Pour Pékin les conditions du rapprochement entre Hanoï et Washington sont tout sauf anodines. Dénonçant régulièrement l'interventionnisme des Etats-Unis dans un dossier territorial et régional stratégique pour la Chine, Pékin avait déjà fermement demandé à Washington de cesser les «vols de reconnaissance» près de la Chine qui frisent la provocation, après l'interception par deux chasseurs chinois d'un appareil américain au-dessus de la mer de Chine méridionale. corrkamal Le Proche-Orient compliqué est-il en train de perdre de son intérêt pour l'hyperpuissance, notamment dans la perspective de la décroissance des sources d'énergie ? Les Etats-Unis semblent de plus en plus se tourner vers d'autres zones d'influence comme l'Asie en y montrant un intérêt de plus en plus croissant. C'est dans ce sens que Barack Obama en fin de mandat entame une virée asiatique sous le signe de la symbolique. A Hanoï d'abord, pour une visite de trois jours au Vietnam, le président américain Barack Obama forcera sur la symbolique. En faisant escale dans la modeste maison sur pilotis ou vivait jusqu'à son décès en 1969 Hô Chi Minh, la figure révolutionnaire du Vietnam, six ans avant la chute de Saigon et la victoire sur les Etats-Unis. Le président américain a annoncé en cette occasion la fin de l'un des derniers vestiges de la guerre entre les deux pays. Une des plus meurtrières restée comme un véritable traumatisme pour l'Amérique. Aujourd'hui Washington semble vouloir encourager l'émergence d'une alliance forte entre les deux anciens adversaires. C'est la fin d'une époque. Depuis le rétablissement des relations diplomatiques en 1995 entre Hanoï et Washington, deux autres présidents américains étaient déjà venus dans le pays célébrer la réconciliation sans pour autant pousser avec autant d'intensité en faveur d'un rapprochement stratégique et militaire. Cette fois Obama annonce la levée de l'embargo sur les armes qu'impose de façon arbitraire depuis des décennies Washington à Hanoï. Mais il est évident que les sollicitations de Washington envers le Vietnam ne sont pas sans rapport avec les problématiques territoriales dans l'Asie du Sud-est. Pour la Chine les conditions du rapprochement entre Hanoï et Washington sont tout sauf anodines. Dénonçant régulièrement l'interventionnisme des Etats-Unis dans un dossier territorial et régional stratégique pour la Chine, Pékin avait déjà fermement demandé la semaine dernière à Washington de cesser les «vols de reconnaissance» près de la Chine qui frisent la provocation, après l'interception par deux chasseurs chinois d'un appareil américain au-dessus de la mer de Chine méridionale. Des navires de guerre américains avaient également pénétré dans les eaux revendiquées par les Chinois trois fois depuis octobre dernier, sous le prétexte de défendre la «liberté de navigation» dans cette mer stratégique, qui abrite l'une des plus grandes routes commerciales du monde, et dont la Chine dépend fortement pour ses importations et exportations. Interventionnisme US Vendredi le président américain devrait effectuer la première visite d'un président américain en exercice dans la ville de Hiroshima. L'étape hautement symbolique de Hiroshima, sur laquelle les Américains ont largué la première bombe atomique de l'histoire en août 1945 (la seconde fut à Nagasaki quelques jours plus tard) marquera sans aucun doute les esprits des deux côtés du Pacifique. Les effets de la bombe atomique sont toujours vivaces jusqu'à aujourd'hui et l'événement reste comme l'un des moments traumatisants de l'histoire de l'humanité. Le président américain entend profiter de son dixième voyage dans cette région, dont les Etats-Unis semblent avoir fait une priorité, pour vanter l'accord de libre-échange transpacifique (TPP). Après Bill Clinton en 2000 et George W. Bush en 2006, il est le troisième président américain à se rendre sur place depuis la fin de la guerre du Vietnam en 1975. Obama a déjà annoncé qu'il ne fera pas repentance au nom de l'Amérique pour avoir fait usage de la destructrice arme nucléaire en 1945, le président américain se recueillera seulement en mémoire des victimes massacrées, dont le nombre est estimé à au moins 150 000, sans compter les 75 000 morts de Nagasaki l'autre ville nipponne bombardée. L'usage de l'arme de destruction massive sur le peuple japonais n'a pas empêché que les Etats-Unis et le Japon soient aujourd'hui alliés. Il est évident que la doctrine du «pivot vers l'Asie», initiée par Hillary Clinton en 2009 puis renforcée par le président Obama en 2011, a comme objectif de venir grappiller des zones d'influences dans une zone que la Chine considère comme faisant partie de son univers stratégique. De quoi faire faire monter la tension. Les Etats-Unis semblent vouloir renforcer leur présence militaire dans le Pacifique et en mer de Chine mais également intensifier leur coopération avec leurs alliés traditionnels comme le Japon, la Corée du Sud ou les Philippines. Cependant la Chine, devenue en 2014 la première puissance économique de la planète ne semble pas disposée à laisser la superpuissance venir imposer son dictat dans la région. M. B.