Le deuxième anniversaire du Hirak a été marqué, hier, par une mobilisation importante dans la capitale, mais aussi avec des manifestations un peu partout à travers le pays. Des marches et des rassemblements à Annaba, Sétif, Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Tlemcen, Oran, Skikda, Jijel ainsi que d'autres villes du pays. Pour nombre de manifestants, il ne s'agit pas d'un «évènement festif» mais d'une «manifestation populaire» pour exiger l'édification d'une Algérie nouvelle, celle promise par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Le retrait du clan Bouteflika n'a pas suffi à priori à désamorcer le mouvement populaire qui a, encore une fois, revendiqué, en ce 22 février, date du deuxième anniversaire du Hirak, un changement radical dans la gestion du pays, la lutte contre la corruption et surtout l'édification d'un Etat de droit et d'un Etat démocratique. Les premiers rassemblements ont commencé à se former dans plusieurs quartiers de la capitale, à Bab El Oued, d'un côté, à Belcourt et au 1er Mai, de l'autre, pour se retrouver au centre de la capitale en nombre impressionnant, notamment avec la rencontre des manifestants venus de la place Audin et Didouche Mourad. Les services de sécurité, mobilisés en force, ont tenté de bloquer l'accès aux manifestants arrivant de Bab El Oued à côté du siège de l'APN, exactement près du cinéma El Hillal (ex-le Triomphe), mais ils se sont retirés par la suite cédant le passage aux manifestants qui ont battu le pavé jusqu'à leur arrivée à la Grande Poste d'Alger. Des figures qu'on avait l'habitude de croiser pratiquement chaque mardi et vendredi, des membres de l'opposition qui réclamaient le changement étaient tous là, à l'exemple de Smaïl Lalmas, Karim Tabou, Mohsen Belabes, Ben Youcef Mellouk et Louiza Ighil Ahriz. Le Pr Salim Benkhedda a brandi une pancarte sur laquelle il a réclamé «une enquête approfondie» sur le décès de son frère Hassan Benkhedda, survenu le 1er mars 2019. Les manifestants ont réclamé la libération du reste des «détenus politiques» et des «détenus d'opinion» qui sont toujours en prison. Tout s'est passé dans le calme au début des manifestations, à l'exception de certaines interpellations signalées notamment par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) à Alger. Les membres du comité ont évoqué l'arrestation de Fethi Ghares (coordinateur du MDS) et Wahid Benhala (membre du bureau) à Alger (Didouche Mourad). A 15 heures, quelques escarmouches ont été enregistrées à Audin, au moment où certains manifestants ont tenté de briser le cordon sécuritaire mis en place, pour empêcher l'accès au boulevard menant vers la présidence. A noter que l'accès à Alger était difficile, notamment dans la matinée, où certains automobilistes ont dû passer des heures sur les routes menant vers le centre d'Alger, pour rejoindre leurs postes de travail. Pour rappel, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait décrété le 22 février de chaque année «Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie». A noter qu'un nombre important d'éléments de la protection civile et les secouristes du Croissant-Rouge ont été mobilisés pour la circonstance.