A quelques semaines du grand rendez-vous annuel du hadj, les futurs candidats algériens restent dans une totale incertitude ; les autorités restent muettes quant à la suite à donner, sinon juste quelques déclarations dans la presse émanant de responsables au ministère des Affaires religieuses qui tous se parent derrière l'imminente décision des autorités saoudiennes qui toutefois tarde à venir donnant la forte impression que la décision souveraine finale reste quand même tributaire de l'avis du gouvernement de l'Arabie saoudite. Les autorités algériennes ont pris la sage décision de fermer les lieux de culte car cela représente dans la situation actuelle un risque réel de circulation d virus ; elles n'ont pas attendu d'ailleurs le feu vert d'une fatwa d'une quelconque sommité religieuse étrangère. La décision éventuelle de l'annulation du hadj devra obéir à la même logique, elle devra être du strict ressort de la commission médicale qui semble curieusement absente du débat ou bien reste dans l'expectative d'une décision politique ; or dans ce cas de figure elle devra être la seule habilité à donner un avis, d'ailleurs même les autorités religieuses ne peuvent trancher sans qu'une décision claire ne soit prise par les experts médicaux. Tous les indices notamment épidémiologiques penchent en faveur à ce que l'annulation doit être prononcée et le plus tôt sera le mieux pour ne pas laisser les futurs hadjis et leurs familles dans le doute et l'anxiété. Les éléments qui plaident pour sont multiples et même si l'Arabie saoudite décide de maintenir le hadj pour des intérêts ou des raisons qui lui sont propres, les responsables algériens ne doivent pas rester dans l'hésitation, ils seront d'autant plus dans l'embarras si l'Arabie saoudite décide en dernière minute d'organiser le Hadj 2020 et il sera alors beaucoup plus difficile de convaincre nos compatriotes d'une décision contraire. Certes, il y a de grands enjeux économiques en lice pour les uns et les autres mais seul l'intérêt de préservation de la santé publique doit primer. Le hadj est une occasion où se retrouvent des milliers sinon des millions de personnes venues des quatre coins du monde et cela représente aussi des circonstances idéales pour la transmission de maladies qui dans un contexte normal sont le plus souvent bénignes mais qui dans le climat actuel de la pandémie du Covid-19 pourraient être catastrophiques alors que des prémices d'une seconde vague sont perceptibles dans plusieurs pays y compris le nôtre avec la recrudescence du nombre de cas, l'apparition de nouveaux foyers et l'ascension de la courbe de contagion. Certains pays ont déjà pris le taureau par les cornes sans attendre une décision des autorités saoudiennes qui pourraient jouer avec le feu, tentées par les retombées financières énormes et par les difficultés économiques auxquelles elles sont confrontées comme la plupart des pays dont le principal revenu est le pétrole. L'Indonésie, la Malaisie, Singapour et d'autres pays ont sereinement décidé d'annuler le hadj pour l'année en cours par souci de préserver la santé des leurs. Il serait insensé de prendre un tel risque alors que toutes les destinations vers l'étranger sont suspendues bien qu'une majorité de pays ne représentent pas un risque aussi grand que celui de se rendre au pèlerinage ! Les Algériens bien qu'ils puissent être déçus d'une telle décision comprendront sûrement sa portée car prise dans l'intérêt de la nation et sans arrière-pensées politiques ou économiques ; d'ailleurs une des leçons parmi les nombreuses à tirer de cette pandémie est que la grande majorité des nations a relégué en arrière-plan tous les aspects socioéconomiques avec des factures chiffrées à des milliards de dollars, des pertes de millions de postes de travail, des faillites en cascade pour préserver le vrai trésor en l'occurrence les vies humaines. Nos scientifiques devront prendre leur responsabilité et trancher dans le vif sans attendre d'injonctions de quiconque ; les plus hautes autorités du pays auront alors tous les atouts pour prendre la décision qu'il faut avec toute la circonspection nécessaire dans de pareilles circonstances.