Le sordide dans lequel s'embourbe insidieusement la prestigieuse rue Melinnette, longeant les six localités côtières dépendantes du chef-lieu de la daïra d'Aïn El-Turck, a fait réagir d'anciens riverains, qui ont vécu son époque faste. Nos interlocuteurs ont évoqué, douloureusement, avec un pincement au cœur, le temps où celle-ci était un lieu où s'épanouissait la badauderie après le crépuscule, notamment durant la saison estivale. « Hélas cette rue a été clochardisée, vandalisée et ruralisée de la manière la plus pitoyable » se sont indigné nos interlocuteurs avant d'ajouter, sur un ton sarcastique, « certes, près de deux années auparavant elle a été ciblée, après un peu plus d'un demi-siècle après l'indépendance, par une opération de réalisation de trottoirs, qui a touché ses deux-bas côtés, mais cependant cela s'est avéré insuffisant, face à son enlaidissement et sa dégradation, orchestrés allègrement par l'incivilité en étroite collaboration avec l'inculte, sous le parrainage du sordide et ce, à la faveur de l'absurde et insolente indifférence des uns et des autres ». En effet selon le constat établi par «Le Quotidien d'Oran», la chaussée, qui ressemble à s'y méprendre à un sentier de campagne, et la comparaison est encore faible, est longée par un grand nombre de bâtisses hideuses délabrées, dont les travaux de réalisation sont à l'arrêt depuis des lustres, ainsi que d'autres habitations et résidences, trônant lugubrement d'un côté comme dans l'autre, qui ont été érigées en violente contradiction avec les normes de l'architecture conforme aux critères d'une station balnéaire. Cette rue est, en plus, truffée de ralentisseurs érigés en béton et autres gros cordages à bateau au même titre que sa parallèle, la petite rue d'Oran. « L'incivilité, chaussée d'escarpins et portant des socquettes d'une blancheur douteuse, usées au talon, n'est pas allée du dos de la cuillère pour mettre la main à la pâte, dans ce massacre perpétré à ciel ouvert. Elle ne s'est donné aucune limite et n'a, au grand jamais, été rappelée à l'ordre. Cela fait mal au cœur d'assister à la dégradation de la rue Melinette, véritable pan de l'histoire de tout une contrée, sans pouvoir réagir, autrement, qu'à travers un nombre indéterminé de requêtes adressées aux responsables concernés, qui se sont succédé aux destinées de la municipalité d'Aïn El-Turck et ce, pour tenter d'attirer leur attention sur sa déperdition » a déploré, avec amertume et répulsion, un retraité, habitant la localité de Claire Fontaine, dont la plage est grignotée par la bidonvilisation et dont l'eau de mer est cruellement loin de refléter la clarté pour laquelle elle a été baptisée. Il importe de signaler que des riverains, vraisemblablement las d'attendre une hypothétique intervention des responsables concernés, n'ont pas hésité à redorer le blason du petit jardin de Bouisseville, qui longe partiellement la rue Melinette, et ce, avec l'aide financière offerte par des âmes charitables. Une insurrection de la bonté ayant fait le bonheur des familles et suscité la joie aux enfants, qui mérite amplement d'être signalée.