictions sociales insolubles et des crises successives graves, approche-t-elle de sa fin ? De nombreux indices forts militent pour cette thèse de plus en plus plausible, qui inquiète au plus haut point l'establishment américain, sérieusement déstabilisé par l'avènement à la tête du pays du populiste et incontrôlable homme d'affaires-président, Ronald Trump, à quelques mois d'une élection présidentielle capitale pour l'avenir des Etats-Unis. *Diplomate à la retraite, écrivain