Une enquête judiciaire a été ouverte, récemment, par le parquet de Tlemcen sur des « détournements» de lait en poudre subventionné par l'Etat, a-t-on appris auprès de sources judiciaires. L'enquête confiée à la section de Recherches de la Gendarmerie nationale, relevant du groupement territorial de Tlemcen, a révélé des «détournements» d'importantes quantités de lait en poudre depuis l'année 2005, au profit de producteurs privés pour la production d'autres dérivés (yaourts, fromages) non subventionnés. Selon les mêmes sources, un producteur de lait a été mis sous mandat de dépôt et un ex-directeur des Services agricoles (DSA) de Tlemcen, deux chefs de service de la DSA, un subdivisionnaire de l'Agriculture ainsi que plusieurs autres propriétaires de laiteries de la wilaya, ont été convoqués et entendus par le juge d'instruction près le Tribunal de Tlemcen. Le montant détourné de l'argent de l'Etat destiné aux subventions du lait en poudre dont profitaient certaines laiteries ne nous a pas été révélé, mais l'expertise judiciaire ordonnée par la justice permettra d'apporter un éclairage financier et technique sur cette affaire, dans les prochains jours. La justice soupçonne également certains producteurs privés d'avoir surévalué leurs quantités de lait cru pour bénéficier des subventions d'aides accordées par l'Etat dans le cadre du fonds de soutien aux producteurs laitiers bovins et caprins. Il faut noter dans ce contexte que l'octroi de subventions de l'Etat a été, récemment, décentralisé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour permettre aux directions des Services agricoles des wilayas (DSA) chargées de les verser aux éleveurs, aux collecteurs et aux transformateurs, alors que cette mission relevait exclusivement de l'Office national interprofessionnel du Lait (Onil). Cet office devra se consacrer, uniquement, au développement de la filière sur le plan technique, la vulgarisation et l'incitation à l'investissement. La décentralisation du système de paiement des subventions fait partie d'une batterie de mesures prises par le gouvernement pour remédier aux lenteurs administratives et relancer la filière lait, en misant sur la production nationale avec l'objectif de réduire les importations de la poudre de lait de 50% à l'horizon 2019. L'Algérie importe en moyenne 350.000 tonnes de poudre de lait, annuellement, dont près de 50% sont importées par l'Onil qui les redistribuait, à son tour, aux laiteries sous forme de quotas subventionnés, pour produire du lait pasteurisé conditionné en sachets vendu au prix administré de 25 DA le litre.