Premiers arrivés, premiers servis. Après la course à la fabrication du vaccin anti-Covid-19, une autre course à l'acquisition du vaccin en question est lancée, qui prend celle-là des allures d'une compétition de survie des pays postulants. Un vaccin contre cette terrible épidémie qui se propage toujours à grande échelle près d'une année après son apparition à Wuhan en Chine, avec son bilan macabre et ses effets dévastateurs sur l'équilibre socioéconomique des sociétés, on devrait bien se l'arracher sur le marché dès qu'il sera commercialisé, il fallait bien s'y attendre. Plusieurs pays ont compris cet enjeu vital et ont introduit des commandes avant même que le vaccin ne soit disponible sur le marché, bien sûr en réglant des avances sur le coût de la commande globale auprès des laboratoires pharmaceutiques qui le préparent. Un risque de perte d'argent pour rien si jamais le vaccin n'est pas homologué ? Oui, bien évidemment, mais l'enjeu en vaut bien la chandelle. Car, ces pays qui se sont hâtés d'introduire des commandes de vaccin plusieurs mois avant son homologation ne sont pas dupes, car ils craignent tout simplement qu'il n'y en aurait pas assez de doses pour satisfaire tout le monde. Et, ces pays, pour bien montrer qu'ils prennent l'affaire très au sérieux, sont en train de mettre au point toute la logistique nécessaire pour engager rapidement les actions de vaccination de leurs populations, qui devrait être entamée dès le début de l'année 2021, dont l'installation de super-congélateurs pour conserver les doses de vaccin, l'arrangement des plans de transport, l'aménagement de lieux adéquats pour une vaccination de masse. La stratégie est minutieusement étudiée sous tous ses angles pour lancer au plus tôt les opérations de vaccination, notamment à la suite du dépôt par Pfizer et BioNTech, vendredi 20 novembre, d'une demande d'autorisation urgente de mise sur le marché de leur vaccin. Qu'en est-il de l'Algérie dans cette course effrénée à l'achat des vaccins ? On ne semble pas trop pressé d'acquérir le vaccin, puisque le ministre de la Santé, M. Benbouzid, a indiqué dans ce cadre que l'Algérie «n'importera aucun vaccin dont l'innocuité et l'efficacité ne sont pas assurées dans le pays producteur, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune». Il est clair qu'il n'y aura pas de répartition équitable des vaccins contre la Covid-19 dans le monde, mais le gouvernement algérien n'est pas plus inquiété. D'une part, l'Algérie n'est pas dans la même case sur le plan des dégâts causés par la Covid-19 dans les pays qui se sont rués pour introduire des précommandes auprès des laboratoires qui ont annoncé une incessante mise sur le marché de leurs vaccins, et d'autre part on doit bien avoir une autre piste pour se procurer ce vaccin, qui est quand même d'une importance capitale, comme le reconnaît le ministre de la Santé. La piste des laboratoires chinois, qui restent pour le moment discrets sur le sujet, n'est pas à écarter. Lors d'une récente rencontre avec le ministre de la Santé, l'ambassadeur de Chine s'est félicité de la coopération «fructueuse et privilégiée» entre les deux pays, soulignant que le vaccin sera disponible sur le marché international dans les «meilleurs délais». Et, les deux parties ont convenu dans ce contexte d'organiser des réunions consultatives techniques dans les prochains jours. Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le coronavirus, d'autres rencontres du même genre ont été organisées avec les ambassadeurs de certains pays producteurs du vaccin anti-Covid-19 et le Premier ministre a, de son côté, précisé que «l'Algérie établissait actuellement des contacts avec plusieurs laboratoires pour acquérir le vaccin attendu contre le nouveau coronavirus». On n'est pas trop pressé pour acquérir le vaccin, pas de pari risqué qui pourrait nous coûter cher sur le plan de la santé publique et du Trésor public, mais qu'on ne reste pas pour autant indifférent face à cette intensification de la course aux vaccins.